Etonnant parcours que The Offspring, le groupe californien interpelle quelque peu et incarne aujourd’hui certaines pratiques dans la musique mais pas que. Je précise d’entrée que j’ai ADORE ce groupe à la sortie de Smash découvert dès sa sortie et de mémoire le premier disque laser que j’ai acheté de mon plein gré. Je fais partie des fans de Ixnay On the Hombre et si lesAmericana et Conspiracy Of One m’ont moins enthousiasmé (surtout le premier), la nostalgie marche bien me concernant. En ce sens, je ne les ai jamais trouvés ringards conservant cet attachement à ses souvenirs d’adolescent. Pourtant le groupe était clairement passé de mode et si la vague neo-skate punk du début des années 2000 leur avait réussi, le reflux de cette dernière les avait emportés. Intéressant d’ailleurs de croiser leur parcours avec leurs contemporains de Green Day qui eux avait re-décroché la timbale avec American Idiot, album dont on a reparlé très récemment. Je me souviens d’un concert génialement régressif pour moi au Zénith de Paris à la fin des années 2000.
Sauf que, signe des temps, The Offspring s’est retrouvé placé très haut dans les affiches de grands festivals, dont notre Hellfest national. Une première fois juste avant (ou après ? j’ai un doute) Rammstein puis sur cette édition 2024 là encore très haut. Et le public fut au rendez-vous dont certaines générations qui n’étaient pas nés lors de la sortie de Smash. Et depuis, j’apprends que The Offspring a blindé Bercy en 2023 (cette chronique étant nappée d’une certaine nostalgie, l’ancienne appellation me semble adéquate). Et qu’une Défense Arena (35 000 personnes tout de même) est au programme fin 2025. Et sincèrement, vu que le groupe n’a rien sorti de bien fracassant depuis Conspiracy Of One (2000), cela étonne franchement. Pour tout dire, le show du dernier Hellfest était bon mais pas non plus mémorable (ce que le groupe n’a jamais été en live reconnaissons-le !), alors vraiment me voilà perplexe devant ce succès. La nostalgie, mot déjà trop employé sur cette missive, expliquerait cela ? Mouais, mais une partie du public n’ayant pas connu les 90’s, l’explication reste nécessaire mais non suffisante. Comment un groupe jugé ringard / désuet / d’une autre époque (rayez la mention inutile) peut-il devenir une telle machine de guerre quinze après en n’ayant rien proposé dans l’intervalle ? Non sérieusement, cela m’interpelle / m’interroge / me sidère un peu (rayez la mention inutile).
Bon faute de réponse, un petit mot sur Supercharged qui en plus a fonctionné commercialement. Déjà l’artwork qui reprend tout ce que je viens de décrire. On reprend celle - iconique - de Smash et on la modernise. Côté compos, c’est la même, The Fall Guy sonne comme The Kids Aren’t Alright (jusqu’aux chœurs), Make It All Right très Sum 41 périodes BO American Pie et The Offspring œuvre littéralement dans le fan-service. En fait, on retrouve ici la démarche, commercialement imparable, de fournir à ses fans ce qu’ils attendent, limite rejouer les grandes heures (Gone Away sur le précédent disque revisité version piano). On retrouve l’approche Star Wars / Avengers et plus généralement le système de franchise. L’innovation n’est pas de mise mais on joue la sécurité. Et ça marche (cf show la Défense Arena). C’est en cela que je trouve que cela rejoint certaines affres de notre époque avec cette absence de prise de risque et ce cynisme commercial. Je pourrais presque tenter un semblant de nuance avec la presque metal Come To Brazil où on retrouve la patte d’un Metallica mais avec un Bob Rock à la production, je retrouve mon point précédent celui-ci assurant aussi le fan-service quelque part.
Alors bien sûr, le disque s’écoute, la voix n’est plus aussi marquée mais Dexter reste un boss et assure le job (sa voix étant le marqueur du groupe). La production est correcte, sans être incroyable, et pour être transparent, aucun titre ne m’a plus botté que ça (Come To Brazil fonctionne plutôt pas mal pour le coup tout en restant éloignée des grands classiques du groupe). Aucune déception à l’horizon non plus, un vrai produit bien marketé, parfaitement calibré pour son public / ses consommateurs. The Offspring est de fait devenu une franchise hollywoodienne avec les défauts associés, cette dimension fan-service est un peu pénible mais outre le fait que le produit est de qualité correcte, le vrai sentiment de gêne associé est de constater que ça marche !