Le premier disque à sortir après un gros carton commercial est généralement un passage artistique compliqué pour un groupe. L’incroyable succès de Smash avait propulsé The Offspring parmi les formations qui comptent et les Californiens étaient attendus. Et ça partait mal avec un imbroglio avec leur label Epitaph, mythique label derrière quasiment toute la scène punk mélodique du début des 90’s. Alors que DexterHolland disait vouloir y rester malgré les appels du pied de nombreuses majors, le groupe se braqua lorsque Brett Gurewitz, fondateur d’Epitaph (et guitariste de Bad Religion) revendit Smash à une major exaspérant par là les membres de The Offspring. C’est finalement Columbia qui récupéra le groupe. C’est sous la houlette de Dave Jerden (Alice in Chains,Anthrax, Jane’s Addiction, Social Distortion) que le groupe entrait en studio à Burbank. On restait à la maison… ou pas loin.
Comme je disais, après un gros carton commercial, on fait simple, et la tentation de « répéter » le disque précédent est bien naturelle. Surtout lorsqu’un gros label traîne derrière… On retrouve donc une intro équivalente à celle de Smash avec un disclaimer lançant oralement les hostilités. Excellente idée, au demeurant. Le démarrage de The Meaning Of Life est grandiose, on retrouve un Offspring déchaîné et inspiré avec une bonne rythmique bien punk typique du genre, et des guitares tranchantes. On y ajoute les vocaux de Dexter et le tour est joué. Ça fonctionne à fond. Mais The Offspring varie bien le propos avec Mota un peu plus ambitieux et un Me & My Old Lady réussi avec un chant qu’on retrouvera par la suite (mais avec de moins bonnes compos, à mon avis). Avec quatorze pistes, le groupe était encore généreux. L’intermission à mi-album renvoie encore une fois à la formule générale de Smash sans que cela ne pose de soucis, au contraire.
Questions singles, All I Want fera lui aussi son bel effet avec là encore du grand Dexter dont la voix magique emporte la décision. C’est surtout Gone Away qui se remarque. Particulièrement heavy, ce morceau traite de la notion de deuil avec une gravité étonnante pour un groupe de punk rock californien, style plutôt enclin à une certaine légèreté. On retrouvera cette profondeur chez un Sum 41 les années avançant. L’expérience ayant amené ce thème chez Dexter est de s’être retrouvé au milieu d’une fusillade entre gangs ce qui, dans une certaine tradition américaine, l’a amené à voir le monde différemment. Plusieurs années après, fort d’une mélodie de grande valeur, le groupe en proposera des versions au piano plutôt sympas (et ils finiront par en enregistrer une version studio sur Let The Bad Times Roll).
Moins garage punk que Smash, Ixnay On The Hombre en reprenait la structure générale mais faisait déjà un premier pas vers une musique toujours plus commerciale. On était encore loin d’un Pretty Fly… mais la tendance était déjà là. L’esprit grunge et le fantôme de Kurt Cobain s’éloignaient (son corps fut retrouvé le jour de la sortie de Smash dans une étrange coïncidence). Reste un très bon album de punk rock mélodique, très sous-estimé à mon sens. Bien sûr, The Offspring n’est pas le groupe le plus puissant du monde mais a encore son rond de serviette au Hellfest. La doublette Smash – Ixnay On The Hombre reste un must des 90’s venant d’un groupe ma foi attachant.
Tracklist de Ixnay On The Hombre :
01. Disclaimer 02. The Meaning Of Life 03. Mota 04. Me & My Old Lady 05. Cool To Hate 06. Leave It Behind 07. Gone Away 08. I Choose 09. Intermission 10. All I Want 11. Way Down The Line 12. Don’t Pick It Up 13. Amazed 14. Change The World