En 1998, la France voit ses salles obscures bondées de spectateurs et autres curieux pour mirer Titanic, l’Equipe de France de foot fait péter ce fameux plafond de verre et gagne enfin la coupe du monde, et pour remettre l’église au centre du village, je rappelle que nous comptions toujours notre monnaie en francs. Pour les plus jeunes, un CD s’achetait en boutique et il fallait compter grosso modo entre 99 et 119 francs pour une nouveauté (oui ben je vous laisse faire la conversion !). Et pour en revenir au foot, et pour faire mal aux plus anciens dont je fais partie maintenant, c’est aussi l’année de naissance de Mbappé, donc pour certains 1998 c’est la préhistoire, pour moi c’était juste hier. Allez, j’arrête là la parenthèse footballistique pour ne pas ennuyer nos estimés lecteurs pas tous avides du ballon rond, et en plus ce n’est pas le sujet précis. Après cette introduction un peu flippante pour l’auteur de ces lignes qui se voit vieillir comme tout le monde, en 1998, c’est aussi la sortie dans les bacs d’Americana, le troisième album de The Offspring, au mois de novembre, et je m’en souviens comme si c’était hier. Si le groupe existe depuis 1984, c’est surtout en 1994 avecSmash et leur punk-skate-metal-grunge qui, telle une déferlante dans les cours de lycées (enfin pour moi le lycée à cette époque), nous met tous sur le cul avec ce son américain nouveau, puissant avec leurs deux singles Come Out And Play et Self Esteem. Et ainsi voir tous ces lycéens, guitare à la mains à essayer de rejouer les riffs de ces titres plus ou moins bien pour surtout essayer de plaire à la gente féminine. Le punk revient en force grâce à cet opus, un boulevard vers la gloire devant eux, et pourtant TheOffspring marque le pas avec Ixnay On The Hombreet on les imagine perdus définitivement pour le monde adolescent de l’époque qui zappe facilement un groupe. C’est sans compter sur la bande de Dexter Holland et Noodles, qui en 1998 donc, balance Americana dont le punk est légèrement aseptisé avec un côté plus joyeux et grand public. L’album se penche sur la société américaine, un sacré chantier dont j’espère que vous ne m’en voudrez pas de ne pas le développer ici, le sujet est vaste et complexe. La pochette de l’album est chelou et il faut un moment pour comprendre qu’on a TheOffspring là-dedans, mais une fois le CD dans le lecteur (oui on est toujours en 1998 et le vinyl est moribond), ça claque menu. Si l’album bourrine toujours autant avec ses sonorités punk ado US, il est porté par trois singles imparables. Pretty Fly (For A White Guy) est très marquée teenagers US, mais les guitares bien présentes en fil rouge de cette chanson en font de suite un hit en puissance.
The Kids Aren’t Alright reste dans la même verve que la précédente, on retrouve la patte The Offspring avec ce chant hurlé et ses guitares appuyées, et tout ce qu’il faut pour que là-aussi ça emporte les ados comme il faut (les ados et ceux qui comme moi ont un peu grandi et cirent les bancs d’autres établissements scolaires).
Et enfin Why Don’t You Get A Job est plus un pastiche pop porté par la voix de Dexter Holland. Un titre très léger, bien loin de ce que l’on attend du groupe, mais finalement un beau contre-pied.
Cette galette ne se cantonne pas à ses trois singles, elle regorge de tout ce que fait de mieux le groupe à cette période, c’est-à-dire un punk bourrin et rageur couplé à un côté pop mélodique, et ce savant mélange fonctionne à merveille. Pour l’anecdote de cet opus, notons la chanson cachée (très prisée des albums de cette époque) à la fin de Pay The Man où le groupe reprend Pretty Fly (For à White Guy) dans une version étonnante et à se tordre de rire. Americana sera l’album de la consécration pour TheOffspring (si tant est qu’elle ne leur soit pas encore tombée dessus) qui se vendra à plusieurs millions d’exemplaires, sera numéro un quasiment partout dans le monde, et le groupe trustera les radios et les têtes d’affiches des festivals de l’époque (dont le sulfureux Woodstock 99’). Finalement avec cet album je vois bien le duo Holland / Noodles nous dire sourire en coin « on est toujours là les gars ! Et on vient pour en découdre ! ». Ils auront raison puisqu’en 2024 ils sont toujours debout et arpentent encore les plus grandes scènes mondiales.
Tracklist d’Americana :
01. Welcome 02. Have You Ever 03. Staring At The Sun 04. Pretty Fly (For A White Guy) 05. The Kids Aren’t Alright 06. Feelings 07. She’s Got Issues 08. Walla Walla 09. The End Of The Line 10. No Brakes 11. Why Don’t You Get A Job 12. Americana 13. Pay The Man