Metal Up The Opéra II : "le Before"

Comme pour la première édition du Metal Up The Opéra un "Before" était organisé sur le parvis de l'opéra, comprenant des formations metal de genre différent provenant de la scène locale. 

Aliore

C’est avec Aliore qu'a débuté ce début d’après-midi, un projet post black metal porté avec conviction par Murmur au chant, Aeter (guitare), Dolor (basse) et Abaddon (batterie). Dans ce quatuor Aeter et Dolor ne me sont pas inconnus puisqu'ils sévissent depuis de nombreuses années sur les scènes régionales avec divers projets. Musicalement bien en place malgré les soucis de sono, porté par les textes en français et la voix de Murmur, le groupe arrive à nous embarquer dans leur univers sombre et mélancolique. Belle mise en bouche.

Kaagorah

Changement de groupe, c'est au tour de Kaagorah, un groupe de stoner assez intense qui s'approche du sludge. Il est composé de Matt Bankowski (basse et chant), Christophe Corda à la guitare et Romain Contenti à la batterie, tous les trois ayant participé à divers projets connus dans la région. Musicalement, le trio a su faire bouger le public qui commençait à se rassembler devant la scène, provoquant les premiers pogos. Kaagorah, qui commence à se faire un nom sur la scène locale, malgré quelques problèmes techniques liés au lieu, nous a offert une prestation très professionnelle qui a réchauffé une foule de plus en plus nombreuse. Bien que je connaisse les trois musiciens, c'était une première pour moi et ils m'ont vraiment régalé !

Deceates

Deceates, un groupe bien connu, arpente depuis des années les scènes locales et régionales. Bien que leur style soit différent, le quatuor poursuit sur la lancée de Kaagorah avec son Death Metal, alliant énergie et complexité, et enflammera le public. Fidèle à ses habitudes, Lucas, le bassiste et chanteur, a interagi avec la foule tout au long du concert, qui lui a répondu en enchaînant pogos et circle pits sous le regard étonné des passants.  Lucas est ses compères: Franky à la batterie, et de Christophe et Cyril aux guitares, ont offert une démonstration impressionnante d’énergie brute qui a électrisé le public et fait monter une chaleur intense sur le parvis de l’opéra.

Soul Splitter

N'ayant pas assisté à l'intégralité de leur prestation, je serai bref concernant le set de Soul Splitter, mené par Charley, leur chanteur, une figure du metalcore local. Leur style n'est pas vraiment ce que je préfère, mais pour les quelques morceaux entendus, il faut reconnaître que le groupe cannois a su maintenir le niveau d'énergie des formations précédentes et que Charley a confirmé sa réputation de frontman ! 

Comme mentionné plus haut, je ne verrai pas la fin de leur prestation ni celle de Merakaazan, un projet électro-acoustique centré sur la contrebasse, car il est temps d'entrer dans l'opéra pour assister à cette deuxième édition du Metal Up The Opéra.

Metal Up The Opéra II

L’Opéra se remplit doucement, jusqu’à atteindre le  sold-out. Il aura fallu patienter trois longues années pour que cet événement unique ait enfin droit à une suite. Et quelle suite ! Pour marquer l’ouverture de cette nouvelle édition, David Benaroche d’Imago Production, Bertrand Rossi le directeur de l’Opéra et Marc Concas adjoint municipal délégué à l'opéra montent sur scène pour déclarer ensemble l’ouverture officielle de la saison lyrique… et celle de Metal Up The Opéra II.

Une alliance symbolique entre culture classique et puissance métallique. Dans ce décor somptueux, aux dorures éclatantes et aux balcons majestueux, le contraste est saisissant : les cuirs, les t-shirts noirs et les chevelures déchaînées prennent place dans les fauteuils rouges, prêts à vivre une soirée hors du commun. C’est donc dans ce cadre magnifique que nous allons vivre un moment qui s’annonce mémorable, portée par la qualité des groupes à l’affiche. Azelma, jeune formation au talent brut et prometteur, ouvrira les hostilités. Suivra Heart Attack, que l’on ne présente plus en France, et qui par son chanteur Kévin est en partie à l’origine de la venue exceptionnelle de Septicflesh monument du death symphonique, un véritable cadeau pour les fans.

Azelma

C’est Azelma, groupe talentueux et fer de lance de la nouvelle génération metal Made in P.A.C.A., qui a l’honneur d’ouvrir la soirée. Le combo commence à faire parler de lui grâce à la virtuosité de ses musiciens et à une énergie scénique redoutable : Tristan au chant, véritable bête de scène ; Romain à la guitare, machine à riffs ; Maelan à la batterie, métronome implacable. Arthur, le bassiste, est malheureusement absent pour cette date.

C’est donc en trio (chant, guitare, batterie) qu’Azelma investit ce magnifique écrin, prêt à faire monter la température comme à son habitude. Dès les premiers riffs de Swallowed by My Own Sins, le public est happé par la tornade Azelma, menée par un Tristan en pleine forme. Le groupe enchaîne cinq titres issus de son EP, avant de nous offrir Death Is Sworn, Immense Pain Was Caused et Desolation, trois brûlots inédits, pas encore disponibles en streaming, mais déjà monstrueux sur scène.

Le set s’achève en apothéose avec une version dantesque de Prométhée. Loin d’être intimidés par le lieu, Tristan, Maelan et Romain livrent une prestation de haut vol, fidèle à la réputation d’Azelma : celle d’un groupe de tueurs sur scène.

Heart Attack 

C’est le moment tant attendu : Heart Attack, artisan et instigateur de cette soirée exceptionnelle en collaboration avec Imago Production et l’Opéra, entre en scène. On ne présente plus ce groupe de thrash azuréen, désormais reconnu dans tout l’Hexagone pour ses coups d’éclat spectaculaires. Le dernier en date étant le tournage de leur single Defeat the Veil sur la tour Eiffel !

Après l’intro envoûtante Rituals, les quatre musiciens retirent leurs masques. Bien qu’ils ne soient pas en tête d’affiche ce soir, les Azuréens sont attendus avec autant d’impatience que Septicflesh. Le set débute avec Wings of Judgement, et comme en 2022, les danseurs Ginevra et Jérémy font leur apparition. Leur prestation, toujours aussi maîtrisée, est saluée par une ovation de tout l’Opéra.

L’ambiance déjà brûlante s’embrase avec Burn My Flesh, puis explose littéralement sur Defeat the Veil, le nouveau single devenu un véritable hit, notamment grâce à son clip tourné sur la tour Eiffel et à l’Observatoire de Nice. Sur scène, ce morceau est une véritable bombe. Pour les habitués du groupe, la setlist reste fidèle aux classiques : The Messenger et l’incontournable When the Light Dies Down font vibrer la salle.

Mais Heart Attack réserve une surprise : Refuse to Conform, un titre inédit jamais joué en live, enrichi par l’intervention d’une troupe de danseurs qui apporte une dimension visuelle et émotionnelle supplémentaire.

Le public, debout depuis un moment, applaudit à s’en brûler les mains cette performance intense et généreuse. Le show s’achève avec Fight to Overcome, suivi de Negative Sun, revisité dans une version dopée par la participation d’Audrey Dandeville, chanteuse lyrique, qui partage certains couplets avec Will. Ce morceau, déjà fort, trouve ici une seconde vie.

Encore une fois, Kevin, Chris, Will et désormais Antoine, qui a remplacé le guitariste présent lors de la première édition, nous ont bluffés par leur énergie, leur créativité et leur sincérité. Ce concert fut bien plus qu’une performance : une véritable célébration de la scène metal azuréenne.

Heart Attack a prouvé une fois de plus qu’il est bien plus qu’un groupe de thrash : c’est un moteur de la scène française, capable de fédérer, surprendre et émouvoir. Entre puissance brute et finesse artistique, leur passage à l’Opéra restera gravé comme un moment fort de cette édition. Une claque musicale et scénique, portée par une passion authentique et un sens du spectacle rare.

Septicflesh 

C’est au tour de Septicflesh de prendre possession de la scène. Bien que les ayant vus à de nombreuses reprises, leur prestation reste une expérience singulière, surtout dans un lieu aussi majestueux que l’Opéra de Nice, complet pour l’occasion. Le groupe grec a soigné son entrée avec un backdrop imposant sublimé par les lumières, accompagné de deux roll-ups gigantesques, tous conçus par Seth, qui, en plus de son rôle de chanteur et bassiste, est le maître d’œuvre de l’univers visuel du groupe.

Comme souvent, Seth capte tous les regards. Son charisme naturel et sa manière de galvaniser le public font de lui un showman redoutablement efficace. Du premier morceau The Collector au dernier Dark Art, ses interpellations « my friends » ou « Are you ready, my friends? »  résonnent dans les travées et les balcons, déclenchant une véritable euphorie. La setlist est pensée pour embraser l’enceinte. Malgré quelques mouvements en coulisse derrière les roll-ups, l’enchaînement de The Vampire from Nazareth, Hierophant, Pyramid God et Necromancer ne laisse aucun répit à l’audience, littéralement enflammée.

Les autres musiciens ne sont pas en reste. Krimh, derrière les fûts, impressionne par une technique bien plus subtile qu’il n’y paraît. Christos, loin de se contenter de faire virevolter ses dreadlocks, fait preuve d’une efficacité redoutable. Et Psychon, guitariste live fidèle au groupe depuis plus de dix ans, n’hésite pas à aller chercher le public, débordant d’énergie à chaque instant.

La suite du concert nous offre Portrait of a Headless Man et Martyr, extraits de l’album Codex Omega, qui font mouche, tout comme les classiques Virtues of the Beast et We, the Gods. L’ambiance est à son comble, Seth est littéralement vénéré par les premiers rangs. Le voyage se poursuit avec A Desert Throne, Communion et Anubis, dans une atmosphère toujours aussi envoûtante.

Le set se conclut dans une liesse générale avec Dark Art. Septicflesh, dans ce cadre exceptionnel, a livré une performance magistrale qui restera gravée dans les mémoires. Sous les ovations d’un public conquis, les Grecs quittent la scène en triomphe, prouvant une fois de plus que le metal peut résonner avec grandeur même dans les lieux les plus prestigieux. Entre orchestrations grandioses et riffs écrasants, Septicflesh a transformé l’Opéra en cathédrale du metal, dans une communion sonore et visuelle intense.

Ce Metal Up The Opéra II a tenu toutes ses promesses et bien plus encore. Dans l’écrin majestueux de l’Opéra, les performances se sont enchaînées avec une intensité rare, mêlant virtuosité musicale et puissance scénique. Le contraste entre la noblesse du lieu et la fureur du metal a créé une alchimie unique, offrant au public une expérience aussi élégante que sauvage.

Mais la fête avait commencé plus tôt : dès l’après-midi, le parvis de l’Opéra s’est animé avec une série de concerts gratuits portés par des groupes locaux. Dans une ambiance conviviale et électrique, ces formations ont su captiver les passants et les festivaliers, créant un véritable prélude à la soirée principale. Ce moment de partage a renforcé le lien entre la scène émergente et l’institution culturelle, tout en affirmant l’ancrage local de l’événement.

Un immense merci à David d’Imago Production pour sa vision et son engagement, au directeur de l’Opéra pour son audace, aux équipes techniques pour leur professionnalisme, aux bénévoles pour leur dévouement, et bien sûr aux artistes qui ont fait vibrer les murs et les cœurs. Metal Up The Opéra II n’est pas qu’un concert : c’est une déclaration d’amour au metal, à la culture, et à la communauté qui les fait vivre.

Espérons simplement qu’il ne faudra pas attendre encore trois ans pour vivre une nouvelle édition aussi intense !