Artiste/Groupe:

Therion

CD:

Leviathan

Date de sortie:

Janvier 2021

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Metal Symphonique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Therion, le (grand) retour... auquel je ne m’attendais plus trop, je vous l’avoue d’entrée de jeu. Sans trop m’étendre, je vais quand même préciser deux trois petites choses et notamment qu’après Gothic Kabbalah (2007) je n’ai plus été très conquis par ce que Therion a pu produire. Sitra Ahra, tout en étant de bonne facture, m’avait déjà moins impressionné que son prédécesseur ou des sorties plus anciennes (les excellents Secret Of The Runes, Lemuria ou Sirius B)... et je ne parle même pas des classiques Theli et Vovin qui m’avaient permis de découvrir le groupe dans la seconde moitié des 90s. Puis il y eut Les Fleurs Du Mal, l’album de reprises yéyé, une drôle de surprise qu’on aime ou pas mais qu’il est difficile de considérer comme un véritable album de Therion. Le coup de grâce, la vraie déception en ce qui me concerne, fut assené en 2018 avec l’indigeste opéra Beloved Antichrist. C’est à ce moment-là que je me suis dit que Christofer Johnsson avait perdu sa faculté à écrire des titres magnifiques, percutants et accrocheurs. Et voilà qu’en ce début 2021, Leviathan vient me prouver qu’il n’en est rien.

Déjà, quand la chanson titre fut dévoilée en novembre dernier, je me suis dit que ça sentait bon. Un retour aux fondamentaux, un style heavy symphonique proche de ce que le groupe faisait il y a une petite vingtaine d’années. Pas bouleversant mais accrocheur et rassurant. Deuxième bonne nouvelle un mois plus tard avec le single Die Wellen Der Zeit, une sorte de ballade folk épique, assez inédite pour le groupe, qui prouvait que Johnsson et ses sbires n’avaient pas juste décidé de faire dans le rétropédalage certes rassurant mais peut-être un peu facile. Et maintenant que l’album entier est arrivé, c’est l’heure de la confirmation. Oui, Leviathan est bon. Sacrément bon même. 

Qui dit Therion dit richesse. Richesse stylistique avec bon nombre d’influences et mélodies empruntées à différents pays. Variété des arrangements aussi sans oublier les nombreux intervenants mobilisés pour l’occasion (la liste est loin d’être brève). Ainsi, on trouve des compos au style pas si éloigné du power metal comme The Leaf On The Oak Of Far (avec son riff heavy, son tempo enlevé, son accroche immédiate, une voix féminine un peu trafiquée sur le couplet - franchement, ça pourrait être le début d’une chanson de Battle Beast - et un refrain beaucoup plus opératique avec chœurs et orchestrations) ou Great Marquis Of Hell, une petite speederie aux relents Hammerfalliens (vous n’entendez pas la mélodie de Glory To The Brave dans le refrain ?). Mais il y a aussi des morceaux plus posés, très mélodiques également et qui incorporent des influences plus "pop" (l’excellente Tuonela avec ses violons et Marco Hietala invité à pousser la chansonnette), des titres plus symphoniques et épiques (la magnifique Nocturnal Light avec son refrain incroyable à la chorale qui file des frissons), des clins d’œil au passé qui caresseront les vieux fans dans le sens du poil (Azi Dahaka au tempo bien véloce et aux mélodies orientales qui en font une sorte de cousine éloignée de Wine Of Aluqah sur Vovin)... A propos de passé, on est ravi de retrouver Snowy Shaw, mais comme batteur cette fois, sur une bonne moitié de morceaux, ainsi que Mats Levén venu donner de la voix sur la heavy Psalm Of Retribution. L’excellente Lori Lewis est également de la partie (quelle chanteuse !), Thomas Vikström répond présent aussi (il est le chanteur principal ici)... et de nouvelles vocalistes extrêmement talentueuses apportent leur contribution à l’ensemble. Et si vous aimez les voyages, vous serez servis car vous trouverez des chansons en anglais, allemand (Die Wellen Der Zeit), espagnol (El Primer Sol)... Quand je vous disais que Leviathan était riche... Un dernier mot : l’aventure s’achève sur un morceau calme aux mélodies très soignées et envoûtantes, Ten Courts Of Diyu, juste superbe.

Leviathan n’est peut-être pas le meilleur (plus novateur, surprenant ou ambitieux) Therion de tous les temps. Laissons-nous le temps de voir, avec du recul, quelle place il occupera dans la féconde discographie de ses créateurs. Mais ce qui est sûr (et réjouissant) c’est que ce nouveau cru marque le retour d’une efficacité qui semblait perdue depuis une bonne dizaine d’années. Le but avoué par Johnsson était clair : concevoir ce premier Leviathan (oui, deux autres volets sont en préparation et le second épisode, plus "dark", d’après les intéressés, devrait sortir en 2022) comme une compilation de "hits" et en cela, le pari est honoré. L’ensemble est varié, riche, bien produit et divertissant (quand il n’est pas très beau... rah, ce refrain sur Nocturnal Light), tout passe très bien sans jamais provoquer l’ennui. Un come-back réussi (certains affirmeront que le groupe n’a jamais disparu ou faibli, chacun voit midi à sa porte) et une belle façon de commencer 2021. Ça fait plaisir !

Tracklist de Leviathan :

01. The Leaf On The Oak Of Far
02. Tuonela
03. Leviathan
04. Die Wellen der Zeit
05. Azi Dahaka
06. Eye Of Algol
07. Nocturnal Light
08. Great Marquis Of Hell
09. Psalm Of Retribution
10. El Primer Sol
11. Ten Courts Of Diyu

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