Skid Row : un groupe à la carrière
compliquée. A chaque fois que l’on croit que les Américains sont de retour,
qu’ils ont retrouvé une certaine stabilité, que la régularité va
réapparaître dans les productions... quelque chose foire et on attend patiemment. Depuis la
sortie du deuxième EP issu de la série United World
Rebellion (en août 2014), à part des concerts et des changements de vocalistes, il
ne s’est pas passé grand-chose. UWR: Chapter Three n’a jamais vu le jour.
Solinger (qui remplaçait Sebastian Bach depuis 1999) s’est fait remercier,
Tony Harnell est venu puis reparti, ZP Theart aussi...
Bach a fait (à plusieurs reprises) de l’appel du pied à ses
ex-collègues, essuyant refus sur refus... et toujours aucun EP ou album en vue. Mais ça,
c’était avant que Skid Row n’annonce son grand retour prévu
après l’été 2022 avec un nouveau disque et, surtout, un frontman tout beau
tout neuf en la personne d’Erik Grönwall (ex-H.E.A.T.). La dernière fois que ces messieurs ont sorti un
véritable album (et non un EP), c’était en 2006. Avouez qu’avec Skid
Row, le terme "patience" prend tout son sens...
Skid Row est donc enfin de retour. Il est bel et bien
là. D’ailleurs, c’est écrit sur la pochette : The Gang’s All
Here. Pas que sur la pochette d’ailleurs, une chanson s’appelle Not Dead Yet
et une autre s’intitule Resurrected. Message bien reçu, messieurs. Les premiers
extraits, livrés avec régularité depuis mai dernier, nous ont donné un bon
avant goût de l’album : stylistiquement, le groupe joue la continuité totale avec Skid Row et Slave To The Grind. A tel point que l’on se dit que The
Gang’s All Here est le disque qui aurait pu (ou dû) voir le jour à la place de
Subhuman Race (qui n’est tout de même pas si mal) au beau milieu des 90s. Et si
vous aviez peur que les titres dispensés jusqu’ici ne soient qu’une vitrine
alléchante laissant place à un reste d’album différent et de qualité
moindre, rassurez-vous, il n’en est rien. Tout le disque est de cet acabit.
Dès Hell Or High Water, j’ai le sourire. Riff bien
puissant, section rythmique solide, voix qui déménage, refrain aux chœurs
galvanisants... on croirait retrouver le Skid Row des débuts.
Grönwall n’a pas exactement la gouaille de Bach mais il
s’en rapproche sacrément et s’impose de suite comme le choix idéal
(certainement le meilleur fait par le groupe depuis le renvoi de Sebastian) pour lui
succéder. La paire Dave Sabo/Scotti Hill balance un solo (ou duo plutôt)
bien épicé... Le groupe, boosté par l’arrivée de sang neuf
(Erik a trente-quatre ans, le trio fondateur n’est pas bien loin de la
soixantaine), semble régénéré. L’entêtant The Gang’s
All Here que vous connaissez probablement maintenant ne fait pas retomber le soufflé... Et
histoire d’enfoncer le clou, Not Dead Yet, accélère le tempo et vous
balance un hard percutant en moins de trois minutes chrono ! Le gang a donc de l’énergie
à revendre, il n’y aura d’ailleurs qu’une seule ballade (October’s
Song) au menu. Son hard reste bien heavy (ce qui le distinguait déjà des autres
formations de Hard US à l’époque) et peut même se faire pesant le temps
d’un Time Bomb qui devrait faire des ravages sur scène. La cure de jouvence bat
son plein avec When The Lights Come On dont le groove (avec la basse de Bolan
en avant) renvoie au Piece Of Me de 1989. Les pistes se succèdent sans temps mort, les
refrains fédérateurs taillés pour le live s’accumulent, la qualité est
homogène.
Alors, on crie au génie ? Peut-être pas non plus.
Skid Row applique une recette éprouvée (et donne ce que beaucoup
attendent de lui), il le fait bien mais tout cela n’a pas forcément la brillance (et
surtout pas l’effet de surprise) des premières heures. Par contre, indéniablement,
c’est super sympa... et du coup, le groupe s’en vient rejoindre la liste des "institutions"
du metal qui ont pu régulièrement décevoir pendant pas mal d’années
mais qui, en 2022, sortent un très bon album comme on en n’avait pas entendu de leur part
depuis longtemps (je pense en particulier aux derniers Scorpions, Megadeth, Blind Guardian ou Ozzy Osbourne).
Démarche sincère ou dictée par l’envie de
renouer avec le succès ? On pourra toujours dire que la prise de risque est minime (voire
inexistante), que tout cela sent la facilité... Peut-être mais le résultat est
là : l’album est bon. Très bon, même. L’énergie, les gros riffs,
la voix (impressionnante) de Grönwall, les tempos entraînants et les
mélodies fédératrices... tout y est. Rien de bien neuf certes, c’est un
retour dans le passé mais produit avec soin, globalement très bien fichu et
sacrément efficace. Sans vouloir être condescendant, pour Skid Row (qui,
depuis trente ans, ne s’était jamais vraiment montré à la hauteur de ses deux
premiers disques), c’est déjà bien... voire beaucoup. Et sur scène, ça
va donner quoi ? Réponse le 16 novembre prochain à L’Empreinte de Savigny-le-Temple
!
Tracklist de The Gang’s
All Here :
01. Hell Or High Water 02. The Gang’s All
Here 03. Not Dead Yet 04. Time Bomb 05.
Resurrected 06. Nowhere Fast 07. When The Lights Come On 08.
Tear It Down 09. October’s Song 10. World’s On Fire