L’album étant dédié à Taylor
Hawkins, j’en profite pour dédier cette chronique au même
Taylor.
Aaaah Ozzy! Ouais, juste Ozzy, que ton prénom, ton
surnom, d’ailleurs, parce que eh, pas de ça entre nous, j’ai presque
l’impression de te connaître, finalement, depuis le temps que t’es là et que tu
règnes. Tu n’es rien de moins que le chanteur du groupe le plus important de toute
l’histoire de notre belle musique (à égalité avec Judas Priest, point de vue importance), le premier vrai chanteur
de Metal, avant tous les autres. La classe.
Et en solo, on en parle ? Tes deux chefs d’œuvre avec le grand
Randy Rhoads, les deux suivants très 80’s et finalement ces deux
pépites avec Zakk Wylde ! T’as de quoi être fier, mon pote ! Sans
parler de ton statut d’icône absolue de la musique, des légendes urbaines à
ton sujet et de ta vie complètement cinglée (euphémisme absolu)... J’invite
d’ailleurs, non, j’ordonne à tous mes amis lecteurs de lire ton autobiographie, qui
est à se faire dessus de rire, tant tu en as vécu, des conneries et tant tu les racontes
bien avec, malgré la légende que tu es, une humilité admirable. Bref,
Ozzy, je t’adore.
Alors bon, évidemment, depuis Ozzmosis, c’est vrai
que tu nous frustres un peu. Entre Down to Earth, le nullissime album de reprises et les trois
derniers albums en date, qui vont du catastrophique au soporifique, t’as eu du mal à nous
régaler... Reste un joli retour avec les copains de Black Sabbath, pour sortir un ultime album chouettos et finir votre histoire à la hauteur de votre
légende. M’enfin, malgré ça, je n’étais pas très
optimiste concernant cette nouvelle sortie. En plus, ces dernières années, t’as pas
eu de bol avec tes problèmes de santé, on a cru te perdre une fois ou deux. Donc sortir ce
Patient Number 9 si peu de temps après Ordinary Man, c’était pas bon signe.
C’est sous une pochette relativement sobre, pour toi, que tu nous
proposes ta nouvelle cargaison (à noter qu’il existe une chouette pochette alternative
signée Todd McFarlane, bien connu des amateurs de comics). Treize titres, plus
d’une heure de musique, je sais déjà que ce sera un poil trop... Et du sacré
beau monde avec toi : Chad Smith et Taylor Hawkins derrière les
fûts, Robert Trujillo à la basse et aux guitares... Oh bon sang, all
aboard : Jeff Beck, Zakk Wylde, Eric Clapton,
Tony Iommi... Pas mal ! T’avais même, d’après tes dires,
invité monsieur Jimmy Page, qui n’a malheureusement pas répondu.
Ah, c’est sûr, ça a plus de gueule qu’Elton John et un rappeur
à deux francs sur l’album précédent !
Et ils ont bien fait de venir, tes petits potes, parce qu’ils ont
pondu un bon petit disque. Pas un excellent disque, pas un grand disque, juste un bon petit disque.
Mais, finalement, rien que ça, c’est déjà énorme. Honnêtement,
je n’avais pas autant apprécié un de tes disques depuis Ozzmosis, donc
depuis pas loin de trente ans, le dernier Black Sabbath ne comptant évidemment
pas, sinon c’est de la triche. La prod est aussi massive que sur l’album
précédent, on remercie Andrew Watt, plutôt habitué à
la pop, d’habitude. Évacuons tout de suite le problème qui fâche : ça
fait déjà des années que tu bricoles tes albums à coups d’autotune et
autres machins pour trafiquer ta voix. D’aucun dirait que c’est une honte, que c’est
une arnaque. C’est un peu vrai. C’est à l’auditeur de voir si ça le
dérange ou pas. Personnellement oui. Mais c’est toi, Ozzy, donc je fais
une exception, même si ça peut être assez chiant sur certaines morceaux (Parasite
et A Thousand Shades par exemple).
Pour le reste, franchement, difficile d’être grincheux.
C’est pas parfait, on se serait bien passé de quelques morceaux comme le pas passionnant
Dead And Gone... ou Evil Shuffle qui rappelle les mauvais moments de
l’album précédent et qui est sauvé in extremis par Zakk qui
nous tricote un bon gros shred à la fin. Tiens, parlons-en, de m’sieur
Wylde : sur les quatre morceaux où il apparaît, on a quand même deux
de mes titres préférés du disque : le très pop et tubesque Parasite
et la feinte-fausse-ballade qu’est Mr. Darkness. Pas mal. Jeff
Beck, de son côté, bosse sur le morceau-titre, premier single vraiment cool et
signe avant-coureur que l’album avait la possibilité d’être au moins
écoutable. Il nous offre aussi A Thousand Shades, une ballade bourrée de belle
gratte (faut dire que vu le gars, le contraire aurait été presque scandaleux).
Cela dit, pour ceux qui préfèrent le Ozzy
des 80’s, il faut plutôt lorgner du côté de Immortal, qui
fait secouer la tête avec un petit refrain bien sympa. Et pour ceux qui veulent du rock à
peine hard à l’ancienne, c’est One Of Those Days qu’il faut
écouter, Clapton fait des merveilles. Petite surprise à la fin avec
Darkside Blues, un blues - sans blague ? - un peu poisseux qui nous rappelle le Bring It
OnHome de Led Zep, sans l’explosion finale, mais avec un peu
d’harmonica.
Transition toute trouvée pour parler de mon titre
préféré de l’album, le formidable Degradation Rules, sur lequel
Tony Iommi s’invite et nous régale. Gros riffs, harmonica, ambiance
à la Sabbath : tout pour me plaire ! Très bon aussi : No Escape
From Now, l’autre morceau sur lequel Sir Iommi joue, avec son
ambiance très Planet Caravan avant un gros changement d’ambiance au break,
toujours très Sabbath, donc. Vraiment un plaisir de voir l’inventeur
du riff Metal venir gratter ses cordes ici.
Tu l’as bien vu, Ozzy, je l’ai vraiment
aimé, ton disque. Une petite heure, c’est un peu long, c’est vrai. Mais ça va,
ça passe, parce que l’album a une sacrée force : sa variété ! Les
morceaux se suivent et ne se ressemblent pas trop, on est toujours surpris et toujours content de
découvrir de nouvelles choses. Bon, de toute façon, vu le personnel que t’avais
à disposition, c’eût été dommage. De fait, mon Ozzy,
je l’ai acheté, ton disque. Avec la pochette alternative, tiens, tant qu’à
faire. Il est maintenant collé à Ozzmosis, derrière lequel j’avoue
avoir longtemps pensé qu’il n’y aurait rien d’autre estampillé de ton
nom. Merci de m’avoir fait mentir, sacré toi ! Sacrée 2022, d’ailleurs : parce
qu’entre Scorpions, Megadeth et maintenant toi, ils auront été nombreux,
ceux qui m’ont impressionné avec leur meilleur album depuis un bail !
Alors Ozzy, notre si cher Ozzy,
évidemment on espère. On flippe, bien sûr. Après tout, la semaine où
j’écris ces lignes, c’est Sa Majesté Elisabeth IIqui nous a
quittés. Si elle nous quitte, alors tout le monde est en sursis. On espère, donc. On
espère de tout notre cœur que ce chouette album ne sera pas ton dernier. Ce serait une
jolie fin, hein, je ne le nie pas. Mais vu ta vie, vu ton œuvre, vu ce que tu es,
j’espère sincèrement que tu partiras comme tu as vécu : en légende.
Et, bien sûr, j’espère que tu partiras le plus tard possible. Parce qu’une fois
que tu ne seras plus là, il nous restera qui ?
Tracklist de Patient Number 9
:
01. Patient Number 9 (feat JeffBeck) 02. Immortal
(feat Mike McCready) 03. Parasite (feat Zakk
Wylde) 04. No Escape From Now (feat Tony
Iommi) 05. One of Those Days (feat Eric
Clapton) 06. A Thousand Shades (feat Jeff
Back) 07. Mr. Darkness (feat Zakk
Wylde) 08. Nothing Feels Right (feat Zakk
Wylde) 09. Evil Shuffle (feat Zakk
Wylde) 10. Degradation Rules (feat Tony
Iommi) 11. Dead And Gone 12. God Only Knows 13.
Darkside Blues