Artiste/Groupe:

Ozzy Osbourne

CD:

Patient Number 9

Date de sortie:

Septembre 2022

Label:

Epic

Style:

Prince of Darkness

Chroniqueur:

Bane

Note:

14.5/20

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L’album étant dédié à Taylor Hawkins, j’en profite pour dédier cette chronique au même Taylor.

Aaaah Ozzy ! Ouais, juste Ozzy, que ton prénom, ton surnom, d’ailleurs, parce que eh, pas de ça entre nous, j’ai presque l’impression de te connaître, finalement, depuis le temps que t’es là et que tu règnes. Tu n’es rien de moins que le chanteur du groupe le plus important de toute l’histoire de notre belle musique (à égalité avec Judas Priest, point de vue importance), le premier vrai chanteur de Metal, avant tous les autres. La classe.

Et en solo, on en parle ? Tes deux chefs d’œuvre avec le grand Randy Rhoads, les deux suivants très 80’s et finalement ces deux pépites avec Zakk Wylde ! T’as de quoi être fier, mon pote ! Sans parler de ton statut d’icône absolue de la musique, des légendes urbaines à ton sujet et de ta vie complètement cinglée (euphémisme absolu)... J’invite d’ailleurs, non, j’ordonne à tous mes amis lecteurs de lire ton autobiographie, qui est à se faire dessus de rire, tant tu en as vécu, des conneries et tant tu les racontes bien avec, malgré la légende que tu es, une humilité admirable. Bref, Ozzy, je t’adore.

Alors bon, évidemment, depuis Ozzmosis, c’est vrai que tu nous frustres un peu. Entre Down to Earth, le nullissime album de reprises et les trois derniers albums en date, qui vont du catastrophique au soporifique, t’as eu du mal à nous régaler... Reste un joli retour avec les copains de Black Sabbath, pour sortir un ultime album chouettos et finir votre histoire à la hauteur de votre légende. M’enfin, malgré ça, je n’étais pas très optimiste concernant cette nouvelle sortie. En plus, ces dernières années, t’as pas eu de bol avec tes problèmes de santé, on a cru te perdre une fois ou deux. Donc sortir ce Patient Number 9 si peu de temps après Ordinary Man, c’était pas bon signe.

C’est sous une pochette relativement sobre, pour toi, que tu nous proposes ta nouvelle cargaison (à noter qu’il existe une chouette pochette alternative signée Todd McFarlane, bien connu des amateurs de comics). Treize titres, plus d’une heure de musique, je sais déjà que ce sera un poil trop... Et du sacré beau monde avec toi : Chad Smith et Taylor Hawkins derrière les fûts, Robert Trujillo à la basse et aux guitares... Oh bon sang, all aboard : Jeff Beck, Zakk Wylde, Eric Clapton, Tony Iommi... Pas mal ! T’avais même, d’après tes dires, invité monsieur Jimmy Page, qui n’a malheureusement pas répondu. Ah, c’est sûr, ça a plus de gueule qu’Elton John et un rappeur à deux francs sur l’album précédent !

Et ils ont bien fait de venir, tes petits potes, parce qu’ils ont pondu un bon petit disque. Pas un excellent disque, pas un grand disque, juste un bon petit disque. Mais, finalement, rien que ça, c’est déjà énorme. Honnêtement, je n’avais pas autant apprécié un de tes disques depuis Ozzmosis, donc depuis pas loin de trente ans, le dernier Black Sabbath ne comptant évidemment pas, sinon c’est de la triche. La prod est aussi massive que sur l’album précédent, on remercie Andrew Watt, plutôt habitué à la pop, d’habitude. Évacuons tout de suite le problème qui fâche : ça fait déjà des années que tu bricoles tes albums à coups d’autotune et autres machins pour trafiquer ta voix. D’aucun dirait que c’est une honte, que c’est une arnaque. C’est un peu vrai. C’est à l’auditeur de voir si ça le dérange ou pas. Personnellement oui. Mais c’est toi, Ozzy, donc je fais une exception, même si ça peut être assez chiant sur certaines morceaux (Parasite et A Thousand Shades par exemple).

Pour le reste, franchement, difficile d’être grincheux. C’est pas parfait, on se serait bien passé de quelques morceaux comme le pas passionnant Dead And Gone... ou Evil Shuffle qui rappelle les mauvais moments de l’album précédent et qui est sauvé in extremis par Zakk qui nous tricote un bon gros shred à la fin. Tiens, parlons-en, de m’sieur Wylde : sur les quatre morceaux où il apparaît, on a quand même deux de mes titres préférés du disque : le très pop et tubesque Parasite et la feinte-fausse-ballade qu’est Mr. Darkness. Pas mal. Jeff Beck, de son côté, bosse sur le morceau-titre, premier single vraiment cool et signe avant-coureur que l’album avait la possibilité d’être au moins écoutable. Il nous offre aussi A Thousand Shades, une ballade bourrée de belle gratte (faut dire que vu le gars, le contraire aurait été presque scandaleux).

Cela dit, pour ceux qui préfèrent le Ozzy des 80’s, il faut plutôt lorgner du côté de Immortal, qui fait secouer la tête avec un petit refrain bien sympa. Et pour ceux qui veulent du rock à peine hard à l’ancienne, c’est One Of Those Days qu’il faut écouter, Clapton fait des merveilles. Petite surprise à la fin avec Darkside Blues, un blues - sans blague ? - un peu poisseux qui nous rappelle le Bring It On Home de Led Zep, sans l’explosion finale, mais avec un peu d’harmonica.

Transition toute trouvée pour parler de mon titre préféré de l’album, le formidable Degradation Rules, sur lequel Tony Iommi s’invite et nous régale. Gros riffs, harmonica, ambiance à la Sabbath : tout pour me plaire ! Très bon aussi : No Escape From Now, l’autre morceau sur lequel Sir Iommi joue, avec son ambiance très Planet Caravan avant un gros changement d’ambiance au break, toujours très Sabbath, donc. Vraiment un plaisir de voir l’inventeur du riff Metal venir gratter ses cordes ici.

Tu l’as bien vu, Ozzy, je l’ai vraiment aimé, ton disque. Une petite heure, c’est un peu long, c’est vrai. Mais ça va, ça passe, parce que l’album a une sacrée force : sa variété ! Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas trop, on est toujours surpris et toujours content de découvrir de nouvelles choses. Bon, de toute façon, vu le personnel que t’avais à disposition, c’eût été dommage. De fait, mon Ozzy, je l’ai acheté, ton disque. Avec la pochette alternative, tiens, tant qu’à faire. Il est maintenant collé à Ozzmosis, derrière lequel j’avoue avoir longtemps pensé qu’il n’y aurait rien d’autre estampillé de ton nom. Merci de m’avoir fait mentir, sacré toi ! Sacrée 2022, d’ailleurs : parce qu’entre Scorpions, Megadeth et maintenant toi, ils auront été nombreux, ceux qui m’ont impressionné avec leur meilleur album depuis un bail !

Alors Ozzy, notre si cher Ozzy, évidemment on espère. On flippe, bien sûr. Après tout, la semaine où j’écris ces lignes, c’est Sa Majesté Elisabeth II qui nous a quittés. Si elle nous quitte, alors tout le monde est en sursis. On espère, donc. On espère de tout notre cœur que ce chouette album ne sera pas ton dernier. Ce serait une jolie fin, hein, je ne le nie pas. Mais vu ta vie, vu ton œuvre, vu ce que tu es, j’espère sincèrement que tu partiras comme tu as vécu : en légende. Et, bien sûr, j’espère que tu partiras le plus tard possible. Parce qu’une fois que tu ne seras plus là, il nous restera qui ?

Tracklist de Patient Number 9 :

01. Patient Number 9 (feat Jeff Beck)
02. Immortal (feat Mike McCready)
03. Parasite (feat Zakk Wylde)
04. No Escape From Now (feat Tony Iommi)
05. One of Those Days (feat Eric Clapton)
06. A Thousand Shades (feat Jeff Back)
07. Mr. Darkness (feat Zakk Wylde)
08. Nothing Feels Right (feat Zakk Wylde)
09. Evil Shuffle (feat Zakk Wylde)
10. Degradation Rules (feat Tony Iommi)
11. Dead And Gone
12. God Only Knows
13. Darkside Blues

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