Artiste/Groupe:

Megadeth

CD:

The Sick, The Dying... And The Dead!

Date de sortie:

Septembre 2022

Label:

UMe

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Jamais auparavant le monde n’aura dû faire preuve d’autant de patience concernant la sortie d’un nouveau Megadeth. Oui, plus de six ans se sont écoulés entre Dystopia et The Sick, The Dying... And The Dead!. Ce seizième opus est d’autant plus attendu que Dystopia avait créé la surprise (prouvant qu’il était encore possible pour MegaDave de sortir des disques de qualité) et que ses premiers singles sont franchement alléchants. Si vous êtes fans (ou juste intéressés), vous avez écouté We’ll Be Back, Night Stalkers ou Soldier On! et vous avez pu remarquer que ça ne rigolait pas. Mustaine a la rage, les titres sont rapides et incisifs, les riffs nous renvoient au bon vieux et glorieux thrash des 80s, les solos sont classes... Bref, ces extraits montrent un groupe embrassant pleinement ses racines speed/thrash, prêt à nous livrer un metal mélodiquement inspiré et percutant. Mauvaise nouvelle : ces singles sont les meilleurs titres de l’album ! Voilà, c’est dit. Bonne nouvelle : rassurez-vous, le reste est quand même franchement pas mal. C’est l’heure de développer.

Mais avant, un petit mot concernant le line-up pour les éventuels non-renseignés que ça intéresserait. En plus de Mustaine, on retrouve pour la seconde fois Kiko Loureiro à la guitare et ça, c’est une très bonne nouvelle. Son jeu impeccable, déjà fort appréciable sur Dystopia, fait beaucoup de bien au groupe. A la batterie, pour la première fois (sur un album studio), Dirk Verbeuren, recrue de choix s’il en est (on se souvient encore de ses prouesses chez Soilwork). A la basse, point de David Ellefson (son éviction pour cause de comportement "embarrassant" sur la toile a suffisamment été médiatisée, pas la peine d’en rajouter) mais un certain Steve DiGiorgio au CV long comme deux bras (on ne le présente plus... je n’en ai pas le courage en tout cas). Bref, on appelle ça une dream team. On passe à l’album ? 

L’aventure démarre avec la chanson titre. Intro lugubre avec vent, cloche, une voix répétant "Bring out your dead!", une guitare au son clair dispensant une mélodie pas franchement rassurante... ambiance, ambiance. Et puis, la machine s’emballe, enfin pas comme sur les premiers singles non plus, le tempo est moins furieux, les guitares plus mélodiques... on se rapproche assez d’un titre comme Dystopia. Je m’attendais à une plus grosse claque d’entrée de jeu mais le morceau reste bon. En plus, il est changeant, une accalmie sombre par ci, une accélération finale ponctuée de petits solos habiles par là... cool. La montée en puissance sera progressive. On le sent avec Life In Hell qui montre déjà d’un cran sur l’échelle de la teigne. Du thrash direct, bien fait, pas trop alambiqué mais assez efficace malgré un petit manque de folie... Par contre, avec la compo suivante, la première division est atteinte. C’est Night Stalkers qui montre bien les dents. Le riff est belliqueux, le morceau fonce à cent à l’heure... les chevaux sont bel et bien lâchés. La voix de Mustaine sonne mieux et plus rageuse que sur le titre précédent (on ne se montrera pas trop sévère avec le chant, parfois plus grave et monotone qu’à l’accoutumée, on sait que le monsieur s’est récemment battu contre un cancer de la gorge... et qu’il n’a jamais été un grand vocaliste de toute façon). Il y a du joli break, du solo virtuose, une batterie qu’on a rarement entendu aussi véloce chez ce groupe... et ce riff principal, tellement thrash des années 80, qui s’incruste si facilement (et durablement) dans le cerveau. 

Les ambiances sont vraiment bien travaillées sur certaines compos... et c’est notamment le cas sur Dogs Of Chernobyl, un titre bien heavy dont l’intro, joliment développée (avec guitares sèches, clavier, dialogues en russe et bruits de compteur Geiger) sur une centaine de secondes, est assez classe. On est sur quelque chose de plus mélodique (avec un dernier tiers tout de même speed et teigneux) et c’est une des belles réussites de l’album. Je suis moins impressionné par les pistes suivantes (la sympathique et classique Sacrifice aux échanges guitaristiques virtuoses mais à l’intensité moindre, en comparaison de ce qui a précédé, l’enlevée et concise Junkie, pas mal non plus, mais au refrain un peu simpliste et pas très impactant, l’interlude Psychopathy d’une minute vingt porté par une batterie tribale) mais la machine repart de belle manière avec Killing Time dont les mélodies accrocheuses m’évoquent l’album Countdown To Extinction. Soldier On! fait plus fort avec une rythmique très entraînante (qui rappelle quand même beaucoup celle de Death From Within sur l’album précédent) et des solos - encore une fois - techniques et mélodiques à souhait, marque de fabrique incontestable du combo.

Retour de la rapidité (et d’un riff cool aux influences plus hard/heavy) avec Célebutante, un morceau remuant et catchy qui fait bien secouer la tête. On revient à une atmosphère travaillée, spatiale cette fois-ci, sur l’intro de Mission To Mars qui rappelle la période plus heavy mélodique du Megadeth des années 92-97. Après tout cela, il s’agit de ne pas se louper sur le final et ça tombe bien car il tombe sous forme de promesse/menace intitulée We’ll Be Back, premier single révélé il y a un peu plus de deux mois, celui-là même qui nous a donné le sourire, avec son super riff et sa hargne propre au Thrash originel. 

Indéniablement, c’est un retour réussi pour Mustaine et sa bande. Les classiques légendaires sont hors d’atteinte, les habitudes pas trop bousculées, mais ce seizième album fait partie des plus efficaces (avec Endgame et Dystopia) que Megadeth ait produit depuis plus de deux décennies. Il confirme la bonne direction de 2016 en incluant quelques morceaux encore plus hargneux et percutants cette fois-ci. Belle victoire pour Mustaine : plus "sick", encore moins "dying"... et artistiquement clairement pas "dead". 

Tracklist de The Sick, The Dying... And The Dead! :

01. The Sick, The Dying... And The Dead!
02. Life In Hell
03. Night Stalkers
04. Dogs Of Chernobyl
05. Sacrifice
06. Junkie
07. Psychopathy
08. Killing Time
09. Soldier On!
10. Célebutante
11. Mission To Mars
12. We’ll Be Back

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