Liquid Tension Experiment, c’est l’archétype du groupe culte de la
fin des 90’s. Un line-up complètement fou avec Mike Portnoy, John
Petrucci (binôme qu’on ne présente plus) et Jordan Ruddess
(qui n’avait pas encore intégré Dream Theater lors de la parution des deux premiers disques) et
Tony Levin, bassiste au CV hallucinant passé par Peter Gabriel et
autre King Crimson. Quatre phénomènes auteurs de deux premiers disques
instrumentaux complètement fous, hyper techniques et devenus cultissimes. Ces deux premiers
disques furent aussi proposés alors que Dream Theater était alors
dans une situation pas évidente, car après un démarrage de carrière
impressionnant, le groupe était en plein doute avec un Falling Into Infinity décrié où le groupe fit une tentative
maladroite de devenir plus commercial. Récréation, donc, pour nos phénomènes
(en plus de celle avecTransatlantic, Mike Portnoy étant clairement
dans tous les bons coups à l’époque). L’intégration de Jordan
Ruddess au sein de DT fit perdre son sens à cette formation vu que
les trois quarts de l’entité évoluaient dès lors au sein de la même
formation non sans au passage participer au monumental Metropolis Part II : Scenes From A Memory,
référence majeure de DT.
Le destin a voulu qu’une décennie plus tard, Mike Portnoy quitta
DT pour tenter sa chance avec Avenged Sevenfold (suite au décès
du batteur de la formation) mais les membres de A7X ne donnèrent pas suite
à son dépannage (a priori jugeant Mike Portnoy trop établi et
voulant trop prendre le leadership du groupe, comportement cohérent chez un Mike Portnoy
qu’on sait leader dans l’âme). Le batteur tenta de revenir dans DT
mais le recrutement de son successeur déjà acté, le groupe laissa la porte
fermée laissant notre génial batteur sur la touche. La suite, on la connaît,
Mike Portnoy enchaîna les projets parallèles (trop nombreux pour
être cités là encore) et les relations entre Portnoy et ses anciens
comparses furent coupées net, chacun suivant son chemin.
Mais, bonne nouvelle (il en faut bien un peu tout de même en ces années de crise
sanitaire), on apprit il y a peu que les deux anciens co-leaders de DT avaient
renoué contact (Portnoy enregistrant les parties de batterie de l’album
solo de John Petrucci) et les espoirs les plus fous des fans des premiers
LTE étaient réactivés. Un nouvel album allait être mis en
route et là, gros bonheur en perspective vu le talent ici présent. Sauf que c’est
bien sympa de se prendre à rêver mais le risque de « décevoir » de
telles attentes est réel. Bon, vu les références des garçons, le risque est
très relatif mais dire de DT qu’il a perdu un peu de sa superbe
(malgré un bon dernier disque) ne me semble pas excessif et les
différents projets de Mike Portnoy ne sont pas tous, à mon sens,
d’un niveau fantastique. Me voilà vite rassuré, ce LTE 3 est une pure bombe
et même pour moi le meilleur de LTE. J’y vais fort, c’est vrai, mais
je le pense vraiment. Ce LTE 3 déchire. Une production déjà que je trouve
supérieure aux précédents disques avec un son incroyable, très propre,
très clair. Le groupe dispose aussi de plus de moyens et d’une plus grande
expérience des musiciens. La grande nouvelle, c’est ici la forme olympique de John
Petrucci. C’est bien simple, le guitariste régale tout du long entre riffs de
guitare tranchants, solos de guitares émotionnelles impériaux (Beating The Odds,
Shades Of Hope) et autres passages plus atmosphériques (Rhapsody In Blue avec
ce passage planant digne du Count Of Tuscany). Il rayonne tout du long sur chaque titre et
c’est impressionnant. Oh, la section rythmique n’est pas en rade, ce qui ne sera une
surprise pour personne, tantôt hyper dynamique (ce Hypersonic qui porte bien son nom avec
son final échevelé), tantôt plus groovy. Jordan Ruddess effectue un
super job aux claviers même si je le trouve un chouilla moins présent que son comparse
à la guitare. Les musiciens sont d’un tel niveau qu’ils se paient le luxe de
reprendre du Gerschwin (Rhapsody In Blue) et cela passe crème. Difficile de ne pas se
répéter concernant ces musiciens, mais quel talent !
Les musiciens disent avoir pris énormément de plaisir à se retrouver, à de
nouveau bosser ensemble et cela se ressent. L’instrumental reste un exercice périlleux
s’il en est et le résultat est varié, enthousiasmant et bourré de bonnes
idées. Bien longtemps pour tout dire que les projets et groupes respectifs des garçons
m’enthousiasmaient moins, mais entre le dernier Transatlantic et ce LTE
3, je m’y retrouve complètement devant une telle débauche de talent. Quel
plaisir, quel bonheur que ce disque très lumineux offert par un carré d’as ! Quand
en plus, on se dit que la dernière fois que LTE a sorti un disque,
DT a pondu Scenes From A Memory dans la foulée, on se dit que cela peut
laisser augurer de grandes choses, surtout avec un John Petrucci dans un tel
état de forme. Impérial.
Tracklist de LTE 3 :
01.
Hypersonic 02. Beating The Odds 03. Liquid Evolution 04. The
Passage Of Time 05. Chris & Kevin’s Amazing Odyssey 06. Rhapsody
In Blue 07. Shades Of Hope 08. Key To The Imagination