Artiste/Groupe:

Annihilator

CD:

Metal II

Date de sortie:

Février 2022

Label:

earMUSIC

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Voilà un disque qui a bien failli ne pas être chroniqué. J’aime beaucoup Jeff Waters et son "groupe" Annihilator. Malgré une carrière en dents de scie, je suis resté assez fan pendant trois décennies... Mais quand j’ai entendu parler de ce projet consistant à réenregistrer l’album Metal (loin d’être son meilleur, à mon humble avis) avec Stu Block (ex-Iced Earth, Into Eternity) au chant et Dave Lombardo (qu’on ne présente plus, je ne le présente donc pas) à la batterie, j’ai immédiatement ressenti un grand scepticisme. Tout cela sentait fort la fausse bonne idée. Les réenregistrements d’album, ça donne quand même régulièrement des sorties pas brillantes (n’est-ce pas Manowar ?). Et pourtant, Metal II m’a agréablement surpris. Pourquoi donc ? Les explications arrivent.

Déjà, par rapport à la plupart des autres réenregistrements, la situation est différente. D’habitude, un groupe sent le besoin de remettre au goût du jour un vieux classique mais là, comme dit plus haut, Metal n’est pas un classique. C’est un album qui a un peu déçu (pas tout le monde, il a ses fans, bien entendu) et notamment son propre géniteur, Waters ne retrouvant pas totalement dans le produit fini ses intentions de départ. Alors qu’a fait ce dernier ? Il a repris les bandes d’origine, a envoyé tout cela à Stu Block pour qu’il les réinterprète à sa sauce, même chose pour Lombardo qui a réenregistré toutes les parties de batteries... Il n’a pas retouché ses pistes de guitare, ni les solos des nombreux invités ayant participé à l’aventure à l’époque (pour rappel, il y avait du beau monde : Jeff Loomis, Alexi Laiho, Corey Beaulieu, Michael Amott, Jesper Strömblad entre autres...). En plus de cela, la tracklist a été remaniée : ordre de pistes différent, Operation Annihilation a disparu (bande égarée, paraît-il) et deux reprises sont venues s’ajouter (Heavy Metal Maniac d’Exciter... qui était la bonus track de l’édition japonaise et Romeo Delight de Van Halen que Waters et ses musiciens avaient déjà repris sur l’album Annihilator de 2010). Pour finir, le mixage a été confié au Canadien Mike Fraser, pas n’importe qui (allez jeter un œil à ses faits d’armes sur le net si vous ne me croyez pas) et l’album remasterisé par Maor Applebaum. Et alors ? Eh bien oui, c’est indiscutable : c’est mieux ! J’étais parti pour en avoir pas grand-chose à faire et le mépriser gentiment mais, pas la peine de jouer la mauvaise foi, Metal II passe mieux que sa première version. De là à dire qu’il est devenu excellent... non, n’exagérons pas. 

Déjà, en démarrant avec Chasing The High et Downright Dominate, Metal II bénéficie d’un départ beaucoup plus costaud et thrash que celui de la version 2007 (qui commençait avec Clown Parade et Couple Suicide, deux compos réussies mais plus sages). On ressent de suite la plus-value apportée par cette nouvelle sortie. J’aime Dave Padden mais ses vocaux sonnaient parfois un peu lisses ou plats (surtout dans les parties moins agressives) et sur Metal plus que sur d’autres disques auxquels il avait participé. Là, Stu Block s’approprie les morceaux et y apporte un peu plus de folie, de versatilité et de conviction. Pour ce qui est du jeu de Lombardo, c’est plus compliqué. Mike Mangini était excellent, je ne suis pas sûr que Lombardo soit "objectivement" meilleur mais, ce qui est sûr, c’est que son jeu et sa batterie sonnent moins mécaniques ou robotiques mais plus organiques. Et c’est là qu’il convient de parler du mix de Mike Fraser. Au début, j’ai été un peu déçu, je m’attendais à quelque chose de plus propre et percutant. La première fois que j’ai entendu la nouvelle version de Downright Dominate (premier extrait livré par le label), j’ai trouvé qu’il y avait presque un côté "démo" qui me dérangeait un peu... Mais, en fait, après réécoute du Metal de 2007, je préfère largement le cru 2022. Certes, c’est un peu foutraque, la batterie pourrait mieux sonner, mais l’ensemble est plus rugueux et "sale"... il a davantage de niaque ! A part ça, les compos qui étaient déjà bonnes à l’époque le sont restées, je pense à la rock’n’roll Couple Suicide et à la thrashy Haunted. Les deux reprises sont énergiques et offrent un milieu d’album fun. Comme dit plus haut, Operation Annihilation a disparu. Certains la regretteront mais elle ne me manque pas trop, j’ai toujours trouvé qu’elle clonait trop Set The World On Fire (en moins bien). Sinon Detonation ressemble toujours autant au Children Of The Grave de Black Sabbath... et Clown Parade (reléguée à la neuvième place) n’est pas débarrassée de son côté King Of The Kill 2.0, mais comme c’est une bonne compo et que le rendu est plus pêchu qu’en 2007, on ne va pas se plaindre. 

Au final, j’ai passé un bon moment à l’écoute de ce Metal II. J’ai redécouvert un album que j’avais peut-être un peu trop vite mis de côté en 2007, notamment parce qu’il arrivait après un Schizo Deluxe qui m’avait autrement plus séduit. Déçu à l’époque, je l’apprécie davantage aujourd’hui, notamment grâce à ce regain d’énergie apporté par ce nouveau mix et les vocaux plus concernés de Stu Block. L’album n’est pas totalement transformé, il garde quelques imperfections, Annihilator a sorti des disques plus remarquables que celui-ci... mais il est indéniable que cette nouvelle version en fait un disque globalement plus fougueux et séduisant. Ce n’était pas gagné... bien joué, Mr. Waters.
 

Tracklist de Metal II :

01. Chasing The High
02. Downright Dominate
03. Army Of One
04. Couple Suicide
05. Heavy Metal Maniac
06. Haunted
07. Romeo Delight
08. Detonation
09. Clown Parade
10. Smothered
11. Kicked

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