Groupe:

Eluveitie + Amorphis + Dark Tranquillity + Nailed To Obscurity

Date:

15 Novembre 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Plateau de rêve ce soir au Bikini, un des plus incroyables de ce si doux automne 2022 qui, sur le plan musical aura été un régal absolu avec une densité de live jamais vue. Le rattrapage post-crise sanitaire a bien eu lieu et pour les chanceux qui ont pu en profiter, ce fut une orgie de shows de très grande qualité. Et ce soir, c’est encore du très lourd au programme.

Nailed To Obscurity 

Comme pour la co-affiche Arch Enemy Behemoth, je vais radoter en pestant sur ces plateaux de quatre groupes, certes de haute qualité mais devant démarrer très (trop) tôt. A 18h30, le Bikini n’affiche pas encore la grosse affluence et c’est devant un parterre bien dégarni que l’introduction du concert de Nailed To Obscurity se lance. Gros décalage d’entrée avec un titre de Journey très typé 80’s avec la légèreté qui va avec suivi de l’arrivée du groupe délivrant un metal à tendance doom qui plairait beaucoup aux fans de Katatonia. Portée par un binôme de guitaristes inspirés (les lignes mélodiques de la guitare lead sont splendides), la musique des Allemands passe très bien. Le longiligne chanteur assure un chant bien placé, puissant et en ligne avec les compos bien sombres de Nailed To Obscurity qui porte bien son nom. La salle se remplissant, le groupe se taille un joli succès d’estime auprès d’un public intéressé  et réceptif. Si les intervalles entre les titres sont un chouilla longs, les compos font mouche avec un superbe finish en guitares harmonisées. En trente minutes d’un show marqué par une très belle musicalité, Nailed To Obscurity parvient à convaincre et réussit à exister sur une affiche de haut niveau. Pas une moindre performance. Un bon groupe qui mérite qu’on s’y intéresse. 

Setlist de Nailed To Obscurity :

Black Frost
Protean
Liquid Mourning
Clouded Frame
Desolate Ruin
 
 
 
Depuis l’été 2022, c’est la troisième fois que je retrouve Mickael Stanne sur scène. Pas que je m’en plaigne (au contraire !!) mais le garçon est sur tous les fronts. Il est vrai qu’il y a eu la tournée avec The Halo Effect, projet qui m’a beaucoup emballé musicalement avec en bonus leur show en ouverture des ébouriffants Machine Head et de festifs Amon Amarth. Un régal et un des moments forts de cet automne 2022. Quelle classe au passage d’avoir un tel groupe en « ouverture » d’une telle tournée par ailleurs déjà énorme. La dernière fois que j’avais vu Dark Tranquillity en salle fut un souvenir quelque peu embrumé par la « faute » d’un jeune alternant qui en afterwork (oui je sais, pas très Metal comme concept !) m’avait enchaîné à l’excellente (mais à consommer avec modération) Cuvée des Trolls ! De fait, le show des Suédois dans une Machine du Moulin Rouge en fusion fut compliqué pour moi. Session de rattrapage donc et grand plaisir tant le show de Dark Tranquillity a régalé. Un Mickael Stanne en très grande forme, dynamique, avec toujours ce « charisme radieux » (je cite la jolie formule de la chanteuse d’Aephanemer) avec ce sourire permanent et cette voix si géniale, si marquante. LA voix du death mélo Göteborg, incontestablement ! Très bon communicant aussi avec, fait notable, cet écho dans le son du micro rempli de réverb typique de son chant. Profitant de cette tournée sans pression pour piocher dans leur riche répertoire, DT la joue die-hard fan-service et se fait plaisir aussi. Le plus récent Atoma au registre presque Paradise Lost période One Second passe à merveille comme les plus anciennes compos bien enlevées. Avec un Christopher Amott également en grande forme et inspiré, le style du groupe irradie de grandes envolées mélodiques bien assises sur une force de frappe impeccable. Il y a bien quelques très légers soucis de son dans le final mais la sono tient et c’est heureux. Trois quarts d’heure qui passent comme en un instant avec un groupe vieillissant à merveille et hautement qualitatif ! Un concert formidable.
 
 

Setlist de Dark Tranquillity :

Identical To None
Terminus (Where Death Is Most Alive)
What Only You Know
Atoma
Cathode Ray Sunshine 
The Dark Unbroken
Hours Passed In Exile
Phantom Days
Misery's Crown
 
 
Déjà enthousiasmé par ce début de soirée, voilà que débarque un groupe que j’attendais de voir depuis un bon moment et que j’avais manqué à regret lors du dernier Summer Breeze. Les Finlandais d’Amorphis investissent une scène désormais complètement utilisée. Co-tête d’affiche, c’est donc un show d’une heure dix que nous avons et cela me va très bien, moi qui m’en voulais de ne pas les avoir vus live lors de la tournée du génial Queen Of Time. Et même d’être passé à côté de ce disque lors de sa sortie, un des must de la décennie 2010 selon moi. Depuis, le nouvel effort Halo est passé par là et m’a pour ma part convaincu malgré une seconde moitié de disque moins percutante. Avec quatre extraits, c’est forcément ce dernier disque non encore défendu sur scène qui est mis en valeur ce soir. Northwards et On The Dark Waters lancent donc les hostilités et ça démarre très fort. D’emblée, ça claque du gros refrain qui fait mouche et enthousiasme une foule conquise. Tomi Joutsen chante à merveille, aussi à l’aise en growl qu’en chant clair ce qui est remarquable même si cela nécessite une concentration plus importante et de fait un jeu de scène plus restrictif.
En ce sens, quelques points cependant me semblent à relever les concernant. Le groupe est très statique sur scène et, pour tout dire, anti-spectaculaire. Seul le bassiste Olli-Pekka Laine avec son look très Izzy Stradlin période Appetite arpente un peu la scène mais cela reste léger. Esa Holopainen est encore plus placide ne décrochant quasiment pas un sourire du show et adopte une gestuelle minimaliste. Des vrais mecs venus du grand Nord, taciturnes et placides ! Aussi, la seconde guitare de Tomi Koivusaari gagnerait à être plus puissante, plus véloce. Pour autant, qu’il n’y ait point de malentendu dans mes propos, la musique d’Amorphis est géniale, d’une immense qualité et excellemment interprétée. Juste, c’est la musique qui s’exprime ici et moins le show scénique pur et je pourrai comprendre qu’un non-fan de leur musique puisse ne pas adhérer à leur show. Pour ma part, je me suis régalé, le rendu est impérial, majestueux avec des mélodies d’une qualité inouïe. Si je le trouve peu expressif physiquement, je trouve qu’Esa Holopainen irradie de classe et d’élégance avec son jeu impeccable de fluidité. Une autre forme de charisme avec ce garçon. Positionné devant lui, je me délecte de son jeu. Un sacré guitariste que voici, très bien mis en valeur par la mise en son générale. Les extraits de Queen Of Time sont une tuerie avec un Wrong Direction enthousiasmant et The Bee magistral qui lance un rappel haut de gamme avec House Of Sleep concluant un show remarquable. 
Très attendu par votre serviteur, Amorphis m’a totalement enthousiasmé et j’ai adoré leur show. Reste qu’avec une tenue de scène un peu légère et des mélodies parfois bien sucrées, Amorphis peut ne pas convenir à tout le monde. Clairement pas très spectaculaire mais avec une interprétation très haut de gamme, Amorphis assure avec une musicalité exemplaire. Je suis rentré avec une envie folle de me réécouter Queen Of Time et Halo. Un très grand show d’un groupe qui ne l’est pas moins.

 

Setlist de Amorphis :

Northwards
On The Dark Waters
Death Of A King
Silver Bride
Into Hiding
Wrong Direction
The Moon
Seven Roads Come Together
Black Winter Day
My Kantele
The Bee
House Of Sleep
 
 
 
Quelle soirée, décidément ! Et la horde gauloise venue de Suisse n’a pas encore pointé le bout de son museau. Déjà, le très beau backdrop d’Eluveitie se remarque avec une superbe illustration bien typique de leur univers, en mode peinture. Splendide et très réussi. J’ai longtemps eu une plaisanterie avec des amis sur le rapport d’Eluveitie avec une météo pluvieuse. A chaque fois en festival, ce furent des trombes d’eau qui ont accompagné leur show. Ce soir ne manque pas avec une petite pluie n’empêchant cependant pas de profiter du toujours aussi agréable extérieur de la salle du Bikini. Les musiciens débarquent et comme toujours, j’ai ce sentiment de « mais comment parviennent-il à faire fonctionner et sonoriser tout ça ? ». Neuf musiciens, ça prend de la place (coucou Slipknot, pas toujours clean sur le plan sonore) et surtout il y a toujours autant d’instruments (sans doute trop, au passage, l’apport de la harpe m’échappant quelque peu). Mais ça le fait, on comprend tout et ce « bordel organisé » fonctionne super bien. 'Sont doués, ces Suisses !! Bien organisés surtout et, non, ce n’est pas juste un cliché ! Les déplacements sont maîtrisés, chorégraphiés et bien gérés, chacun se plaçant judicieusement (même s’il m’a semblé que l’excellent guitariste s’était fait repositionner gentiment à quelques reprises par des musiciens solidaires). Je retrouve aussi le déroulé live classique des Suisses démarrant pied au plancher sur des compos plus pêchues avant de rebasculer sur des dynamiques plus folkloriques le show avançant. Toujours très présent, l’incontesté leader Chrigel Glanzmann maîtrise sa scène impeccablement, ne cessant de remercier le public de sa présence et son soutien ce qui a quelque chose de touchant. Il semble sincère, le bougre. Il laisse aussi pas mal de place à sa horde, partiellement renouvelée me semble-t-il avec une nouvelle violoniste en mode mini format mais maxi énergie. On trouve aussi une nouvelle musicienne à la vielle à roue après le départ (en bons termes) de Michalina Malisz. L’efficacité d’Eluveitie n’a rien perdu dans l’histoire, c’est toujours autant en place. Ah, ça doit bien bosser du côté de Winterthur dans la plaine Suisse !
Celle qui impressionne toujours autant, c’est Fabienne Erni. Sa facilité et sa rapidité à se glisser dans les habits d’Anna Murphy (géniale performeuse elle aussi) avait déjà bluffé tant le défi était relevé. Elle est toujours aussi incroyable, dégageant une puissance impressionnante tenant le choc face au tourbillon sonore proposé musicalement. Quelle présence, quel charisme ! Aussi à l’aise sur la très folk Epona que sur les plus pêchues Breathe, Deathwalker. Impériale ! Définitivement la très bonne pioche. Surtout, on sent que les compos du dernier Ategnatos furent pensées pour elle et ont offert à Eluveitie un nouvel élan artistique, plus catchy mais qui leur sied à merveille et ne sont pas pour rien dans le succès du groupe.
Le public suit, déchaîné. Sincèrement, voir un circle-pit (que je décrirai comme folk, sautillant à souhait) pendant Breathe puis plus décalé encore un wall of death sur Call Of The Mountains (comme de coutume chanté dans la langue de Molière) m’a paru incongru mais très sympa. Excellente ambiance, festive, positive. Il m’a même semblé voir un sourire étonné lors de ce wall of death chez la vocaliste. Un rappel classique, efficace pour un final endiablé d’un excellent show, très bien maîtrisé.
 
Au final, une soirée magique avec des shows excellents, très qualitatifs et des groupes au top et contents de retrouver les routes. Du grand art !!
 
P.S. Belle surprise en quittant la salle avec Marion et Martin d’Aephanemer venus distribuer des flyers pour leur show à venir sur Toulouse début janvier (suivi d’une tournée française que je me permets de chaudement recommander). Rendez-vous au Metronum à Toulouse le 13 janvier pour lancer l’année Metal 2023 en beauté.
 
 
 

Setlist de Eluveitie :

Exile Of The Gods
Nil
Deathwalker
Epona
Anu
A Rose For Epona
Thousanfold
Ambiramus
Drum Solo
King
Breathe
L'Appel Des Montagnes
Rappel :
Aidus
Ategnatos
Inis Mona

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