Groupe:

Machine Head + Amon Amarth + The Halo Effect

Date:

12 Octobre 2022

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

ced12

Soir de gala sur Paris avec une impressionnante affiche et un paquet de pointures / légendes sur scène dans un Zénith en trop petite configuration à mon goût pour un tel événement métallique. Est-ce la profusion de concerts proposés en cet automne 2022 purement délirant en terme d'offre ? Arch Enemy et Behemoth (je n'oublie pas Carcass !) étaient de passage il y a peu dans un format de remplissage à peu près identique. Parkway Drive avait quasiment fait le plein, nouvelle preuve de la dynamique de ces derniers. Et aussi d'un registre "metalcore" qui connaît enfin une consécration sur scène. Nous arrivons tout juste à l'heure avec l'ami Blast alors que les lumières viennent de s’éteindre et que la clameur du début de show se fait entendre. Nous sommes bien motivés par cette bien belle soirée qui s'annonce dans un Paris à la météo des plus agréables. 

The Halo Effect 

Rentrer dans la salle quasiment au même moment que Mickael Stanne monte sur scène c'est le top. C'est que la sécurité fait du zèle et il faut un billet "fosse" pour accéder à la ... fosse. Rien d'illogique en soi mais le placement libre a ma préférence. Sans compter le mini embouteillage créé dès lors que les lumières sont éteintes. Un peu de pragmatisme ne ferait pas de mal sachant qu’en plus, les contrôles cesseront assez vite en cours de soirée. Ceci étant dit, merci à celui qui n'a pas checké ma place alors que je tenais quatre bières, j’ai apprécié l’élégance du geste. 

The Halo Effect c'est LE supergroupe 2022 qui enthousiasme avec des anciens membres d'In Flames se faisant ouvertement plaisir dans un registre régressif. Première remarque de Blast : Le son est très bon pour une première partie ce qui, on le sait, n'est pas si fréquent. Demandez aux fans de Lorna Shore qui apparemment n'avait pas eu cette chance. Il y aura bien quelques problèmes de micro lors du dernier titre sur la géniale Shadowminds pour Stanne mais avec de tels pros sur scène, la situation a été bien gérée. Deuxième remarque : pas de Strömblad sur scène. Stanne lors de la rituelle présentation des musiciens a présenté son remplaçant qui n'est autre que Patrik Jensen, guitariste des excellents The Haunted. On reste en famille et le nom de Göteborg sera cité et consacré. Nous sommes dans la célébration de cette scène qui a tant marqué mais dans une approche « moment présent » qui rend la démarche très saine.

En trente minutes, le groupe joue forcément de son seul album et le rendu est juste excellent. De plus, reprendre du In Flames aurait été trop « téléphoné » et aurait aussi pu créer des maladresses alors qu’il n’est absolument pas question de cela avec The Halo EffectGateways présentée comme la première compo réalisée avec cette réunion fait un carton avec ce mid-tempo bien inquiétant et super réussi. The Needless End et sa ligne mélodique incroyable marque aussi les esprits. Quant à Shadowminds, même avec ce problème de micro, le titre est juste génial. Mickael Stanne chante toujours aussi bien avec cette voix si typique. Présence scénique impériale, show au goût de bien trop peu, The Halo Effect a assuré. Bien sûr, les Suédois ne réinventent pas la roue, n'offrent rien de novateur mais là n'est pas l'envie, pas l'idée, derrière ce projet qui renvoie des ondes très positives et une "simplicité" plaisante dans l'approche. Pour ma part je suis vraiment fan et leur album sera dans mon top 2022 à l'aise. 

Setlist de The Halo Effect :

01. Days Of The Lost
02. The Needless End
03. Gateways
04. Feel What I Believe
05. Conditional
06. Shadowminds

 

Amon Amarth

En fonction des pays, l'ordre de passage entre les deux co-tête d'affiche semble fluctuer. Amon Amarth a eu les honneurs de conclure les shows lors des dates scandinaves (logique !) mais à Paris, haut lieu pour Machine Head, ce sont les Suédois qui dégainent les premiers. Le raid viking peut donc commencer. On espère simplement que dans leur velléité de conquête, ils ne soient pas en quête d'essence car les pauvres n'iraient pas bien loin en cet été indien de pénurie ! Masquée derrière un immense rideau, les Suédois attaquent par un Guardians Of Asgaard méchamment heavy. Le son est "kolossal", le groupe hyper en place et Johan Hegg prend d'emblée possession de la scène. Lors de leur dernière tournée (avec Arch Enemy et Hypocrisy), nous avions déjà constaté que le groupe avait encore passé un cap sur scène en terme de scénographie et pas des moindres. On retrouve le même show avec cette batterie surélevée sur une décoration représentant un casque de viking faisant toujours un super effet, les grandes statues de guerriers, les combats de figurants sur scène, des backdrops très classieux, la pyrotechnie qui accompagne bien, l'affrontement final avec le serpent vraiment géant (combat bien moins kitch que par le passé), Amon Amarth est désormais très en place sur ses prestations scéniques et le rendu est impérial. 

Amon Amarth se donne les moyens de ses ambitions mais n'en oublie pas la musique. C'est impressionnant de puissance. Vocalement, Hegg en impose toujours avec sa grosse voix en plus de sa bonhommie naturelle. Il a l'air vraiment sympa ce gars. Les grands titres s'enchainent à la perfection : Deceiver Of The Gods et son intro bien épique, The Pursuit Of Viking et son riff brise-nuque jusqu'au final Twilight Of The Thunder God et son démarrage dément avec ce cri si jouissif et ce refrain tellement martial. Entre temps, le groupe aura bu à notre santé (la merveilleusement heavy Raise Your Horns), nous aura rappelé nos premières fois (First Kill et son démarrage incroyable de vélocité), aura fait ramer (littéralement) la fosse dans un grand moment de communion. Une amie m'a au passage fait remarquer l'étonnante connexion entre cette séquence du "public qui rame" et le Paquito cher au peuple basque (et indispensable à toute soirée digne de ce nom !). A croire que dans leur grande traversée, ne se contentant pas de la seule Amérique, les Vikings avaient dû faire quelques escales au pays du piment d'Espelette (il s'agit là d'une pure spéculation théorique de l'auteur de ces lignes). 

Pour jouer le rabat-joie de service, j'aurais bien pris un petit As Loke Falls mais Amon Amarth a désormais une telle discographie à disposition qu'il faut bien faire des choix. J'ai aussi trouvé que les titres du dernier album passaient un chouilla moins bien que les plus anciens ce qui ne me fait pas honneur car cela commence à sonner comme un vieux c.. adepte du « c’était mieux avant », ce qui n’est vraiment pas le cas, loin de là. Si je trouve le groupe moins percutant en studio depuis l'excellent Jomsviking, que leur musique ressemble de plus en plus à du Maiden survitaminé, il n'en reste pas moins que sur scène, l'élévation de la qualité proposée est admirable, surtout que le groupe partait déjà d'un point très haut.  

Le raid terminé, les Vikings peuvent s'en retourner dans leur drakkar après avoir enthousiasmé une foule très participative où il a régné une excellente ambiance festive. S'ils voulaient faire peur, c'est raté (dédicace Asterix et les Normands) : le public est heureux, déjà sur les rotules, et s'estt pris une bonne grosse baffe. Tout ce qu'un concert doit être à mon sens avec une atmosphère fun, une énergie débordante, un groupe hyper en place, des musiciens souriants, heureux d'être là. Jouissif ! Un groupe admirable.

Setlist de Amon Amarth :

01. Guardians Of Asgaard
02. Raven's Flight
03. Deceiver Of The Gods
04. The Pursuit Of The Vikings
05. The Great Heathen Army
06. Heidrun
07. Put Your Back Into The Oar
08. Cry Of The Black Birds
09. The Way Of Vikings
10. First Kill
11. Shield Wall
12. Raise Your Horns
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13. Twilight Of The Thunder God

 

Machine Head

Question légitime : quels groupes oseraient passer après une telle déferlante ? Derrière ce show aussi abouti et fédérateur ? La question se veut rhétorique bien sûr et les fans de Robb Flynn ne sont pas spécialement inquiets. C’est qu’on parle de Machine Head, valeur très sûre, véritable pointure sur scène et surtout, on le sait, Robb Flynn a un excellent rapport avec la France. Et cette soirée sera une preuve de plus du lien très fort unissant ce groupe à notre pays. 

C'est la première fois que Blast les voit et intérieurement je souris en sachant qu'il va se prendre un sacré show ! De nouveau, un grand rideau masque la scène. Bien moins fracassante que celle d'Amon Amarth, le démarrage est un peu « léger ». Robb Flynn attaque en alpaguant le public. Le déclenchement de Become The Firestorm va rapidement remettre les choses au clair. Le son est monumental (Machine Head quoi !!) et ça va vite, très vite. Le groove / thrash des Américains (et moitié anglo-polonais désormais) fait encore des ravages sur un public qui va se régaler. Petite aparté rapide sur le son que certaines personnes ont trouvé un peu dégradé par moments. De ma position, devant sur la gauche, c'était nickel. Le Zénith reste une salle au son contesté, cela n'a a priori pas changé et c’est toujours aussi dommageable. 

Alors que Robb Flynn a abandonné ses formats de shows de trois heures, on pouvait se demander - sans grande inquiétude mais une réelle curiosité - comment il allait gérer sa setlist. Le résultat est très bien fichu, bien équilibré entre classiques immanquables et titres plus ambitieux brassant au final très bien les différents registres du combo. Cela va des écrasantes Ten Ton Hammer / Davidian à des Darkness Within / I Am In Hell (Sonata In C#) plus ambiancées. Si cette dernière met trop de temps à se lancer, quand ça démarre, c'est juste impressionnant. Techniquement, les musiciens sont des dingues. A la batterie, Matt Alston impressionne. Vraiment ! Il y avait un batteur à côté de nous et il était pantois d'admiration. Et il y a de quoi ! Précis, carré ! Respect total. Wacław "Vogg" Kiełtyka s'en sort comme un chef à la guitare et fait plus que donner le change à Robb Flynn, pas un manche on le sait. On saluera à ce sujet la guitare de Robb Flynn avec le portrait de Dark Vador qui n'a pas manqué de plaire aux fans de Star Wars. Et il y en avait (sourire complice).

Allez, abordons frontalement les petits points qui fâchent avec ce cher Robb Flynn. Que les fans se rassurent, je conclurai sur une note (très) positive mais il y a toujours ces quelques mauvaises habitudes chez le garçon. Est-ce là la marque des grands ? Voilà, Flynn est toujours un peu autocentré même si du positif a été remarqué sur ce point. Les discours interminables ? Là encore je suis partagé car l'écouter nous raconter quelques anecdotes historiques (le concernant bien sûr) en plaquant des accords sur sa guitare acoustique entre chaque phrase en mode ponctuation m'a franchement fait rire. Impossible de ne pas penser à Bernard Campan dans le sketch Ca Te Barbera !! Bon délire avec les amis sur le coup. Franche rigolade même. Et sympathique moment avec la jeune demoiselle derrière moi me disant "qu'il est bavard !!" mais avec une réelle affection / bienveillance dans le regard. Je passe aussi le moment très "Patrick Sébastien" de "on fait tourner les t-shirts". Cela dit, il devait faire bien chaud dans la fosse tant ça remuait. Mais je reviens un peu sur ce speech car encore une fois c'était trop long (comme ce paragraphe !) mais on y a entendu un Robb Flynn nous expliquer que c'était ce jour le trente-et-unième anniversaire de la création de Machine Head (à toutes fins utiles, c'était lors d'un concert de Metallica sur la Tournée du Black Album, un de ses « groupes préférés » et un de ses « disques préférés »). Qu'il garde aussi un grand souvenir de son premier show dans ce même Zénith en ouverture des géniaux Slayer. Preuve à l'appui, il nous plaque l'intro de South Of Heaven sur sa guitare acoustique ! 

Ce que j'ignorais c'est qu'avoir avoir fait sauter tout (ou presque) le Zénith sur un From This Day qui à lui seul réhabilite et justifie The Burning Red (pas un mince exploit), Machine Head allait nous offrir un enchainement juste hallucinant entre un Davidian toujours aussi dément avec ce final écrasant tout sur son passage et proposant toujours un des plus grands breaks du metal suivi de la reprise complète du South Of Heaven teasé auparavant ! Là Robb nous a atomisé !! Quel bonheur !! Un vrai chat ce Robb, toujours à retomber sur ses pattes. 

Halo fait toujours aussi bel effet (que le lecteur me pardonne, je ne pouvais l'éviter celle-là) avec ses somptueuses guitares harmonisées et achève un auditoire exsangue dans un Zénith quasiment intégralement debout. Alors oui, Robb Flynn reste égal à lui-même, avec ses défauts, mais ce type est un surdoué, entouré de zikos exceptionnels (constante de sa carrière). Et toujours ce sentiment de devoir suspendre son jugement face à cet artiste qui vous atomise à chaque show. Quelle soirée mes amis, quelle soirée ! Du très très lourd. Et ce génial sentiment en rentrant dans ses pénates de se sentir vivant ! Chapeau bas messieurs, la (pas si) vieille garde du Metal se porte encore à merveille. Et mention spéciale au public déchaîné dans une atmosphère hyper positive et un Zénith à bloc. 

Tracklist de Machine Head :

01. Become The Firestorm
02. Imperium
03. Ten Ton Hammer
04. I Am Hell (Sonata In C#)
05. Aesthetics Of Hate
06. Darkness Within
07. Now We Die
08. From This Day
09. Davidian
10. South Of Heaven
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11. Halo

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