Groupe:

Primal Fear + Brainstorm + Striker

Date:

10 Février 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Février 2016 : un mois vraisemblablement propice aux retours des aigles dans notre capitale. Il y a évidemment le show des Eagles Of Death Metal qui reviennent achever le concert si brutalement et tragiquement interrompu le 13 novembre dernier... mais il faut également compter sur d'autres "Eagles" (plutôt "of Heavy Metal, ceux-là) car Primal Fear est enfin revenu à Paris. Oui, enfin. Une éternité, c'est ce que les fans de Primal Fear ont attendu pour revoir Scheepers, Sinner et compagnie fouler les planches d'une salle parisienne. Il se peut que j'ai loupé quelque chose (il ne me semble pas, cela dit) mais si ma mémoire ne me fait pas défaut, la dernière fois que j'ai eu l'occasion de voir le groupe sur scène remonte à 2005 alors qu'il faisait la première partie de Helloween à l'Elysée Montmartre. A l'époque, Primal Fear était venu présenter son excellent Seven Seals. Enthousiasmé par l'album en question et la prestation impressionnante des Allemands, j'ai guetté leur retour... en vain. Un, deux, trois, quatre puis cinq albums plus tard, les revoilà enfin, au Divan du Monde et bien accompagnés en plus puisqu'un autre combo germanique, Brainstorm, et les jeunes Canadiens de Striker sont de la partie. Nous voilà donc embarqués, en ce 10 février, pour une soirée prometteuse placée sous le signe d'un heavy metal certes très traditionnel mais qui s'avère souvent redoutable d'efficacité en concert.

Ce soir, les hostilités commencent tôt. Encore plus tôt que prévu d'ailleurs... l'ouverture des portes était annoncée à 18h30, elle a en fait eu lieu avant et, à cette heure-là, Striker attaque déjà son set. Je loupe Crossroads et une bonne partie de Locked In (que j'entends quand même de loin pendant que je boucle une interview avec Ralf Scheepers de Primal Fear) et c'est sur Lethal Force que je profite enfin pleinement de la prestation des Canadiens. Les gars sont souriants et en forme. Le son n'est pas mauvais du tout pour une première partie.

Après la très bonne Lethal Force dont le refrain laisse percer des influences Judas Priestiennes, retour au speed metal plus thrashy avec All For One, extraite de l'avant dernier album City Of Gold.

Un petit changement a eu lieu depuis la venue de Striker chez nous en septembre 2014 (en première partie de Bullet) : le guitariste Chris Segger s'en est allé, laissant ainsi le combo sous forme de quatuor pour le nouvel album Stand In The Fire (chronique à venir très prochainement). Sur scène, ce sont cependant bien cinq musiciens que l'on retrouve. Un deuxième guitariste, crâne rasé lui aussi (entretenant ainsi une certaine continuité "physique" avec Segger), a été engagé pour la tournée et le bougre s'acquitte de sa tâche avec ardeur et dextérité. 

Pas le temps de souffler, Phoenix Lights et l'instrumentale Escape From Shred City déboulent pour présenter le nouvel album... et ce ne sont pas des ballades non plus, loin de là. Le groupe joue vite, bien et avec entrain. La bonne humeur étant communicative, il est bien reçu par le public parisien. Striker n'a pas toute la soirée devant lui et il enchaîne donc les titres percutants et efficaces sans traîner. Le tempo ne ralentit pas avec la bien nommée Full Speed Or No Speed, une compo véloce et old-school qui se charge de rappeler à notre bon souvenir l'existence du premier album Eyes In The Night. Out For Blood est extraite du nouvel opus et fait également dans le metal direct et enlevé... mais c'est sur un morceau plus mélodique et fédérateur que les Canadiens choisissent de terminer leur concert puisqu'il s'agit de Fight For Your Life (album Armed To The Teeth). Pas mon morceau préféré du groupe mais ça passe bien sur scène, d'autant plus que Dan Cleary (bien en voix, ce soir) invite la salle à participer en rallongeant le morceau d'un bon break en fin de parcours. 

Pendant quarante minutes, le groupe a bien occupé la scène et s'est montré très persuasif. Je dois avouer que les premières écoutes de leur tout nouvel album ne m'ont pas complètement convaincu mais que l'opus du moment soit plus ou moins bon n'a finalement pas vraiment d'importance... leur setlist pioche dans toute leur discographie et la musique de Striker passe très bien l'épreuve du live. Si à l'avenir, vous avez l'occasion de les voir près de chez vous, ne vous en privez pas... très bon moment garanti ! 

Setlist de Striker :

01. Crossroads
02. Locked In
03. Lethal Force
04. All For One
05. Phoenix Lights
06. Escape From Shred City
07. Full Speed Or No Speed
08. Out For Blood
09. Fight For Your Life

 

Brainstorm avait reçu un accueil hyper chaleureux lors de son précédent passage avec Alestorm en septembre 2014. Il faut dire que les tournées du groupe avaient contourné notre pays à de nombreuses reprises... On se retrouvait un peu dans le même cas de figure qu'avec Primal Fear ce soir, en fait. Si c'est un peu moins la folie en ce 10 février 2016, l'ambiance et la chaleur dans la salle sont plus que correctes quand le combo attaque son set armé de sa nouvelle chanson The World To See. Personnellement, j'ai juste bien aimé Scary Creatures, nouvel opus des Allemands... Il a beau être sympa, je n'arrive pas à m'enthousiasmer plus que cela... mais quand Brainstorm monte sur les planches, cela n'a plus grande importance. Déjà parce que le groupe est, comme à chaque fois que je les ai vus, hyper à l'aise sur scène et maîtrise l'art de la performance live divertissante à la perfection. Et aussi parce que (même si le constat ne sera fait qu'a posteriori) la setlist est top ! 

Sur The World To See, quelques petits couacs techniques nous empêchent de bien profiter de la performance du chanteur Andy B. Franck (ainsi que de l'une des deux guitares dont le son s'évanouit de temps en temps) mais tout finit par rentrer dans l'ordre et sur Firesoul, on s'en prend plein les oreilles. Cette chanson passe toujours aussi bien en live, c'est une excellente idée de l'avoir conserver dans la setlist. Pour rester dans la thématique du "fire" (oui, c'est très important le "fire" dans le metal) et dans la série des morceaux imparables qui font toujours leur petit effet en concert, la galvanisante Fire Walk With Me fait également partie des compos de Brainstorm que l'on prend plaisir à retrouver... et ça tombe bien car c'est celle-ci qui nous est servie sur un plateau en guise de troisième chanson ce soir. Imparable. En plus, comme c'était le cas avec Striker un peu plus tôt, les musiciens sont en forme et assurent. Leur force est certes plus tranquille, un peu moins fougueuse que celle des Canadiens (la moyenne d'âge des deux groupes n'est pas tout à fait la même non plus), mais elle reste indéniable. 

Les fans sont contents et accueillent Brainstorm avec la ferveur que le groupe mérite... mais il y en a un (de fan) qui le montre encore plus que les autres... Entre Fire Walk With Me et Highs Without Lows, alors qu'Andy B. Franck (toujours aussi charismatique, sympathique et en voix) essaye d'en placer une, le fan en question hurle son bonheur si fort et avec tellement d'insistance que le frontman peine à aller au bout de sa phrase, essaye quand même un peu et finit par abandonner totalement, éclate de rire et se fend d'un joli "merci, chéri". S'en suit un bel enchaînement de titres réjouissants (Highs Without Lows, la nouvelle We Are... précédée d'un discours qui explique le fond anti-terroriste de la chanson, Worlds Are Coming Through, Shiva's Tears...) avant que le chanteur ne prenne la parole une nouvelle fois - il plaisante d'ailleurs lui-même à propos de son côté bavard - pour s'adresser à une très jeune fille dans le public montée sur les épaules de son père. Il n'en revient pas quand il apprend que la fille en question a onze ans et le garçon à côté d'elle (son frère ?) quinze ! "Notre public rajeunit" s'exclame-t-il avec humour sans cacher pour autant son étonnement souligné plusieurs fois par l'adjectif "amazing". 


La dernière partie du set permet d'écouler un troisième et dernier extrait du nouvel album sous la forme de How Much Can You Take avant de terminer avec deux bons classiques, la speed et puissante Falling Spiral Down et l'hymne plus mélodique All Those Words sur lequel le groupe fait longuement chanter le public. Pendant tout le show, le groupe a été aussi carré que précis et Andy... bah, c'est Andy quoi... il contribue énormément au capital sympathie que Brainstorm sait s'attirer lors de ses prestations live. Bilan : très bonne prestation, super ambiance, concert fun. Et nous avons eu la banane tout du long... un peu comme comme le bassiste Antonio Leva qui n'a pas boudé son plaisir. 

Setlist de Brainstorm :

01. The World To See
02. Firesoul
03. Fire Walk With Me
04. Highs Without Lows
05. We Are...
06. Worlds Are Coming Through
07. Shiva's Tears
08. How Much Can You Take
09. Falling Spiral Down
10. All Those Words

 

La soirée a donc très bien commencé et on n'attend plus que la tête d'affiche pour se prendre une dernière bonne grosse dose de heavy metal fédérateur des familles avant le dodo. Les gars de Primal Fear et tout leur savoir-faire en la matière investissent donc la scène avec confiance et démarrent les hostilités en dépoussiérant une vieille compo qui nous ramène tout droit en 1999, la fameuse Final Embrace (qui ouvrait l'album Jaws Of Death). Gros son et force tranquille sont les ingrédients de ce début de set. Ralf Scheepers, avec ses muscles et ses faux airs de Monsieur Propre (qui se serait quand même récemment laissé pousser la barbe) est impressionnant. Physiquement, bien sûr... mais (heureusement) pas que. Non, la grosse claque administrée par le chanteur sera avant tout vocale... et tant mieux, parce qu'avec ses bras épais comme mes cuisses, c'est aussi bien comme ça... voire largement préférable.

Plus de dix ans que je n'avais pas vu Primal Fear... mais je me rends vite compte que la redoutable formation teutonne n'a pas perdu ses talents d'exécution. J'avais le souvenir d'un groupe ultra-carré et extrêmement efficace... et c'est exactement ce groupe que je retrouve ce soir. Même si le line-up a quelque peu changé (en même temps, des configurations différentes, j'en ai vu un certain nombre entre 1998 et 2005) avec Francesco Jovino (ex-UDO) qui a pris la place de Randy Black derrières les fûts, Tom Naumann qui a repris son poste de guitariste après être parti, puis revenu, puis reparti, puis revenu, puis reparti... et Alex Beyrodt, lui aussi, à la guitare depuis 2007. Peu importe que le personnel ait été remanié, les gars ne sont pas des rigolos et connaissent leur métier sur le bout des doigts (et des pieds aussi, pour le batteur). Et puis, il y a le duo fondateur constitué de Mat Sinner, qui assure fièrement à la basse et aux choeurs, et du fameux Ralf Scheepers dont je viens déjà de vous toucher deux mots. Tout ce beau monde est bien en place et alterne nouveaux titres qui passent l'épreuve du live sans aucune difficulté (In Metal We Trust et Rulebreaker, respectivement en deuxième et quatrième positions) et morceaux moins récents qui ravissent les fans (la très "painkillerienne" Angel In Black, Sign Of Fear ou Seven Seals). Personnellement, je suis ravi d'entendre des compos extraites de Seven Seals ou New Religion (les deux dernières de la parenthèse précédente) qui comptent parmi mes albums préférés du groupe. Et, au risque de me répéter, je suis complètement bluffé par la prestation d'un Scheepers impérial qui ne se facilite pas la tâche en allant chercher toutes les notes les plus "inchantables" que ces chansons ont à offrir... si vous connaissez le couplet de Sign Of Fear, vous savez de quoi je parle. Oui, le Ralf est juste monstrueux, je n'ai pas peur de le redire. Son physique lui confère également un certain charisme même si sa nonchalance (le type n'est pas un nerveux du genre Bruce Dickinson qui saute sur les retours) et certaines de ses postures (les bras en l'air, les poses de culturiste, le fameux "je me tourne et pars sur le côté de la scène juste après avoir poussé une gueulante bien aiguë"...) le rendent également un peu amusant (à mes yeux, du moins). 

Après six chansons constituant une première demi-heure de concert très réussie, c'est (déjà ?!) l'heure du solo de batterie. Dommage. Tout s'enchaînait très bien jusque-là et je trouve que la démonstration de Jovino vient casser ce bel élan pris par les Allemands depuis le début de leur set. En plus, si je peux parler en toute franchise (oui, on me dit que je peux), des solos de batterie comme celui-ci, on en a déjà vu des tonnes... il n'a rien de particulier. Oui, bien sûr, le monsieur joue vite et bien, pas de souci... mais le voir cogner son instrument pendant cinq minutes, faire des roulements dans tous les sens ou faire vibrer sa double grosse caisse ne me procure absolument aucun sentiment si ce n'est un léger ennui. Heureusement qu'il ne s'éternise pas au-delà du raisonnable. Une fois cette formalité passée, tout le monde reprend son poste et Primal Fear nous ressert un peu du nouvel opus (Angels Of Mercy, The End Is Near, The Sky Is Burning) sans oublier quelques classiques comme les excellents Nuclear Fire, Chainbreaker ou Metal Is Forever (nettement moins excellente celle-là, mais ce n'est que mon point de vue). La rigueur dont le groupe fait preuve est incontestable, tout se passe bien. Le son est puissant, le light show est de très bonne facture, les fans sont ravis et l'ambiance est chaleureuse même si le groupe est moins fun ou porté sur la communication avec le public que les premières parties.

Après une bonne heure et quart de show, le quintet quitte brièvement la scène et revient pour nous asséner un joli coup de grâce avec la très belle Fighting The Darkness jouée en intégralité (le break avec les orchestrations est là aussi, le groupe étant accompagné par des samples) et la bien heavy Running In The Dust qui nous renvoie au tout premier album de nos chers Teutons. 

Quel plaisir de retrouver Primal Fear dans cette petite salle intimiste (et plutôt bien remplie) après toutes ces années ! Point de déception, bien au contraire. Le contrat est rempli. Le groupe est pro et nous a livré son heavy metal en le jouant haut et fort... avec conviction et sincérité ! La setlist m'a semblé bien équilibrée en proposant des morceaux heavy, speed, parfois plus lents ou riches en ambiance, en glissant même une ou deux ballades... Tous les visages du groupe ont été bien représentés et beaucoup d'excellentes compos nous ont été offertes. Si vous aimez le bon gros heavy/power traditionnel germanique et que vous voulez voir l'un des chanteurs les plus bluffants du genre sur scène, ne les manquez pas à la prochaine occasion ! Bref, bien que Rulebreaker, malgré son indéniable solidité, ne m'ait vraiment pas bouleversé (tant il est prévisible), j'ai passé une excellente soirée en compagnie du groupe (et des deux autres)... et j'en redemande. Alors, s'il vous plait, ne nous faites pas attendre dix ans avant votre prochain passage ! Merci. 

Setlist de Primal Fear :

01. Final Embrace
02. In Metal We Trust

03. Angel In Black
04. Rulebreaker
05. Sign Of Fear
06. Seven Seals
07. Drums solo
08. Angels Of Mercy
09. The End Is Near
10. Rollercoaster
11. The Sky Is Burning
12. Nuclear Fire
13. When Death Comes Knocking
14. Chainbreaker
15. Metal Is Forever
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16. Fighting The Darkness
17. Running In The Dust

Un grand merci à Elodie Jouault (H.I.M. Media) pour l'accréditation et l'interview.