Artiste/Groupe:

Primal Fear

CD:

Rulebreaker

Date de sortie:

Janvier 2016

Label:

Frontiers Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13/20

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Tu aimes le metal, le feu, le cuir, Accept, Judas Priest, Gamma Ray et, accessoirement, les aigles ? Très bien, les vétérans de Primal Fear ont pensé à toi et te proposent de démarrer 2016 avec un nouveau cru empreint de solidité, rigueur et tradition. Et... dites donc, je n'ai pas rêvé ? Cette onzième production made in Germany ne s'appellerait-elle pas Rulebreaker (qu'on peut traduire par rebelle, marginal ou celui qui défie la loi) ? Cela voudrait-il dire que Scheepers, Sinner et compagnie ont enfreint les règles et se sont délestés du carcan des conventions pour prendre leur envol, tels de majestueux aigles (en metal) fiers et libres ? Ces messieurs, portés par un esprit d'aventure fleurant bon l'anticonformisme, se seraient-ils mis en tête de nous surprendre ? Stop, on arrête tout, c'est une fausse piste. Après écoute de l'album en question, les espoirs d'un infime changement dans la recette de nos chers voisins teutons sont balayés non pas d'un simple revers de la main mais d'une grosse mandale en béton armé. Que les choses soient claires, avec Rulebreaker, Primal Fear n'a pas d'autre ambition que de faire du Primal Fear... même pas le temps d'une chanson ou deux. Avant de rentrer dans les détails, on va juste préciser que le groupe compte maintenant six membres car Tom Naumann a effectué son énième come-back, sans prendre la place de Magnus Karlsson ou Alex Beyrodt... ce qui donne donc trois guitaristes mais ne change pas grand-chose... tout comme le fait que le batteur s'appelle maintenant Francesco Jovino (ex-UDO) puisque Randy Black s'en est allé.

L'album démarre avec Angels Of Mercy et, immédiatement, une impression de (trop) grande familiarité se fait sentir. Ce n'est pas totalement négatif car il y a des éléments qui sont plaisants à retrouver... comme ce son absolument énorme (Sinner a travaillé, comme pour l'album précédent, avec l'excellent producteur Jacob Hansen), du riff puissant et carré de chez carré, cette rythmique implacable et légère comme un bulldozer, le chant vindicatif et maîtrisé de Ralf Scheepers (je maintiens qu'il s'agit d'un des meilleurs vocalistes du genre)... Mais il manque quelque chose. J'ai déjà entendu chez ce groupe des chansons d'ouverture plus saisissantes. Angels Of Mercy est une compo classique qui fait le boulot, mais elle n'a pas le petit plus qui fait la différence et le catalogue de Primal Fear est déjà bien rempli de compos de ce style. Et puis, pour finir, je trouve aussi que la mélodie confiée à Scheepers est, elle aussi, un peu paresseuse. Les capacités du monsieur ne sont pas en cause, c'est juste la ligne de chant qui n'a rien d'extraordinaire. Je lui préfère The End Is Near, pourtant pas révolutionnaire (c'est du metal teuton inflexible à la Accept) mais dont le refrain se distingue davantage.

Avec Primal Fear, les ombres de Gamma Ray et Judas Priest ne sont jamais très loin et elles ressurgissent fortement lors de Bullets & Tears, un titre plus mélodique. C'est bien fait et objectivement assez entraînant mais deux choses m'empêchent de complètement adhérer : une mélodie un peu trop "happy" pour moi et un riff qui me fait trop penser à Kai Hansen... en train de faire comme Judas Priest. On enchaîne avec Rulebreaker, mid-tempo assez Priestien lui aussi, pas mal fait mais pas renversant. C'est peut-être le moment de préciser que les morceaux speed sont peu nombreux ici, cet opus privilégiant clairement les mid-tempos. Les amateurs de vélocité trouveront tout de même de quoi se satisfaire avec deux ou trois pistes enlevées dont In Metal We Trust. Efficacité est encore une fois le maître mot mais Primal Fear nous a déjà servi des hymnes de speed mélodique plus racés. Je ne suis pas fan du refrain et les paroles clichéesques à souhait ("In metal we trust, for metal we live") ne m'amusent plus. 

Vous êtes peut-être en train de vous dire que je n'aime pas ce groupe (ou que je lui en veux) et que je n'apprécie rien dans cet album. Eh bien non. Déjà parce que j'aime bien Primal Fear. Je suis ces messieurs depuis que j'ai acheté leur premier album en 1998. Il y a deux ans, j'avais bien aimé Delivering The Black. Ce n'était pas un chef-d'oeuvre mais il m'avait semblé plus inspiré que ses deux prédécesseurs. Le problème de Rulebreaker est qu'il propose strictement la même chose... mais un petit cran en dessous. Et comme je l'écrivais à propos du dernier Brainstorm (qui m'a fait le même effet) il y a peu, il s'agit (là aussi) de leur onzième album... alors, même quand on aime, on peut légitimement finir par se lasser. Et c'est dommage, parce que ce nouveau disque contient tout de même de vrais bons moments comme We Walk Without Fear, une compo épique de dix minutes avec de chouettes mélodies, de beaux solos de guitare et quelques orchestrations qui apportent une touche symphonique pas désagréable. Evidemment, on pense quand même un peu à One Night In December (sur Delivering The Black) mais ça passe... parce que la compo est vraiment bien faite et aussi parce que ce genre de morceau n'a pas déjà été écrit cinquante fois par le groupe. J'aime également Constant Heart et, dans une moindre mesure, Raving Mad car, sur ces titres, Primal Fear sort un peu plus les griffes (ou les serres) et Ralf Scheepers se montre réellement impressionnant. Globalement, je dirais que la deuxième moitié d'album est légèrement plus réussie que la première. 

Le savoir-faire de nos chers Allemands est indéniable, il y a du gros riff et des solos virtuoses à gogo, une production gigantesque, un punch et un professionnalisme certains... mais cela fait bien longtemps que Primal Fear a enclenché le pilote automatique et, bien que sa recette soit maîtrisée, son metal (re)commence à battre de l'aile. Certaines compos fonctionnent mais d'autres passent sans que je les retienne... soit parce qu'elles ne sont pas fantastiques, soit parce que j'ai l'impression de déjà trop les connaître. Quand le combo s'était remis en question et avait tenté quelques changements (sur Seven Seals ou New Religion), il avait su relancer un intérêt qui (chez moi) commençait franchement à s'émousser... Mais ce temps semble révolu et ce Rulebreaker archi-convenu ne réserve aucune surprise. Les inconditionnels du genre (et du groupe) vont sans doute se régaler, ceux qui espéraient un peu de fraîcheur ou de nouveauté iront voir ailleurs. Petit rappel : Primal Fear viendra défendre son nouvel opus à Paris le 10 février prochain en compagnie des fameux Brainstorm évoqués plus haut.

Tracklist de Rulebreaker :

01. Angels Of Mercy
02. The End Is Near
03. Bullets & Tears
04. Rulebreaker
05. In Metal We Trust
06. We Walk Without Fear
07. At War With The World
08. The Devil In Me
09. Constant Heart
10. The Sky Is Burning
12. Raving Mad