Alestorm + Brainstorm + Crimson Shadows + Troldhaugen

Date

18 Septembre 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster & Fimbultyr

L I V E R E P O R T

Le 18 septembre dernier, le Divan du Monde accueillait une belle affiche aussi internationale que variée au niveau des styles pratiqués : du pirate power folk avec les Ecossais d'Alestorm, du heavy metal solide avec les Allemands de Brainstorm, une sorte de croisement entre mélodeath et power mélodique avec les Crimson Shadows venus du Canada et même une sorte de folk metal avant-gardiste et assez barré avec les Australiens de Troldhaugen. A quelques jours du concert, cette date affichait complet... la soirée s'annonçait bien chaude... et elle le fut. Dans tous les sens du terme ! 

C'est Troldhaugen qui eut la tâche de lancer la soirée. Les Australiens commencèrent leur show un peu avant 18h30 (l'heure annoncée), alors que toutes les personnes du public n'étaient pas encore entrées dans la salle. Ils disposèrent d'une petite demi-heure pour présenter leur metal original et assez déjanté.

Difficile d'aborder un tel objet en concert quand on n'a jamais écouté un album du groupe, ce qui est mon cas. La musique du combo australien est une sorte de joyeux fourre-tout dans lequel se mélangent de grosses rythmiques metal, des atmosphères funs et horrifiques (qui m'ont parfois rappelé l'univers du cinéaste Tim Burton), quelques touches d'électro et j'en passe... Les structures des morceaux sont assez imprévisibles, le groupe emmené par un chanteur très maniéré (qui joue le rôle du bouffon et se meut tel un Joker surexcité) joue la carte de la folie et de l'éclectisme. Ce n'est pas déplaisant mais pas toujours forcément facile à appréhender. D'une certaine façon, tant mieux. 

                    

Les chansons sont assez courtes mais elles sont denses et variées. Le frontman danse sur scène, le son n'est pas impeccable (c'est souvent le cas avec le premier groupe de la soirée) mais ça passe... Le show est aussi musical que visuel, il y a de l'énergie et ce n'est pas déplaisant même si excessivement bordélique ou foutraque (choisissez votre expression préférée). On a pu voir pas mal de visages amusés dans l'assistance et l'ambiance a même un peu décollé dans la fosse avec un groupe de joyeux lurons qui s'est mis à danser sur les compos à tiroirs proposées par le quatuor. Et puis, il y a eu une reprise d'Abba, Gimme Gimme Gimme, avec un refrain modifié pour l'occasion ("Gimme Gimme Gimme a troll after midnight"), fun. De là à dire que j'ai eu envie de me jeter sur la discographie de Troldhaugen en rentrant chez moi... non, pas vraiment. Mais ce petit moment imparfait (trop de samples à mon goût, ce qui donne parfois un côté playback un peu agaçant) de folie douce a eu le mérite de distiller des surprises et un peu de bonne humeur... ce qui, pour démarrer la soirée, n'est pas mal du tout. 

 

Ce fut ensuite au tour des Canadiens de Crimson Shadows de monter sur scène. Le ton n'est plus le même, le style est nettement plus metal et conventionnel. Mais la bonne humeur demeure ! On sent le groupe (le chanteur, surtout) particulièrement content d'être sur scène... Le frontman annoncera d'ailleurs, le sourire aux lèvres, qu'il s'agit de leur première tournée européenne et donc de leur premier concert en France. 

Fort de son deuxième album intitulé Kings Among Men, le quintet attaque son set avec le speed et racé Rise To Power. On sent bien, au tout début, qu'une bonne partie de la foule ne connaît pas le groupe et ne sait pas trop à quoi s'attendre ; mais les Canadiens, avec leur power ultra speed et épique qui intègre des éléments death mélodique (le chant, principalement), vont vite se mettre une bonne partie du public dans leur poche. Il faut dire que ces messieurs ne manquent pas d'énergie, de technique et encore moins de mélodies accrocheuses. 

                    

Après Rise To Power, c'est l'excellente A Gathering Of Kings qui déboule. Un de mes titres préférés sur l'album. Puis, c'est au tour de Freedom And Salvation... que des morceaux extraits de Kings Among Men, en fait. Le tout est très efficace. Le groupe est plutôt sympathique et ses membres savent occuper la scène. Niveau présence et charisme, rien à redire. C'est surtout Jimi Maltais, le chanteur principal (celui qui se charge des parties death) qui fait preuve de beaucoup d'enthousiasme. Il headbangue, arrangue la foule, hurle comme un damné, et fait même dans le playback sur les refrains mélodiques chantés par le guitariste Greg Rounding.

Il n'y a en fait pas grand-chose à reprocher à la prestation de Crimson Shadows. Ces messieurs jouent vite et bien (les soli balancés par la paire Rounding/Hofing sont sacrément impressionnants), le propos est maîtrisé... ça ne fait aucun doute. Le seul point noir vient de l'album lui-même. Kings Among Men manque singulièrement de variété et les titres sont tous construits de la même façon. Le bon côté de la chose, c'est que quand on aime une chanson de Crimson Shadows, on les aime toutes... elles se ressemblent tellement. Par contre, difficile d'échapper à l'impression - forcément lassante au bout d'un moment - d'écouter toujours la même chose. En toute honnêteté, sur une demi-heure (temps alloué aux Canadiens qui n'occupent pas une place d'importance sur cette affiche), ça passe très bien. En revanche, il est vrai que je m'interroge sur ce qu'un concert en tête d'affiche donnerait... 

En tout cas, le groupe a fait le boulot, le public lui a reservé un accueil chaleureux et la température (déjà naturellement très chaude en ce 18 septembre) a monté de quelques degrés dans une fosse qui a commencé à bien s'activer sur les cinq brûlots véloces jetés à sa figure. 

Setlist de Crimson Shadows :

01. Rise To Power
02. A Gathering Of Kings
03. Freedom And Salvation
04. Braving The Storm
05. Heroes Among Us

 

C'est le grand retour de Brainstorm à Paris ce soir, chose que certains d'entre nous attendions depuis des années. Pour rappel, le groupe s'était fait remarquer dans la première moitié des années 2000 avec de bons albums (Metus Mortis, Soul Temptation, Liquid Monster) et avait eu l'opportunité de tourner assez largement à travers l'Europe et notre beau pays, en première partie d'Edguy, par exemple, ou en tête d'affiche... Mais ensuite, les Allemands retombèrent dans une certaine confidentialité regrettable. Quelques albums un peu moins remarquables et tournées qui ont soigneusement évité l'hexagone plus tard, Brainstorm revient enfin avec un disque solide, Firesoul, et cette tournée en compagnie d'Alestorm. Et comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous, Andy B. Franck, chanteur de son état, est plutôt content ! 

                    

J'avais de très bons souvenirs des prestations live du groupe... mais ces fameux souvenirs remontaient tout de même à plus de neuf ans. Allais-je retrouver l'efficacité et le charisme démontrés jadis ? Oh que oui ! 

Déjà, sur scène, les membres sont ultra sympathiques. Aussi souriants qu'en place, les cinq Allemands se font plaisir et ça se voit. L'art de la scène, cela fait un bout de temps qu'ils le maîtrisent, leur aisance de chaque instant fait mouche et le Divan du Monde s'embrase. J'en suis même tout surpris. OK, je savais que le groupe était performant et j'espérais que l'ambiance serait bonne... mais à ce point, non, je ne m'y attendais pas. 

Niveau setlist, rien ne semble laissé au hasard. Le groupe fait son entrée sur un classique de la grande époque, Highs Without Lows, chanson qui ouvrait le très apprécié Soul Temptation en 2003. Suit Shiver, un titre enlevé et super efficace extrait d'un album moins populaire (Memorial Roots). Super riff, le groupe assure, les fans sont à la fête... Andy B. Franck, toujours aussi charismatique a le sourire jusqu'aux oreilles et annonce qu'ils vont maintenant jouer la chanson titre de leur nouvel album : Firesoul. Encore une fois, bon choix. Le son est bon et clair (même si les guitares auraient pu être un chouilla plus puissantes à mon goût) et on peut apprécier tout le savoir-faire des musiciens. Les riffs et mélodies distillés passent plus que bien, c'est hyper carré. Brainstorm fait partie de ces groupes qui (soyons honnêtes), s'ils ne sortent pas forcément des albums renversants, ont le chic pour proposer une musique véritablement taillée pour la scène. Et puis, il y a la voix puissante et chaleureuse d'Andy. Même si ce dernier n'est pas au meilleur de sa forme ce soir (il me confia avant le concert que, comme il était un peu malade, il ne se frotterait pas à des titres où il était nécessaire de chanter haut comme Erased By The Dark et son refrain Priestien, par exemple), il nous livre une belle prestation. Je pense que beaucoup de vocalistes (en bonne santé) aimeraient être capables de chanter aussi bien que lui ce soir.

Que dire d'autre sur la prestation de Brainstorm ? Le groupe puise dans son répertoire et sort quelques classiques qu'il ne fallait pas oublier comme la puissante Fire Walk With Me ou Worlds Are Coming Through. Le groupe fera un bref et unique détour par l'album Metus Mortis avec Hollow Hideaway (dommage qu'il n'y ait pas eu Blind Suffering) et repassera par la case Soul Temptation avec l'écrasante Shiva's Tears et la speed Doorway To Survive. Finalement et paradoxalement, c'est le nouvel album (dont le groupe est pourtant très fier) qui n'est pas tant représenté que cela avec seulement deux extraits : Firesoul et And I Wonder. Les fans auront l'occasion de donner de la voix sur le single All Those Words (deuxième et dernier extrait de Liquid Monster). Ce que je retiens de tout cela, c'est l'aspect pro et fun de l'ensemble, la rapidité avec laquelle le show passe (le groupe a joué un peu plus d'une heure) et l'excellente ambiance sur scène comme dans la salle. Andy B. Franck aide les fans à monter sur scène et se marre avec eux, il présente ses collègues avec humour (il nous demande notamment et plus ou moins discrètement d'acclamer le batteur par son nom "Dieter ! Dieter ! Dieter !" avant qu'il n'ait fini de le présenter) et le guitariste Thorsten Ilhenfeld s'amuse à s'adresser au public dans la langue de Molière et ressortir ses vieux cours de français avec des phrases aussi essentielles que "J'ai acheté une voiture". 

Brainstorm a totalement réussi son retour chez nous. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé et a reservé un accueil royal aux Allemands (qui ont eu l'air sincèrement touchés). Pendant tout le concert, les fans n'auront cessé de chanter, bouger, crier ou monter sur scène pour se jeter dans la fosse... Pendant ce temps, la température est devenue à la limite du supportable et à l'heure où Brainstorm quitte la scène, on peut dire que le Divan du Monde est véritablement en nage. D'ailleurs, mon collègue et moi profitons de la pause avant Alestorm pour aller nous rafraîchir dehors (comme pas mal d'autres personnes du public d'ailleurs) et boire un coup. On loupe même la première chanson du dernier groupe de la soirée. Zut... mais aucun regret, c'était ça ou la mort (ok, j'en fais un peu trop mais quand même, il faisait vraiment une chaleur à crever...). 

Setlist de Brainstorm :

01. Highs Without Lows
02. Shiver
03. Firesoul
04. Fire Walk With Me
05. Worlds Are Coming Through
06. Hollow Hideaway
07. Falling Spiral Down
08. Doorway To Survive
09. Shiva's Tears
10. And I Wonder
11. All Those Words
12. How Do You Feel

 

L’arrivée des pirates écossais ne contribue pas à faire baisser la température. Des dizaines de moussaillons en sueur montent à l’abordage du bar pour piller la cargaison d’eau plate de la salle.

La transition avec Brainstorm se fait assez naturellement, Alestorm et eux évoluant dans une mentalité somme toute assez compatible, à base de grands sourires et de dérision. Ces forbans se savent en terrain conquis, il est évident que le Divan du Monde est à eux pour ce soir. La salle est pleine à craquer, le concert peut commencer !

                    

La première bordée consiste en l’appropriée Walk The Plank (que nous avons loupée pour les raisons que vous connaissez déjà... se désaltérer, c'est important). Nous arrivons sur The Sunk'n Norwegian, hymne imparable avec son refrain plein de "One More Drink". Le public est déjà surchauffé (littéralement) et chante à plein poumons le refrain de ce classique d'Alestorm. Le groupe transmet sa bonne humeur, tout le monde est clairement là pour faire la fête.

Monsieur Bowes nous abreuve de commentaires aguichants, nous expliquant notamment que s’il a raté une partie des paroles de The Sunk'n Norwegian, c’est parce qu’il s’est malencontreusement vomi dans la bouche. Peu après, on lui est reconnaissant de nous faire partager sa connaissance du milieu people français : apparemment, Gérard Depardieu aurait passé un certain temps seul sur un radeau à la dérive, et se serait trouvé dans l’obligation de forniquer avec un ananas pour se soulager. Et c'est ainsi qu'est introduite la chanson Shipwrecked. Une histoire vraie, affirme le frontman.

L’ensemble de la setlist fait mouche auprès des spectateurs qui ne se privent d’aucun refrain, c'est particulièrement vrai sur Nancy The Tavern Wench. La part belle aura été faite au dernier album, le sympathique Sunset On The Golden Age, avec six chansons qui lui sont attribuées. Les très nombreux slameurs se voient refuser l’accès à la scène par le staff de la salle, contrairement aux sets précédents où elle était en libre service. Cela ne nuit absolument pas à l’ambiance, et retire tout au plus un peu de cette convivialité si appréciable chez Brainstorm.

A la veille du référendum concernant l’indépendance de l’Ecosse, on aurait pu penser que ce thème serait à l’ordre du jour, mais apparemment les chansons portant sur la boisson sont plus au goût d'Alestorm. Dans la fosse, on voit de nombreux clins d’œil aux groupes, dans le style de bouteilles de rhum Capitaine Morgan, des drapeaux écossais, des tricornes style pirate…

Cette atmosphère bon enfant accompagnée des titres efficaces du groupe parviennent à nous faire oublier la chaleur et passer une excellente soirée.
Nous ne sommes cependant pas les seuls à souffrir de la fournaise, car juste après le Rum final, Christopher Bowes abandonne son keytar, se lance dans la foule et se laisse porter jusqu’à la sortie... Il finira torse nu dans la rue et s'offrira une petite balade nocturne afin de retrouver un peu de souffle et de fraîcheur.

Setlist d'Alestorm :

01. Walk The Plank
02. The Sunk'n Norwegian
03. Drink
04. Over The Seas
05. Shipwrecked
06. Magnetic North
07. Back Through Time
08. Nancy The Tavern Wench
09. Midget Saw
10. Surf Squid Warfare
11. Keelhauled
12. Wenches And Mead
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13. 1741 (The Battle Of Cartagena)
14. Captain Morgan's Revenge
15. Rum

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