Artiste/Groupe:

Vola

CD:

Witness (Deluxe Edition)

Date de sortie:

Mai 2022

Label:

Mascot Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

18/20

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Attention ! Attention ! Problème grave détecté sur le site !! J’ai réussi à rater la sortie du successeur de Applause Of A Distant Crowd, le fantastique album de Vola. Comment cela s’est produit, je l’ignore, mais il me faut corriger immédiatement cette grossière erreur, même si je vais la jouer fine et vous dire que je chronique ici le Witness Deluxe Edition, sorti en Mai 2022, alors que l’album était sorti un an avant. Ouf, je m’en tire qu’avec 6 mois de retard. 

Witness c’est donc le troisième album des Danois, il fait suite au somptueux Applause Of A Distant Crowd, tellement addictif qu’on se demandait comment enchaîner là-dessus. Et bien pour le groupe composé de Asger Mygind, le guitariste/chanteur à la voix de velours, de Martin Werner aux claviers, d’Adam Janzi à la batterie et de Nicolai Mogensen à la basse et aux chœurs, ça ne semble poser aucun problème puisqu’on découvre avec ce Witness encore une petit pépite de metal que nous qualifierons de prog, même si ça n’est pas vraiment du metal prog, mais un savant mélange original de metal, pop, djent, entres autres. A noter que sont aussi invités, le duo de rap Shahmen sur The Black Claws, on y reviendra.

Pas de gros changement de cap dans ce troisième volet, une certaine continuité dans le capacité à composer des perles capables de faire fondre les plus velus d’entre-vous, je vous le garantis. La formule est pourtant simple: signature de temps complexes, riffs monumentaux, basse monstrueuse, voix soyeuse d’Asger, refrain presque pop hyper accrocheur. 

Tiens, prends déjà dans ta face ce premier skud, Straight Lines, aux énormes riffs. C’est exactement ce que j’aime dans Vola, la combinaison riffs metal puissants et ce refrain presque pop, mené par les claviers typés Aha de Martin (le vieux Aha, car j’ai écouté le dernier et failli m’endormir). Le chant de Asger est magnifique, doux et puissant à la fois, on trouve aussi pas mal d’effets sur la voix dans le break, encore transcendé par le clavier assez vintage. Une deuxième voix agressive, celle de Nicolai, vient doubler la douce voix de Asger, donnant une fin plus inquiétante au morceau. 

Si t’aimes la lourdeur, tu vas être gâté car Head Mounted Sideways est vraiment construit autour d’un riff vraiment lourd. Je ne suis pas fan de l’effet martiens de la voix sur le premier couplet, mais je peux m’y faire, par contre je me fais bousculer par ce refrain dans lequel on semble s’envoler. La basse de Nicolai est superbe, à la fois dans le son et ses lignes. Ce morceau est une sorte de bonbon doux amer (genre vanille / tabasco), très mélancolique. Dans la dernière partie, des hurlements se font entendre alors que basse et guitare te laminent le cerveau, lentement mais sûrement. Dernier clin d’œil avec un final en voix parlée et joli piano. 

Le plus beau morceau de l’album est pour moi ce 24 Light-Years, délicat et raffiné. C’est une sorte de ballade, magnifique avec une superbe mélodie. Les petites interventions de guitares sont très inspirées. Mais ce qui me scotche le plus dans ce morceau calme, c’est le jeu incroyable d’Adam, à la batterie. In-cro-ya-ble, il me fait penser à Baard Kolstad de Leprous, les deux seuls batteurs qui arrivent à s’éclater sur une ballade. D’ailleurs je vous propose 2 versions de la vidéo de ce morceau. La première sous forme de dessin animé mélancolique et l’autre étant le play-through batterie d’Adam, vous choisirez, mais je conseille le second, rien que pour voir les expressions d’Adam quand il joue, c’est top.

J’ai été un peu choqué au départ par le morceau suivant, These Black Claws. En effet, il démarre comme un morceau de Korn, dont je ne suis pas un grand fan, c’est chanté à la Korn, c’est dissonant à la Korn, sur fond de samples. Mouais, on se demande où ça va nous mener tout ça. Mais avant de comprendre on se fait tacler à la gorge par un refrain de monstre. Alors on se dit, qu’on est sauvé, mais au moment où nous arrive le second couplet, on découvre l’existence du duo de rap Shahmen. Alors là, je suis pas non plus un grand fan, même si le fait que la voix soit en fait très grave, me rappelle le rap de Neal Peart (RIP) sur Roll The Bones de RUSH. Dans le dernier couplet le chant martèle une seule et même phrase “One straw in the drain - One word that you failed to sustain”, évoquant l’addiction et l’emprise de la drogue: c’est puissant. Au final je m’y fais, clairement le groupe ne manque pas de créativité, s’il était besoin de le rappeler. C’est la première fois que Vola fait un featuring et, pour le coup, c’est une réussite et la vidéo associée est glaçante.

Brrrr! Il me faut un petit truc réconfortant après ça et ça tombe bien Vola a prévu le coup avec Freak, un morceau mid-tempo, avec un chant tout en douceur d’Asger. C’est bien mignon tout ça et on se dit en écoutant l’intro de Napalm que Vola nous la rejoue bisounours-metal avec, une fois de plus un savant mélange de douceur (synthé, voix d’ange, mélodie) et de puissance (batterie, riffs, lourde basse). Les signatures de temps de Future Bird sont géniales, la batterie à contre temps, le piano aussi, quelle créativité ! Le son de la basse de Nicolai est atomique, la voix de Asger toujours très doucereuse, presque chuchotée. Sur le couplet, Adam utilise des percussions électroniques. Stone Leader Falling Down est plus heavy, plus syncopée, plus agressive aussi, puisque Asger passe même en voix growl sur de brefs moments. Nicolai le double avec une voix plus metal sur les refrains.

L’album se termine par un dernier petit bijou, Inside Your Fur. Les paroles sont toujours aussi énigmatiques (une quasi constante dans tous leurs morceaux), toujours très poétiques et on a du mal à comprendre de quoi il s’agit. Pourtant le morceau m’a touché direct aux cœur: c’est beau, prenant, autant sur le couplet, que sur l’envolée du refrain. Le final monte en intensité comme une sorte de fusée qui décollerait vers d’autres cieux. 

Les trois morceaux proposés dans l’édition Deluxe sont des versions différentes de trois morceaux de l’album. Napalm et Straight Lines sont des versions acoustiques que je trouve particulièrement réussies. Les mélodies ressortent encore plus, c’est très bon cette sensation d’être assis au coin d’un bon feu avec les potes de Vola. Le Straight Lines est incroyable, que de douceur quand toute la puissance des riffs de l’original ont disparu. Le contraste est saisissant. 24 Light-Years est une version transcendée du morceau de l’album déjà magnifique, juste joué en mode piano classique par Martin. Le piano joue tout, y compris la mélodie du chant, ce qui nous permet de percevoir encore mieux les émotions qui passent dans la musique de Vola. Là encore, on frissonne, on arrive même à penser, au thème du film La Leçon de Piano, magnifique.

 

 

Fichtre, au moment de noter, je me demande si je préfère Witness à Applause Of A Distant Crowd, difficile de trancher. Je vais pourtant devoir et quand même donner un petit demi-point de moins à Witness, un peu plus calme, mais vraiment pour un troisième album c’est une belle consécration pour Vola, consécration qui qui nous a largement été confirmée lors de leur passage à Paris le mois dernier.

Tracklist de Witness (Deluxe Edition) :

01. Straight Lines
02. Head Mounted Sideways
03. 24 Light-Years
04. These Black Claws 
05. Freak
06. Napalm
07. Future Bird
08. Stone Leader Falling Down
09. Inside Your Fur
10. Napalm (Re-Witnessed)
11. Straight Lines (Re-Witnessed)
12. 24 Light-Years (Piano Session)

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