Artiste/Groupe:

Riot V

CD:

Mean Streets

Date de sortie:

Mai 2024

Label:

Reigning Phoenix Music

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

16/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Qui aurait cru, après d’innombrables changements de line-up puis la disparition du guitariste créateur (seul membre d’origine) Mark Reale en 2012, que Riot survivrait et continuerait à proposer des disques de qualité ? Eh oui, on a eu beau douter, il a fallu se rendre à l’évidence : Unleash The Fire d’abord (2014) puis Armor Of Light (2018) étaient loin d’être honteux. Riot V a réussi à perpétuer la tradition et sauvegarder l’esprit d’un groupe que l’on pensait arrivé - une bonne fois pour toutes - en fin de course. Et aujourd’hui, six ans après leur méfait précédent, les Américains reviennent nous démontrer qu’ils sont toujours animés de la même flamme et capables de nous servir un bon disque de heavy mélodique aussi traditionnel qu’entraînant. Et puisqu’on parle de tradition, la première preuve de continuité nous est offerte dès l’artwork "spécial" (je démarre gentiment sans balancer les insultes qui me passent par la tête) mettant en scène un groupe de phoques motards, avec éclairs dans le ciel, tequila et épée à l’appui (référence à un classique du groupe que tout fan aura reconnu)... que dire ? C’est un visuel à la Riot, est-il utile de les charrier à nouveau sur ce sujet ? Pas sûr, on va se répéter... Passons donc à la musique ! 

Comme dit en intro, les changements de personnel, chez Riot, c’est une institution (comme les pochettes moches)... Sauf que là, il convient tout de même de préciser que le line-up de la "Mark V" tient le coup et n’a pas changé depuis dix ans. Frank Gilchriest (batterie) et Nick Lee (guitare) ont intégré la formation en 2014 et répondent encore "présent" aujourd’hui, tenant encore compagnie au chanteur Todd Michael Hall (arrivé en 2013) et aux vétérans que sont Don Van Stavern (basse) et Mike Flyntz (guitare). Mean Streets est donc l’album de la stabilité... aussi bien humaine que musicale. Ce dix-septième album est en effet dans la lignée stylistique de ses deux prédécesseurs. Si vous avez aimé Unleash The Fire et Armor Of Light, il y a de fortes chances que vous accrochiez également à Mean Streets. D’autant plus qu’il est mieux produit (avec un son plus épais / costaud) et que, d’un point de vue qualitatif, il me semble également un petit cran au-dessus des autres.

Si la voix haut perchée de Hall (toujours impressionnant de maîtrise et de justesse) et l’abondance de tempos enlevés nous font rapprocher Mean Streets d’œuvres comme Thundersteel ou Immortal Soul, il est clair qu’il rend également hommage aux différentes périodes de Riot ainsi qu’à d’autres groupes l’ayant influencé à certains moments de sa carrière (même si le propos demeure majoritairement heavy/speed mélodique). L’aventure commence avec une speederie frénétique nommée Hail To The Warriors, qui n’est pas (contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser) une reprise de Manowar (aussi incroyable que cela puisse paraitre, Manowar n’a d’ailleurs jamais sorti de morceau intitulé Hail To The Warriors... où va le monde ?). L’intro à la guitare est posée mais au bout de quarante secondes, la section rythmique déboule et là, ça ne rigole plus. La double pédale est activée, le tempo est martelé avec conviction et Hall attaque avec un chant haut et conquérant, comme il sait si bien le faire. Très classique, pas incroyable... mais sacrément efficace. Puis arrive le mid-tempo Feel The Fire, choisi comme single puisque de nature heavy rock plus radio friendly, comme pour affirmer que Mean Streets ne sera pas qu’un album de speed. Pareil, j’aime bien, ça passe tout seul, le titre est entraînant, taillé pour le live... mais pas fou non plus. En plus, le riff est carrément piqué au Grinder de Judas Priest !

Le démarrage est solide mais c’est (à mon sens) avec Love Beyond The Grave et High Noon que l’album passe au niveau supérieur. Le premier est un titre heavy metal au riff imparable. Les mélodies proposées m’emportent plus que celles des morceaux précédents, il y a quelque chose de plus menaçant et envoûtant dans ce titre et son refrain accompagné de chœurs (virils) s’incruste durablement dans mon cortex. Quant à High Noon, c’est la speederie Riotienne parfaitement exécutée, avec une super rythmique et un duo de guitares qui tricote avec grande agilité. Hyper entraînante et jouissive. Hall est impérial quand il clame "Make no mistake, I’m the law in this tooown" et le duo Flyntz/Lee nous en met plein les oreilles au moment des solos (très bien écrits, avec ces harmonies spécifiques auxquelles le groupe nous a toujours habitués). Des titres énergiques de cette trempe, Mean Streets en contient d’autres : Higher (dont le riff, une fois l’intro passée, nous renvoie aux années Mike DiMeo, l’album Inishmore plus particulièrement) qui est une belle réussite, Lost Dreams et son super refrain ou No More qui clôture l’album avec panache. Toutes ces compos sont efficaces, directes et armées de riffs, solos et vocalises acrobatiques.

Mais l’essentiel, ne l’oublions pas, c’est tout de même de servir des mélodies agréables et marquantes. Et nos gaillards ont bien soigné cet aspect de leur musique. Sur les compos citées précédemment bien sûr mais également sur d’autres moments forts dont je n’ai pas encore parlé. Ce sens de la mélodie qui fait mouche, on le retrouve en particulier sur des titres plus hard rock comme Before This Time et ses harmonies vocales au charme indéniable. Du hard mélodique qui fait penser aux œuvres moins speed ou metal de Riot, vous en aurez également avec des chansons comme Open Road ou Lean Into It (cette dernière flirte quand même pas mal avec le heavy, surtout dans sa conclusion). Au final, on obtient un disque assez varié mais cohérent, impeccablement joué et produit, qui combine avec talent les différents visages de Riot et montre un groupe toujours fougueux et inspiré. Un peu moins stylistiquement monolithique que Armor Of Light et un peu plus percutant que Unleash The Fire, il me semble bien que ce troisième album enregistré sous le nom de Riot V est le meilleur de ce line-up à ce jour. Il ne réinvente rien mais rend joliment hommage à la carrière (de presque cinquante ans) de ce groupe culte. 

Tracklist de Mean Streets :

01. Hail To The Warriors
02. Feel The Fire
03. Love Beyond The Grave
04. High Noon
05. Before This Time
06. Higher
07. Mean Streets
08. Open Road
09. Mortal Eyes
10. Lost Dreams
11. Lean Into It
12. No More

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !