En 2005, Rammstein est littéralement cramé. Guète étonnant
pour un groupe aimant tant à jouer avec le feu (ok c’est faible !!). Plus
sérieusement, les cyclesMutter et son lot de désillusions commerciales (échec sur
le marché US) et de légitime fatigue, suivi d’un Reise Reise réussi mais avec un rythme toujours aussi
éreintant pour le groupe. Au lieu de calmer le tempo, les allemands sont rentrés en studio
et ont pondu un nouvel album avec des restes de composition post Reise Reise. Fausse bonne
idée imposée par des considérations plus business que musicales ? Ça y
ressemble fortement en tout cas. La formation est à bout de souffle et les relations humaines
sont déplorables entre les membres. Un Richard Kruspe trop autoritaire, des
musiciens épuisés soit un cocktail explosif et une atmosphère de pré-split.
Heureusement, il n’en sera rien mais ce devait être limite à ces moments-là.
Preuve de cette crise existentielle dont le magazine Rock Hard se fera alors l’écho avec
une fracassante couv’ évoquant une crise de Foi. L’absence totale de promotion, un
artwork certes réussi mais bâclé avec réutilisation d’une pochette
déjà utilisée sur un collector nippon : on a connu Rammstein plus
ambitieux, plus impliqué dans son marketing. Pourtant, ce Rosenrot reste de bonne
facture. Bien sûr, il ne s’agit pas là de survendre ce qui ressemble furieusement
à un disque de faces B. Impression accentuée par le fait de voir des musiciens ne pas le
promouvoir et renvoyer ainsi l’impression de ne pas assumer. J’incombe plus ça
à une usure mentale qu’à un déni des musiciens. Car il y a de sacrés
bons titres ici. Benzin en premier lieu avec un Till récitant toutes
les drogues possibles et imaginables. Mann Gegen Mann fonctionne à merveille avec
notamment un solo de synthé réussi. Le morceau éponyme reste de bonne facture et le
groupe continue dans son registre typique entre provocations et références folkloriques
locales (Te Quiero Puta réellement excellente). J’avoue un énorme faible
avec Spring, son atmosphère réussie et son riff de guitare monstrueux. On dirait
une tronçonneuse branchée sur du 110 volts. Les autres titres flirtent avec du plus banal
mais rien de déshonorant à signaler.
On le voit, même au bout du rouleau, Rammstein reste encore capable de
très bonnes choses. Oui, le groupe a fait mieux, fera mieux et se paiera un "retour" (expression
impropre le groupe n’ayant pas splitté) fracassant avec un Liebe Ist Für Alle Da
rafraîchissant et surpuissant, digne de Rammstein. Les allemands avaient
sans doute trop tiré sur la corde mais comment le leur reprocher vu la dynamique artistique et
commerciale connue depuis leurs glorieux débuts ? Disque un peu à part mais loin
d’être inintéressant, bénéficiant encore de quelques extraits
déroulés en live ce qui en dit long sur la qualité de certains titres au vu de
l’incroyable discographie du groupe, ce Rosenrot mérite un retour, avec
bienveillance sur ce qui est et reste un des plus grands groupes du monde.
Tracklist de Rosenrot :
01. Benzin 02. Mann Gegen Mann 03. Rosenrot 04.
Spring 05. Wo Bist Du 06. Stirb Nicht VOr Mir (Don’t Die Before I
Do) feat. Sharleen Spiteri 07. Zerstören 08. Hilf
Mir 09. Te Quiero Puta! 10. Feuer Und Wasser 11. Ein
Lied