Dans la continuité d’unMutter auréolé de succès (critique et commercial mais pas partout, nous y reviendrons), Rammstein est très attendu et, quand bien même on avait une immense estime pour les Allemands, il était légitime de se demander comment le groupe allait encore faire mieux. C’est que le niveau atteint par Mutter était tel que les Allemands devaient ressentir une belle pression. On apprit même lors de la promo de ce disque que les Allemands s’étaient payé une vraie crise interne avec un Richard Kruspe devenu, un peu "malgré lui", tyrannique et trop autoritaire. Rammstein n’avait pas atteint le niveau de Metallicamais on devine aisément que le groupe avait dû appréhender un succès colossal et devait, forcément, s’adapter.
Evacuons d’entrée la question qui pouvait tarauder certains : non, ce titre d’album n’est pas un hommage à Desireless et une passion inavouée pour son fameux tube des années 80. Bien dans la tradition Rammsteiniennne avec une thématique générale basée sur le voyage, des références sont faites à des crashes aériens. L’ouverture de ce disque est plus mid-tempo (oui, Rammstein a ralenti le rythme depuis ses deux premiers disques) avec un Reise Reise assez majestueux. D’entrée de jeu, nous voilà rassurés, le son Rammstein est toujours là avec des guitares impressionnantes. Et oui, toujours ce son si écrasant, si puissant. Sur Mein Teil, le chanteur Till part sur un thème comme il les aime avec ce fait divers sordide où un homme réclama de se faire émasculer puis de se faire manger son appareil intime ! Glauque ? Totalement et donc un sujet comme Rammstein les aime (ou aussi un vrai sujet de débat dans toute école de Droit). Toujours aussi provocateurs, nos Allemands. Et les critiques, parfois premier degré, jouant leur jeu, les Allemands ne s’en sont jamais privés. Sur Amerika, ils dénoncent avec leur style habituel la domination Américaine ce qui, quinze ans après, rend ce morceau quelque peu daté dans sa thématique (mais le refrain continue de fonctionner à merveille !). On notera que ce titre peut aussi être interprété comme un règlement de compte du groupe envers les USA où Mutter fut un échec commercial, le groupe abandonnant alors ses rêves d’US (pour se recentrer pour notre grand plaisir sur l’Europe). Ce Reise Reise accumule les bons morceaux, la ballade Ohne Dich venant finir avec Amour ce disque en douceur et annonçant déjà un propos qui se calmera toujours plus chez Rammstein (sur le dernier album éponyme carLiebe Ist Für Alle Da réenclenchera la surmultipliée).
Moins impressionnant que Mutter qui accumulait les pépites, Reise Reise est un bon disque du groupe. Rosenrot, malgré quelques chouettes titres (Benzin, Mann Gegen Mann) sera plus contesté avant qu’un ralentissement du rythme du groupe ne s’impose. Côté live, pas de faiblesse à noter, Rammstein continuera de cartonner là où le groupe est à son sommet, à savoir la scène, où jamais il n’a déçu. Encore un très bon disque de nos Allemands (que j’aime tant) avant une période plus compliquée. Toujours contesté, Rammstein est pour autant à mon sens un groupe majeur, passionnant. Ok, il ne faut pas écouter que ça mais quelle efficacité, quelle puissance ! Et ce chant, majestueux. Un groupe immense que j’ai hâte de revoir live.
Tracklist de Reise Reise :
01. Reise Reise 02. Mein Teil 03. Dalai Lama 04. Keine Lust 05. Los 06. Amerika 07. Moskau 08. Morgenstern 09. Stein Um Stein 10. Ohne Dich 11. Amour