Sorti en 2000, cet album est passé à la postérité avant même de
souffler ses vingt bougies. Il est le dernier album d’un groupe, dissout en 2003, qui a remis les
pendules à l’heure sur la scène métal. Alors même que dans le
début des années 1990 ils percent avec Cowboys from Hell (1990), le death metal émerge avant de se retirer
du devant de la scène, chassé par le grunge. Pantera perce donc aussi un an avant qu’un autre
géant (Metallica) ne change de direction en
s’ouvrant bien plus largement avec son Black Album (1991) et que plusieurs groupes légendaires de la
scène metal ne mettent la pédale douce. Souvenez-vous de Testament avec son Ritual (1992), Megadeth avec son Countdown to Extinction (1992) qui avaient
succédé à des albums bien plus vitaminés. Ces groupes, en perte de
créativité ou d’envie d’en découdre (avant que certains d’entre
eux ne se reprennent plus tard) laissent une ouverture à un géant en devenir : Pantera.
J’avais adoré Cowboys from Hell quand il était sorti (merci MTV à
l’époque), wow quelle fraicheur, quel renouveau dans le paysage métal. J’ai
vénéré Vulgar Display of Power la claque à la hauteur du
coup de poing asséné en pochette. Encore du renouveau. Rien à jeter. Puis
j’avais commencé à être un peu sur ma faim surFar Beyond Driven. Ok, c’est globalement un bon album avec quelques
tueries mais il était trop dark par rapport à ce que j’attendais de Pantera. Ils avaient égaré leur dynamique positive,
les solis de malade, même s’ils continuaient à inventer (Becoming, I’m
Broken, 5 Minutes Alone valent sérieusement le détour). Avec The Great
Southern Trendkill, allez ! Encore du négatif, des histoires sombres, le suicide, etc.
Mais toujours de l’invention …. malgré un essoufflement. Le qualitatif n’y est
plus tant que ça. C’est pourtant l’album avec la plus grande diversité
d’ambiances. Y a-t-il des bonnes chansons, oui évidemment. Mais ça traine en
longueur et ça m’avait un peu perdu à l’époque.
Le groupe texan est taillé pour le combat, doté de musiciens efficaces,
références chacun dans leur instrument, basé encore une fois sur une entité
familiale (les frères Abbott à la guitare et à la batterie) :
Dimebag Darrell Abbott (guitare), Vinnie Paul Abbott (batterie),
Rex Brown (basse) et Phil Anselmo (chant). Le groupe fait des
merveilles en réinventant une facette du métal. Eh oui, vous me voyez venir….
Reinventing the Steel, c’est clairement d’eux-mêmes qu’ils parlent. Et
ce n’est pas présomptueux, c’est factuel. Alors, oui, rien à voir avec les Black Sabbath et compagnie….ceux qui ont inventé le
métal. Mais quel groupe peut se prévaloir d’avoir non seulement fait la une des
excès mais aussi signé une tonne de morceaux indélébiles, signes de
virtuosité, d’agressivité, tout en préservant un contenu mélodique.
Combien de groupes ont été influencés par Pantera ? Ça fait longtemps que j’ai
arrêté d’en faire la liste….
Bon, nous ne sommes pas là pour retracer l’histoire de Pantera mais bien pour chroniquer ce dernier album. Et puis, pas
besoin de prouver qu’ils sont légendaires, ils le sont et si vous ne partagez pas, personne
ne vous oblige à poursuivre la lecture. Commençons par le fait que personne ne savait que
ce serait le dernier album de Pantera. En 2000, cela fait quatre ans que le groupe a sorti son album
précédent. Pantera nous avait pourtant habitués
à sortir un album tous les deux ans : Cowboys from Hell (1990), Vulgar Display of Power (1992), Far Beyond Driven (1994), The Great Southern Trendkill (1996).
Phil Anselmo n’en est pas à son premier excès. Souffrant
d’une douleur constante au dos, affliction pour laquelle il finira par se faire opérer, il
boit beaucoup (et on en a des preuves nombreuses dans les vidéos), consomme des
analgésiques, des relaxants musculaires et de l’héroïne… Et c’est
en juillet 1996 qu’il s’injecte une dose (quasi) mortelle d’héroïne
sauvé par les secours in extremis. Bref, il met en danger sa vie et celle de son groupe. Quand ce
n’était que dans Down qu’il s’amusait (premier album en 1995),
ça devait aller aux frères Abbott…. Mais là c’est sans doute devenu un
peu trop. Il commence ainsi à diversifier son engagement dans de multiples groupes : du black, du
death, du stoner, tout y passe. En clair, c’est tout de même une super nouvelle quand je
vois se repointer le nez de la bête car ce n’était pas
gagné…
A la première écoute, à l’époque
…., j’avais été clairement déçu par le son de guitare. Le grain
habituel y est mais le volume est moins en premier plan qu’habituellement et ça me
perturbe. Moi, je l’aime ce grain de guitare, reconnaissable entre mille. Mais au final, tout est
bien équilibré. Ok c’est en retrait mais ce n’est qu’en relatif et tout
à fait acceptable. Cela fait plusieurs albums que Vinnie Paul (batterie) est aux
commandes à la production et profite de l’expérience de Terry Date
(White Zombie, Limp Bizkit, Machine Head, Soundgarden, Prong, Deftones, Soulfly, Slipknotet le dernier Slayer) un réel pionnier à
l’époque. Mais ici, sur cet album, plus de trace de Terry Date, Vinnie
Paul est autonome et se lance.
Après cette pause de quatre ans, Reinventing the Steel est une
célébration de ce que Pantera aime et nous fait aimer. Ça swingue dur,
ça groove dans tous les sens. Les morceaux sont énergiques, sans passage à vide
dépressif. Le power groove metal est à son apogée. Bref ça a la pêche,
ça vous revigore et remet d’aplomb. Pour tout vous dire, c’est l’album que je
me passe en voiture si je dois rouler en fin de soirée car c’est l’album sur lequel
je ne peux m’endormir. Aucun besoin de faire une chronique morceau par morceau. Tous les morceaux
sont bons et finalement Pantera n’aurait jamais pu laisser un
meilleur testament qu’avec cet album, bon du début jusqu’à la fin.
Allez, ça n’empêche pas d’avoir des préférés comme
Goddamn Electric (véritable déclaration d’amour au metal), Yesterday
Don’t Mean Shit et Revolution Is My Name (avec son clip clin d’œil aux
ados qu’ils ont été). Alors, est-ce que j’aime cet album autant parce que
c’est le dernier ? Difficile de dire non catégoriquement. En fait je n’en sais trop
rien, ça peut compter. En l’écoutant à tête reposée, il
n’y a vraiment rien à redire et pourtant j’avais et j’ai toujours ma liste de
reproches aux albums qui ont suivi Vulgar Display of Power . Donc, foncez tête
baissée, il n’y a pas photo.
Vous l’aurez compris, je ne sais et ne peux
être impartial sur cet album. Il est séduisant, groovy, vivant et raconte réellement
quelque chose.
Tracklist de Reinventing the
Steel
01. Hellbound 02. Goddamn Electric 03. Yesterday
Don’t Mean Shit 04. You’ve Got to Belong to It 05. Revolution
Is My Name 06. Death Rattle 07. We’ll Grind That Axe For a Long
Time 08. Uplift 09. It Makes Them
Disappear 10. I’ll Cast a Shadow