Et voilà ! Ozzy n’est plus, et comme pour beaucoup le premier réflexe est de ressortir les vieux albums, avec une pointe de nostalgie et le cœur lourd. Et c’est là que je tombe sur No More Tears, album que j’avais complètement délaissé à l’époque. Déjà rien que la pochette on pourrait en dire long. C’est d’un laid ma pauv’ Lucette... ça ne donne pas vraiment envie. Quelques écoutes à cette époque-là, avec mes chères cages à miel qui n’étaient pas aussi bien formatées que maintenant, et voilà que ce No More Tears resta longtemps sur l’étagère des CD comme un trophée de plus. Le genre de truc qu’on est content voire fier de posséder, sans pour autant se pencher dessus. Grossière erreur ! Il m’aura fallu attendre le décès d’Ozzy pour m’y replonger avec une tout autre approche, d’aucuns diront une approche de vieux briscard puisqu’on vient de plonger quelque trente ans en avant.

Et donc ? ‘Tain les gars ! No More Tears ! Bon, il suffit juste de se repencher sur ce sixième album du Prince des Ténèbres qu’il annonçait lui-même comme son dernier à l’époque, le sieur souhaitant, dans un moment de lucidité, profiter un peu de sa famille. Nous sommes en 1991 et il est vrai que les trois derniers enfants qu’il a eus avec Sharon ont entre six et onze ans et l’envie de jouer au papa doit se faire ressentir. Parlons de l’équipe ! C’est un tout jeune guitariste qui accompagne Ozzy, un certain Zakk Wylde, qui avait fait une arrivée remarquée sur l’album précédent (No Rest For The Wicked, 1988) et qu’on ne présente plus aujourd’hui… D’ailleurs sur cet album il va balancer les riffs aussi vite qu’un curé peut bénir ses fidèles. C’est l’un des plus gros marqueurs de ce No More Tears que la présence de Zakk Wylde ! Ozzy récupère aussi Bob Daisley à la basse dont le travail sur le titre éponyme est juste monstrueux. Cela me fait dire qu’il a toujours su bien s’entourer, le bougre ! A part ça, c’est Randy Castillo qui rempile derrière la batterie (pour la troisième fois consécutive... et la dernière) et on notera la présence du bassiste Mike Inez dans le livret... mais il est arrivé après l’enregistrement et sera présent pour la tournée. 

Niveau contenu, il est clair que certains morceaux font un peu datés, les claviers d’époque n’y sont pas pour rien. Heureusement qu’ils ne sont parsemés que par petites touches et ne dénaturent pas l’ensemble. Et Ozzy nous offre quelques titres de folie tels Hellraiser ou I Don’t Want To Change The World.

D’ailleurs tiens, ces derniers sont co-signés par… Lemmy Kilmister ! Eh Oui m’sieurs dames ! Lemmy, ami de longue date d’Ozzy, a co-écrit pas moins de quatre titres sur cet album... et non des moindres ! Outre celles citées juste au-dessus, il faut souligner Mama, I’m Coming Home, ballade qui figure parmi les plus gros succès du père Ozzy et Desire, petit bijou de hard rock percutant et pourvu d’un gros riff. Lemmy ira même jusqu’à dire à l’époque « j’ai gagné plus d’argent en royalties avec ces quatre collaborations qu’avec tous les disques de Motörhead ». Ah ce Lemmy… Mais quelle classe et quelle collaboration ! Il réutilisera d’ailleurs le titre Hellraiser sur l’album March Or Die de son propre groupe l’année suivante... et un mix des deux versions verra le jour pour les trente ans de No More Tears (vidéo ci-dessus).

No More Tears est un album qui sonne vraiment comme un produit du début des 90s et se démarque de l’effort précédent. Le son est énorme et moderne (merci Michael Wagener à la production), le rendu de la guitare de Zakk Wylde est superbe, ce qui magnifie certaines de ses interventions très inspirées (le solo mythique de la chanson titre, si épique... quelle baffe !). D’un point de vue stylistique, il y a une évolution notable là aussi... l’ensemble est moins heavy, plus hard rock... un peu FM par moment et donc très accrocheur. Beaucoup de morceaux sont énergiques et Ozzy semble en grande forme (on sent qu’il a pris des vitamines) mais le Madman a quand même placé trois ballades dans le lot ! C’est la première fois qu’on en compte autant et cela va d’ailleurs contribuer au très grand succès du disque (c’est celui, avec Blizzard Of Ozz, qui s’est le plus vendu de sa carrière). 

No More Tears est clairement un album « pinard », il se bonifie avec le temps. Si certains fans d’Ozzy le considèrent comme son chef-d’œuvre absolu (sentiment partagé par certains membres de la rédaction d’APDM), ils ne sont pas loin de la vérité tant il renferme d’excellents titres. Ozzy avait dit que ce serait son dernier album et j’imagine encore la stupeur de l’époque quand le mec qui dit ça balance une telle galette. S’ensuivra une tournée à la hauteur de ce qu’il sait faire. La bonne nouvelle c’est que la retraite sera de courte durée puisque le Prince des Ténèbres reviendra en 1995 pour nous faire mordre la poussière. En tout cas je conseille à tous de faire comme moi : un coup de No More Tears de temps en temps, ben ça remet les idées en place. Un grand disque, je vous dis !

Tracklist de No More Tears :

01. Mr Tinkertrain
02. I Don’t Want To Change The World
03. Mama, I’m Coming Home
04. Desire
05. No More Tears
06. S.I.N.
07. Hellraiser
08. Time After Time
09. Zombie Stomp
10. A.V.H.
11. Road To Nowhere