Revenu du diable vauvert (et des forêts allemandes) après un trop long hiatus, Disillusion avait repris son joli parcours avec The Liberation très apprécié. Il est vrai que ce disque reprenait les choses là Back To Times Of Splendor les avait laissées mettant ainsi entre parenthèses le plus contesté Gloria. C’est qu’avec BTTOS, Disillusion avait mis la barre très très haut et on peut lire que pour certains avis (de valeur qui plus est), il s’agit là de la référence du death progressif mélodique. En déconstruisant son registre sur leur second disque, les allemands avaient montré leur volonté d’innovation mais cela n’avait pas fonctionné. En revenant à ses fondamentaux, Disillusion a retrouvé un succès critique et est désormais attendu. Je n’ai découvert que récemment cet étonnant registre musical alternant passages death bien rentre-dedans contre balancés par des passages atmosphériques / mélodiques qui n’en prennent que plus d’ampleur du fait du contraste. Et cela vaut autant pour les passages costauds que plus apaisés. On retrouve de nouveau cette formule désormais bien maîtrisée par Andy Schmidt et son gang avec cet Ayam s’inscrivant dans la parfaite continuité artistique de The Liberation allant même jusqu’à proposer quelques interconnections entre la dernière piste de ce dernier et ce Am Abgrund ouvrant (génialement) cette nouvelle galette. Andy Schmidt a d’ailleurs confié qu’il s’agissait à son sens du morceau le plus abouti proposé par Disillusion à ce jour. Je laisse le lecteur juge de l’excellence du résultat.

Excellent démarrage avec m’a semble-t-il quelques échos lointains du morceau … Echoes des fabuleux Pink Floyd. Peut-être un léger biais de ma part tant ce morceau m’obsède (dans sa version Pompéi) mais l’atmosphère de Disillusion est posée. Sur plus de onze minutes, Am Abgrund plante le décor, brasse à merveille le style du combo, balaye tout le savoir-faire de Disillusion. Sur les huit pistes, le chant est vraiment mis en valeur par la mise en son d’un Jens Brogen déjà présent sur le précédent effort des allemands. Très varié, les vocaux symbolisent bien tout l’univers du groupe allant du plus véloce au plus calme. Le chant fait bien écho à la musique du groupe. Seconde piste à plus de onze minutes là encore, Abide The Storm complète bien Am Abgrund avec là encore tout un spectre d’émotions véhiculées et un bien beau passage central bien posé avec cette ligne de chant maline « calm before the storm » forcément à propos. Globalement, l’atmosphère de ce disque est très riche et on ressent même un aspect presque cinématique tant des images nous viennent naturellement. Bon, ces visions restent globalement sombres et froides à l’image de cet artwork ma foi réussi. Il y a beaucoup d’informations dans la musique de Disillusion ne la rendant pas forcément simple à appréhender mais l’aspect mélodique aide beaucoup car c’est vraiment dans les atmosphères que le groupe excelle à mon sens (le final émotionnel de From The Embers). Je comprends mieux la difficulté de la mise en son lorsque je les avais vus en concert. Néanmoins, ce show m’avait permis de bien intégrer l’univers du groupe que j’ai parfaitement retrouvé sur cet Ayam vraiment plaisant à l’écoute.

The Liberation fut une très belle surprise et la crise sanitaire a probablement occulté les envies de retour du groupe. Avec cet Ayam, Disillusion confirme son retour et sa volonté de s’installer dans la durée ce qui est une sacrée bonne nouvelle pour les fans. Passionnant de bout en bout, dense, excellemment produit, cet Ayam est une belle réussite, mérite tous les éloges et devrait, espérons-le, replacer réinstaller Disillusion qui définitivement tient là sa formule gagnante. 

Tracklist de Ayam :