On est nombreux à râler quand un groupe nous propose toujours plus ou moins la même recette album après album. Avec Disillusion, pas de souci de ce genre. Ce second disque des Allemands ne pouvait pas être plus différent de leur premier et excellent opus, Back To Times Of Splendor. Evidemment, cette démarche comporte un gros risque : celui de laisser tous les fans de l'album précédent sur le carreau. Il en a d'ailleurs été ainsi pour certains (voire beaucoup), ceux qui râlent quand un groupe ne propose pas toujours la même recette album après album (finalement, est-ce qu'on ne serait pas toujours en train de râler, nous, les metalleux ?)... Mais pas pour ceux qui ont vu dans ce groupe, dès le départ, un combo ambitieux qui ne reculerait devant aucune surprise de ce genre.
Déjà, rien qu'en jetant un œil sur la tracklist, on pouvait se douter que les choses seraient différentes : onze titres (pour cinquante minutes) là où, sur le premier album, il n'y en avait que six (pour cinquante-six minutes). Et puis la pochette, le graphisme du logo du groupe, rien n'était pareil. L'emballage nous préparait en fait déjà à ce qui allait suivre.
Dès le premier titre, The Black Sea, on laisse totalement de côté les influences death progressives à la Opeth pour des influences électro assez marquées, totalement absentes du premier opus. Le choc ! Après une intro surprenante, un gros riff apparaît mais toujours accompagné de bruitages de samples. Le chant de Vurtox (Andy Schmidt) est lui totalement transformé par des effets, il est accompagné de chœurs féminins qui parcourent le morceau. Il y en a qui ont dû faire une drôle de tête en découvrant cet album, ils ont même dû croire que le CD d’un autre groupe avait été emballé par erreur à la place de celui qui aurait dû se trouver dans le boîtier. Mais non, c’est bien le nouvel album de Disillusion. Confirmation du changement total d’ambiance avec Dread It. Là, on est carrément dans du rock électro, Vurtox parle plus qu’il ne chante. Puis grosse envolée sur le refrain. Le riff est bizarre, torturé. Don't Go Any Further continue de nous déstabiliser avec ce chant encore bidouillé et cet accompagnement fait d’alternance de gros riffs et de plans au synthé. Et ça continue comme cela sur les titres suivants. Plus de trace de Death Metal, progressif ou pas. Grandes envolées lyriques avec des chœurs (Gloria), instrumental totalement électro (Aerophobic), des refrains que l’on retient facilement (Save The Past), de l’électro à foison encore sur le break de The Hole We Are In mais sans oublier quelques riffs bien metal pour enrober le tout… Puis on arrive à Too Many Broken Cease Fires et là, on retrouve un peu le Disillusion de l'album précédent, avec tout de même une parenté assez éloignée avec le Death Metal. Mais ce n’est qu’avec ce morceau que le fan du premier album, complètement perdu, a pu retrouver une trace de son groupe préféré. Au dixième titre de la galette, c'était évidemment trop tard et insuffisant.
Gloria est un album qui a eu du mal à s'imposer auprès de ceux qui avaient apprécié le premier opus du groupe, certains le rejetant dès la première écoute alors que justement, c'est un album à apprivoiser dans le temps pour en découvrir toutes les subtilités. Certes, pour ceux qui voulaient entendre ici un "Back To Times bis", la déception fut forcément terrible. Il n'en reste pas moins que, dans un style différent, ce second album de Disillusion est intéressant. Il montre un groupe au talent de composition indéniable et qui met en avant son besoin d'évoluer et de créer une musique qui lui plaît plutôt que le besoin de faire plaisir aux fans. Ca peut coûter cher mais c’est le prix de la liberté artistique. A découvrir ou redécouvrir.
Tracklist de Gloria :
01. The Black Sea 02. Dread It 03. Don't Go Any Further 04. Avalanche 05. Gloria 06. Aerophobic 07. The Hole We Are In 08. Save The Past 09. Lava 10. Too Many Broken Cease Fires 11. Untiefen
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