C'est quoi, ça ? Ca ? C’est le coup de génie. Le truc que tout musicien rêve d’accomplir. Dès le premier essai, c’est l’album parfait, le chef d'oeuvre. Tel est donc ce Back to Times of Splendor de l'obscur combo qu’est Disillusion. Car, il faut bien le reconnaître, qui se souvient d'eux ? Ou même, plus prosaïquement, qui a simplement entendu parler de Disillusion ?
Disillusion est un trio allemand composé de Vurlox, la tête pensante de ce projet, auteur de toutes les compositions, chanteur, guitariste, bassiste et claviériste. Autour de lui, Rajk Barthel (guitares) et Jens Maluschka (batterie). Des noms qui ne vous disent rien, bien sûr. Musicalement, définir la musique de Disillusion est aussi difficile que de définir la beauté. Back to Times of Splendor, c'est un peu du Death mélodique en panoramique (comme la pochette de l'album), écran haute définition. Vous prenez un grand fait-tout, vous y versez du Opeth (époque Blackwater Park et Deliverance) en assez grande quantité, un peu de Dream Theater, un peu de Atheist, de In Flames (oui, tout cela ne se ressemble pas), pas mal de plein d'autres choses encore. Vous remuez bien. Ca vous donnera un petit aperçu de ce que l'on peut rencontrer sur cet album. Le premier morceau est déjà une pièce d’orfèvre. Peut-être qu’à la première écoute, on n’arrive pas à tout capter (je ne me rappelle plus, ça fait tellement longtemps que je le connais, cet album) mais il y a là tout ce que chaque groupe de Death mélodique rêve de composer. Les deux morceaux suivants sont du même tonneau. Chaque titre regorge d'idées, de plans monstrueux qui s'enchaînent, le tout dans la plus grande cohésion. Le groupe ne se fixe aucune limite, on trouve pêle-mêle des plans progressifs, des parties Death bien méchantes, du lourd, du plan jazzy... Difficile de prévoir ce qui va se passer dans la minute suivante. Mais pas de démonstration technique pour autant. L’instrument est au service du morceau, pas le contraire. Passés ces trois premiers titres, on est déjà aux anges. Et on a écouté la moitié des morceaux de l’album. Oui, cet album ne contient que six titres, c'est vrai, mais quels titres ! Et puis, à ce stade de l’album, il ne reste pas moins de trente-six minutes de musique. Car, si les premiers morceaux étaient déjà d’une durée honnête, deux des trois derniers titres sont de vraies pièces épiques. Back to Times of Splendor dépasse les quatorze minutes et The Sleep of Restless Hours atteint les dix-sept minutes. Ces deux titres étant, sans conteste possible, les deux pièces maîtresses de l'édifice. L'intro du premier, avec violon, est d'une mélodicité sans pareille. Même une fois que la machine rythmique s'est mise en marche. Une voix Death vient nous asséner le premier et le second couplet, retour des violons, troisième couplet, ça tabasse de plus en plus et bam ! le refrain qui tue en voix claire. Voilà, je ne vais passer en revue les quatorze minutes de ce titre mais sachez qu'il n'y a pas une seconde en trop, du break archi mélodique au passage hyper furieux. Tout y passe. A Day by the Lake, coincé entre ces deux monuments, est un titre absolument divin, tout en douceur (pour du Death mélodique, bien sûr, ce n'est pas une ballade) et totalement chanté en voix claire, avec une pointe de mélancolie. Magique. Le final est époustouflant. Dix sept minutes de jouissance auditive où Disillusion n'hésite pas à tutoyer la cacophonie pour mieux nous plonger ensuite dans une partie mélodique de derrière les fagots. Le titre semble se terminer puis se relance tout doucement d'abord puis ce qui doit être un saxo déboule juste pour deux notes et arrive enfin un riff carrément mortel qui va vous conduire jusqu'à la fin du morceau. Et là, quand tout s'arrête, on ne peut se dire qu'une seule chose : La vache, quelle créativité ! Vous ne l'avez pas encore ? Courez l'acheter !
En un seul album, Disillusion s'est placé directement dans la cour des très grands. Hélas, le groupe est resté bien silencieux après 2006 et un second album, Gloria, complètement différent mais qui vaut lui aussi qu'on s'y intéresse. Toutefois, tout espoir n’a pas l’air perdu, le site web de Disillusion étant toujours en activité… et le groupe aussi. Revenez, les gars ! Je suis sûr qu'il vous reste encore plein d’idées à nous faire partager.
Tracklist de Back To Times Of Splendor :
01. And the Mirror Cracked 02. Fall 03. Alone I Stand in Fires 04. Back to Times of Splendor 05. A Day by The Lake 06. The Sleep of Restless Hours
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