Ouf, c’est bon, il est là ! Si Deep Purple semblait assurer à qui voulait bien l’entendre qu’ils comptaient continuer jusqu’à, en gros, ce que mort s’ensuive, on est forcés de constater qu’on a eu un peu peur. Parce que ouais, il y a quelques mois, le guitariste Steve Morse quittait le groupe pour aller au chevet de sa femme -alors atteinte d’un cancer et, malheureusement, décédée depuis. Sans guitariste et vu l’âge avancé des autres gaillards, s’arrêter là n’aurait pas été honteux, surtout vu l’immense qualité de leur dernier opus en date, toujours l’un de mes albums de 2020, le somptueux Whoosh.
Mais qu’à cela ne tienne, ils n’étaient pas à un remplacement près : en effet, à part l’indéboulonnable Ian Paice à la batterie, chaque poste a été occupé par au moins deux personnes différentes. Remplacer Morse ne semblait donc malgré tout pas insurmontable. Et c’est finalement le jeune -plus de 30 ans de moins que les boys- Simon McBride, qui les avait déjà dépannés en tournée, qui est le nouveau guitariste du groupe. Pas facile de succéder à l’élégant Morse ou au divin Blackmore... Nous verrons plus tard dans ce papier s’il a réussi.
C’est donc avec ce nouveau six-cordistes plutôt typé hard rock que le groupe s’est mis à bosser sur ce nouvel album. Avec un titre franchement pas dingue -supposé symboliser l’unité actuelle du groupe, blabla- et une pochette... Parlons-en, de cette pochette ! Les sous, Deep Purple n’en manquent pas, ils peuvent largement se payer d’excellents graphistes, la pochette de Whoosh en est la démonstration ! Mais là, sérieux, du rien et trois coups de stylo ?! Quand les Beatles le faisaient en 68, c’était révolutionnaire. Mais aujourd’hui, c’est naze ! Espérons que l’album soit d’une autre tenue.
Vous aurez vu la note avant même de lire mes palabres : =1 est bon, très bon, pour ne pas dire excellent. Et ça, franchement, ça fait plaisir. Est-ce vraiment une surprise, cela dit ? Pas tant que ça : en effet, depuis le très sympa Now What en 2013, le groupe enchaîne les bons albums. Autant dire que mon attente concernant cette nouvelle livrée était costaude. Et s’il n’atteint pas le niveau de grâce (rooo l’autre, qu’est-ce qu’il raconte, encore ?), =1 est très réussi. Déjà, ça pourrait en rassurer certains, Deep Purple abandonne partiellement le style développé sur les dernières livrées. Fini le rock de vieux avec un peu de prog et de psyché dedans, ici on a du bon gros rock ! Alors non, c’est pas Machine Head, faut dire que les mecs approchent des 80 balais. Mais y’a une sacrée énergie dans ce disque et l’arrivée de McBride n’y est sûrement pas pour rien.
Rien qu’au premier titre, ça se sent : les boys sont revigorés ! Il faudra d’ailleurs attendre le sixième titre, la Rainbowienne (Temple of the King ?) et l’excellente If I Were You, pour les voir ralentir la cadence ! Une belle cadence qui culmine -pour l’instant- sur Old-Fangled Thing, un chouette titre sur lequel on a presque l’impression que Gillan nous raconte une blague en chantant. M’enfin, soyons honnêtes, on a souvent cette impression là. Aparté Gillan : presque 80 balais et il chante encore impeccable, sa voix n’a pas trop bougé depuis Perfect Strangers. Alors certes, il ne va plus chanter Child In Time, mais tout de même, quel chanteur ! Et entre son accalmie presque grave sur le blues I’ll Catch You et ses braillements aigus sur Now You’re Talkin’ (quelle énergie, quel titre !), il nous montre qu’il en a encore sous la pédale, le vieux !
Paice et Glover sont, comme d’habitude, irréprochables, sans surprise. Mais celui qui étonne, c’est Don Airey : il a mangé du lion, le coco ! C’est d’autant plus remarquable qu’Ezrin a sacrément bien mis son orgue en avant dans le mix et on constate qu’il est bien plus présent. S’il habillait les morceaux sur les albums précédents, cette fois il a l’air d’être constamment en duo ou en duel avec la guitare de McBride. Comme Lord et Blackmore à la belle époque, oui. Et il solotte sacrément bien, de surcroît. Écoutez donc l’excellentissime Lazy Sod (peut être bien le tube de cet album, d’ailleurs) et vous verrez.
Si de rock il est globalement toujours question, quelques titres ne manquent quand même pas de nous évoquer la pénultième livraison du groupe. Rien que Portable Door, le premier single sublimé par le fantastique solo de McBride n’était pas si déroutant. Tiens, et du coup, McBride ? Eh bien si j’aimais beaucoup le jeu de Morse, je suis tout à fait satisfait de son remplaçant. On sent qu’il a envie de riffer et de solotter, ses influences hard rock ne font aucun doute. Une belle prise pour Deep Purple, à qui la jeunesse semble faire du bien -du moins c’est ce qu’ils disent en interview.
Finalement, c’est Bleeding Obvious, le dernier titre qui nous rappelle le plus Whoosh. Bien plus aventureuse que le reste, évoquant Maiden et même David Bowie sur le magnifique pont, cette fermeture d’album est des plus réussies. À la réflexion, c’est évidemment mon titre préféré.
Donc voilà. Pas de coup de cœur cette fois, l’album n’étant pas aussi fabuleux. M’enfin, faut le dire, on est pas loin et ce =1 risque de pas mal tourner sur ma platine. Encore et toujours quand il s’agit de nos vieux groupes, on est en droit de se demander si ce sera le dernier. Et en droit d’espérer que non, parce que la bande a encore pas mal de choses à dire, surtout armée d’un nouveau gratteux. Mais on peut aussi se dire que si ça devait finir là-dessus, y’aurait clairement pas de quoi rougir !
Tracklist de =1 :
01. Show Me 02. A Bit On The Side 03. Sharp Shooter 04. Portable Door 05. Old-Fangled Thing 06. If I Were You 07. Pictures Of You 08. I’m Saying Nothin’ 09. Lazy Sod 10. Now You’re Talkin’ 11. No Money To Burn 12. I’ll Catch You 13. Bleeding Obvious