Artiste/Groupe:

Deep Purple

CD:

Whoosh !

Date de sortie:

Août 2020

Label:

earMUSIC

Style:

Rock

Chroniqueur:

Bane

Note:

18/20

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Si on m'avait dit que Deep Purple allait sortir un de mes albums préférés de l'année 2020, je n'y aurais jamais cru. Déjà parce qu'on est en 2020, que ces estimés messieurs se font vieux (Ian Gillan a récemment fêté ses 75 ans) et que le hard rock n'a absolument plus rien de hard du tout. On parlera de rock, de rock "raffiné" ou, plus vulgairement, de rock de vieux. Finalement, tout ça est un peu vrai. Mais aussi, et surtout en fait, parce que c'est Deep Purple, qui a toujours été le petit dernier de la bande pour moi. La bande en question, c'est les grands du hard anglais des 70's. Alors ouais, certes, y'avait une concurrence solide : Black Sabbath inventait tranquillement le Heavy Metal et Led Zeppelin inventait rien de moins que la perfection absolue. Difficile, dès lors, de faire mieux. Pourtant, Violet Foncé avait deux arguments de taille : Blackmore et Gillan, le génie et le gueuleur. Mais bon, comme j'aime à dire pour faire grincer des dents : "quitte à écouter Blackmore, autant écouter Rainbow". Et une fois que mon locuteur semble vouloir me tuer, je rajoute un provocateur : "de toute façon, Rainbow, c'est Deep Purple en bien".

Cela dit, malgré cette provocation et malgré le fait que je n'ai jamais vénéré le groupe, ben c'est quand même pas mal, Deep Purple. Rien que pour Machine Head, on ne peut pas dire que c'est de la merde ! Quel album, foutredieu ! Oui oui, allez, dis-le, Smoke on the Water, je sais. M'enfin perso, j'ai toujours trouvé cette chanson ultra banale, surtout qu'elle est dans un album qui s'ouvre avec rien de moins qu'Highway Star, mon titre préféré du groupe et un des plus grands morceaux de rock de l'histoire et qui se ferme sur Space Truckin'. Creusons un peu, écoutons... Mince, toute la période dite "Mark II" est fabuleuse ! Y'a même des trucs géniaux dans le "Mark I". Mince, Burn c'est pas mal non plus ! Et dans les 80's ? Ben Perfect Strangers, rien que ça ! Et un bon album avec Joe Lynn Turner, qui lorgne clairement du côté de Rainbow. Et une fois qu'on a perdu Blackmore, un des plus grands gratteux de tout le rock, on récupère qui ? Ah ouais, Steve Morse, pas un manche ! Bon, d'accord, je l'avoue : Deep Purple, c'est super !

Pourtant, je n'attendais pas spécialement ce disque. Tous les indicateurs pointaient vers le vert, mais bon, quand on est bête comme moi... Depuis 2013 et son acoquinement avec le légendaire Bob Ezrin, Pourpre Profond avait publié un honorable What Now?! et un fort réussi Infinite, qui sentait bon le chant du cygne. On s'était tous dit que c'était la fin et qu'ils partaient avec panache et, surtout, un chouette disque. Mais la bande à Ian Paice -ben oui, c'est quand même lui, le seul membre d'origine- n'avait pas encore dit son dernier mot. Et c'est en cette année étrange, après avoir été décalé de quelques mois, que Whoosh! arrive enfin ! Titre des plus étranges, pochette absolument sublime, la plus belle du groupe et de bons singles. Bon, on va donner sa chance au produit...

Une écoute à peine plus tard, je le savais : cet album est génial. Après la deuxième écoute, j'en étais sûr : ce Whoosh! sera un de mes albums de l'année, je vais l'acheter au plus et il va bien me falloir un milliard d'écoutes avant de m'en lasser. Rien que ça. Mais pourquoi donc, me demanderas-tu ? C'est bien simple, tu as vu la note : j'ai trouvé cet album tout bonnement excellent ! Parlons tout d'abord du son. Il est parfaitement irréprochable ! Il n'est ici nullement question d'un passéisme patenté, oh que non ! Ezrin fait un travail d'orfèvre et propose un son moderne, clair, propre... Du caviar pour les oreilles ! De ce que j'ai cru comprendre, ce cher Bob est à l'affut de toute nouvelle technologie liée au son. Il ne joue pas les puristes qui ne jurent que par l'analogique. Non, ce monsieur s'intéresse à tout pour donner à la musique toute la qualité et la clarté qu'elle mérite. Et ça se sent : bon sang, ce son de batterie est aux petits oignons. Tout est parfaitement à sa place. Même si je trouve que le clavier a parfois tendance à prendre un poil trop de place, ce qui me rend dingue quand ça empiète sur le travail de gratte de Morse. M'enfin sinon, c'est tout bon !

Et les musiciens dans tout ça, les vieux messieurs ? Ian Paice a toujours le groove qu'il faut, j'aime beaucoup son jeu. Si je lui préfère, forcément, la brute qu'était Bonham (en restant dans mon bête comparatif hard anglais 70's), il est clair que je l'ai honteusement sous-estimé trop longtemps. Il fait pile ce qu'il faut, sans trop en faire - le son aide peut-être - et se permet même des petites excentricités contrôlées (comme ce pattern tic-tac dans l'étrange Man Alive). Roger Glover se fait plus discret mais ses lignes de basse sont plutôt bien mises en valeur. J'ai une relation plus difficile avec Don Airey, vu que je supporte difficilement l'orgue Hammond... Heureusement, le bonhomme a des choses vraiment intéressantes à dire avec (coucou le bridge presque Jean-Sebastien-Bachien au milieu de l'incroyable Nothing At All) et se permet même de passer sur un piano à quelques occasions. Cela dit, comme je l'ai déjà mentionné, parfois il m'a empêché de profiter du jeu de mon champion : monsieur Steve Morse. Attention, cet homme est fantastique. Un touché classieux, un jeu élégant sans être dénué de techniques, du riff (ai-je mentionné Nothing At All ?), de la mélodie (les parties de gratte dans Long Way Round), du raffinement. Un vrai travail d'orfèvre, beau à s'en damner. Forcément, les emmerdeurs compareront avec Blackmore, tant il est vrai que la comparaison avec un guitariste parti du groupe depuis 30 ans est importante... Et Ian Gillan alors ? Il est évident qu'il ne criera plus comme à l'époque, que Child In Time, c'est fini. Faut dire que cette andouille s'est définitivement flingué les cordes vocales en hurlant dans Black Sabbath sur le sous-estimé Born Again. Cependant, il a de beaux restes, une voix toujours aussi agréable et il chante toujours aussi bien. De plus, son chant semble naturel et pas noyé dans les effets pour cacher les ravages du temps. On en a quelques uns ici et là, mais ce n'est pas du niveau de Gene Simmons sur les derniers KISS, c'est toujours ça de gagné. Par contre, en terme de paroles, rien de bien glorieux, ça reste assez naïf et un poil cul-cul...

Si j'ai toujours ce petit problème avec le fait que Deep Purple ne compose qu'en assemblant des bouts de jam ici et là, ça ne m'a pas trop dérangé ici. Rien ne dépasse, aucun passage n'a "rien à foutre là". Les compos sont toutes bonnes, aucun morceau ne me prend la tête. On retrouve, forcément, des morceaux rock, sans fioriture : Throw My Bones ouvre l'album d'une fort belle manière, toute en swing et en élégance (superbe solo), Drop The Weapon se fait ultra efficace avec un chouette refrain, What The What est un petit bijou teinté rock'n'roll 50's (chouette solo de piano d'Airey). Cela dit, la grand force de l'album est de faire cohabiter ces titres classiques avec d'autres, plus expérimentaux. Prenez Step By Step, par exemple, avec son intro au clavier presque horrifique. Que dire aussi de Long Way Roud, dont la dernière minute va presque chercher du côté du prog ! Évidemment, les plus dignes représentants de ces titres "étranges" sont les magnifiques The Power of the Moon et Man Alive, qui pouvait largement fermer l'album et la carrière du groupe à elle toute-seule. Beaucoup d'ambiances très bien travaillées, de nappes de clavier et de soli à tomber. L'album se ferme avec And The Adress, un instrumental qui est en fait une reprise de celle qui ouvrait le tout premier album du groupe, il y a plus de 50 ans de cela. De là à parler d'adieu, il n'y a qu'un pas... Que je ne ferais pas, puisque j'ai acheté l'édition deluxe de l'album, qui contient un titre bonus pas vraiment mauvais mais un poil anecdotique (et qui casse un peu cette idée de finir l'album de manière aussi symbolique). Je me permets de conclure ce paragraphe en citant mon titre préféré de l'album : Nothing At All. Rien à rajouter, écoute-le et pleure.

En définitive, comme je l'ai dit dès le préambule de cette trop longue chronique, ce Whoosh! risque de m'accompagner pendant pas mal de temps et je ne vais pas m'en lasser tout de suite. Deep Purple, après plus de 50 ans de carrière et 21 albums, nous sort un album absolument excellent de bout en bout, livré avec une pochette superbement élégante. Un mot rapide sur l'édition deluxe : un titre bonus, un chouette digibook, une petite interview de Glover et Ezrin (j'aurais préféré un petit making-of, pour voir un peu les jams) et leur live au Hellfest 2017. Pas mal du tout, ça vaut le coup, tout ça ! Évidemment, vu l'âge des messieurs, on se dit que ce sera le dernier. Si c'est vraiment le cas, on pourra clairement saluer la performance du groupe et ce serait un bien bel adieu ! Prenez-en de la graine, tous autant que vous êtes ! Cela dit, à les entendre, il semble qu'ils n'aient pas l'intention de s'arrêter tout de suite et rien ne dit qu'ils ne reviendront pas dans quelques années...

Titre préféré : Nothing at All

C'est au top aussi : tout le reste

Tracklist de Whoosh! :

01. Throw My Bones
02. Drop The Weapon
03. We're All The Same In The Dark
04. Nothing At All
05. No Need To Shout
06. Step By Step
07. What The What
08. The Long Way Round
09. The Power Of The Moon
10. Remission Possible
11. Man Alive
12. And The Adress
13. Dancing In My Sleep (bonus track)

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