Affiche pour le moins hétéroclite que celle de ce soir avec autour des devenus incontournables Tambours du Bronx un plateau ma foi très diversifié. Au programme trois dates françaises sous ce format et il aurait été dommage de ne pas en profiter surtout que c’est la chouette salle du Bikini qui accueille cette belle soirée en ce week-end pascal. Et déjà une belle file d’attente à l’extérieur preuve d’un vrai succès populaire. C’est parti pour une grosse soirée bien dense et qui va réserver quelques surprises.
Nous sommes vendredi soir, les amoureux de la nuit attendant que le Bikini en mode boite de nuit n’ouvre ses portes à minuit, la soirée commence donc à 18h50 pour le premier groupe, soyons francs, c’est bien tôt surtout que le groupe concerné fait partie des chouchous de l’agglomération toulousaine. En voyant ce plateau, j’ai immédiatement songé au compère Jean-Mich’Hell qui de sa Charente tant aimée ne peut que valider une partie des groupes présents ce soir. Psykup c’est parmi ses groupes coup de cœur et il ne m’en dit que du bien lorsque leur sujet est évoqué. Idem pour les Tambours du Bronx dont on parlera plus loin. Mais commençons par le commencement avec les locaux étiquetés autruche-core qui ouvrent cette soirée. On s’en souvient, le groupe avait changé de vocaliste en 2021 et en terme de qualité de show proposé, on n’avait pas noté de baisse de niveau lors d’un récent Bikini où clairement, le groupe a ses repères et se sent « dans sa deuxième maison ». Je suis ravi de les retrouver car la dernière fois, je dois confesser avoir été moyennement concentré après il est vrai un show dantesque des Pogo Car Crash Control et un France-Angleterre de Grand Chelem le même soir ce qui pour un toulousain est un moment important, surtout depuis quelques années alors que nos Bleus dominent régulièrement la perfide Albion.
Un backdrop nous accueille avec cette tête d’autruche caractéristique… et ma foi un brin flippante. Elle ne cessera de nous dévisager tout le show. Le groupe monte sur scène à l’heure (je dois avoir du sang suisse mais j’aime que les horaires annoncés soient respectés !) et d’entrée, la clarté de la mise en son impressionne. On comprend tout nickel, c’est bien dosé, peut-être un manque de puissance mais rien de problématique. Et c’est heureux que ce job soit bien assuré car avec Psykup, il faut s’accrocher. Ça part dans tous les sens, des passages bien barrés, d’autres riffs estampillés core défoncent tout, ça le fait bien mais fichtre que c’est versatile. Julien Cassarino est clairement aux commandes question communication avec le public mais ce dernier, un peu timide en ce début de soirée, réagit par des bons vieux pogos. Le leader de Psykup nous précise bien leur joie d’être convié sur ce plateau qualifié à juste titre « d’éclectique ». Un bon gros wall of death aura lieu vers la fin du show et Psykup conclura un très bon show, excellemment sonorisé et très plaisant à suivre. Clairement un groupe à part qui continue de tenir sacrément bien la route.
Nanowar Of Steel
Après ce très bon début, place au groupe qui me laisse perplexe sur le programme du soir. Déjà à la base, je ne suis pas réceptif au style parodique (Ultra Vomit fait un boulot remarquable mais voilà sans plus pour moi-même si je les trouve très drôles). Et comme en plus, Manowar est un groupe que je connais mal, on part du mauvais pied (je découvrirai rapidement qu’il n’y a aucun lien direct, juste une bonne vieille vanne sur le nom du groupe). M'enfin, soyons ouverts et essayons. Les musiciens débarquent déguisés, déjà je tique un peu mais allons pourquoi pas. Puis l’un des deux chanteurs en tutu rose tourne le dos au public, se penche et nous présente son postérieur. Son acolyte second frontman tend son micro et une voix off (ouf !!) nous narre un petit speech avant que la musique ne démarre. Sincèrement, à ce moment, j’oscille entre consternation et dépit. Les italiens attaquent fort mais se donnent les moyens : écran géant qui projette des vidéos déjantées, encore une très bonne mise en son. Les deux chanteurs alternent chorégraphies improbables alors que le groupe intègre des passages cultes décalés (Stayin’ Alive qui donnera une choré disco) à leur power metal très catchy et hyper accessible. Les italiens accumulent les références metal de Varg Vikernes (Norwegian Reggaaton) àMetallica(The Call Of Cthulhu).
Si je rentre en douceur dans leur show, c’est que la musique est bien fichue même si un léger sentiment de playback m’a parfois traversé l’esprit médisant que je suis. Une très maline reprise de Brassens fait un bel effet sur un auditoire amusé et participatif ce qui tendrait à confirmer que je suis peut-être le souci à émettre quelques réserves. Pour finir ce show passé très vite et honnêtement bien construit, le dernier morceau nous conte un Odin rentré en Suède et en reconversion chez Ikea, un titre qui m’a semblé plus profond qu’il n’y paraissait de prime abord en en disant long sur les évolutions du monde occidental délaissant le spirituel pour un consumérisme par essence insatisfaisant.
Ouvertement décalé à l’instar de nos Ultra Vomitnationaux ou Grailknights allemands (qui eux font faire des squats et autres burpees à leur public), Nanowar Of Steel a fourni un show là encore très plaisant (dans un autre registre) et bien assuré. Si je n’irai pas écouter ça chez moi, l’idée de les revoir en live ne me déplairait pas. Dans un état d’esprit plus ouvert et en toute connaissance de cause. Un bon show, apprécié et garant de l’éclectisme vendu plus tôt.
Alors ça, c’est la bonne surprise de la soirée. Les excellents Klone sont là et j’en suis bien heureux car j’ai bien apprécié leur dernier disque et n’ai pu les voir sur scène pour défendre ce dernier donc là me voilà ravi. De là à dire que c’est la principale raison de ma venue, il n’y a qu’un pas que je franchis sans problème. Le public allant et venant avec le patio extérieur, j’en profite pour m’avancer et me positionner devant la guitare de Guillaume Bernard et son éternel faux air du Jean-Marc Barr version Jacques Maillol. On change totalement de registre avec le show précédent, la scène est très peu éclairée, les guitares sont très lourdes et denses, Klone est dans la place et la magie opère d’entrée même si la voix de Yann Ligner est un peu noyée dans le mix en début de show ce qui sera vite corrigé.
En fait, Klone va multiplier les problèmes techniques pendant ce concert entre projections qui marchent moyennement (avec ce bel écran d’ordinateur bleu très Windows 98), samples qui ne démarrent pas devant des musiciens qu’on sent un peu gavés. Et pourtant, Klone n’a pas besoin de ça pour emporter un auditoire conquis et attentif avec toujours ces mélodies sublimes. Le climax est atteint avec un Silver Gate d’anthologie et ce final d’une beauté à couper le souffle. Yonder, sans sa très immersive intro de fait, achève un public ravi, Yann poussa sa voix avec quelques cris surpuissants. Toujours aussi incroyable ce chanteur. Klone en dépit d’un contexte technique compliqué a assuré et n’aura manqué que Nebulous pour nous offrir le show musicalement parfait.
C’est la BO de l’exceptionnel Social Network qui est passée dans la sono alors que les fameux Tambours du Bronx s’installent, première pour moi et dont on ne me dit que du bien. C’est donc l’occasion d’observer cela. La scène est quasiment intégralement occupée car il va y avoir du monde sur scène au-delà des neuf cogneurs en chef. Ajoutons deux guitaristes, un bassiste, un batteur et une personne en charge des platines. Et bien sûr deux hurleurs ce soir qui vont se relayer pour gérer le chant, Reuno et Stéphane Buriez. Néanmoins, malgré une légère impression de pagaille organisée, sauf pour tous nos cogneurs, le rendu est absolument dément et je renvoie le lecteur pour l’excellent report de Jean-Mich’Hell lors d’une récente date automnale. Le show est redoutable de puissance, les tambours assurant un job incroyable. La force de frappe (c’est le cas de le dire) est bien présente. Je suis un poil réservé sur les deux frontmen qui certes naviguent avec peu de place mais sont vocalement un peu justes (Buriez surtout sur le medley Sepultura pourtant dans son registre de prédilection) mais la scène est bien tenue. Comme le rappelle Reuno, à Toulouse « même les mémés aiment la castagne » (Nougaro pour la référence) « alors je veux voir le pit se déchaîner ». Et ça fonctionne bien, c’est chaud là-dedans, la soirée fut longue mais il reste de l’énergie. Un show d’une heure passée à une allure folle, un Dragula dantesque pour achever un auditoire ravi, les Tambours ont assuré comme des chefs et je dois dire que ne les ayant jamais vus, j’ai été très impressionné.
Une soirée placée sous le signe de l’éclectisme (et ça le fut !!), quatre groupes tous excellents dans leur registre pour une très belle soirée, très réussie et passée à une vitesse folle.
PS On notera que les Tambours (véritable phénomène scénique) seront très présents sur scène en 2024 dont un Furios Fest à Saint-Flour dans le très beau Cantal à la fin de l’Eté pour deux journées présentant une affiche délicieuse.