Groupe:

Hellfest - Jour 2

Date:

28 Juin 2024

Lieu:

Clisson

Chroniqueur:

ced12, Diable Bleu

Deuxième jour et nous voilà fin prêts, maîtrisant mieux le site. On a le droit de ne pas être bon mais pas deux fois de suite. Alors que mon compère fonce pour Ereb Altor, je me préparais à aller voir Karnivool, chouette groupe de metal progressif mais deux jeunes très sympathiques (comme le sont tous les festivaliers croisés, la bonne humeur et la sérénité qui règnent en ce lieu ne cesseront de nous épater) me branchent sur mon t-shirt à l'effigie du groupe Terror. Et eux de me motiver pour aller rejoindra la War Zone pour Speed, groupe de hardcore australien présenté par leurs soins comme le potentiel futur Turnstile. Forcément, la curiosité est piquée et il devient nécessaire d'aller vérifier leurs dires.

Speed

Bien m'en fut car le show m'a bien plu. Speed envoie la sauce, il y a du gros break et le groupe déchire tout sur une Warzone prête à s'enflammer en ce jour où la très grosse programmation alterne jeunes pousses et vieilles gloires. Fait amusant, dans Speed, s'il y a un chanteur (plutôt charismatique au passage), il passe le micro à son guitariste et son bassiste les relayant sur leur instrument respectif pendant que ces derniers s'éclataient au chant. Original et finalement assez hardcore dans l'esprit. On se fait plaisir et on envoie la sauce. Un très bon show pour lancer une grosse journée. L'Australie continue de livrer nombre de talents et Speed sera incontestablement à surveiller pour les afficionados du style.

Klone

Nous nous retrouvons ensuite sous l'Altar pour le show des excellents Klone. Habitués du lieu pour leur quatrième venue, le gang régale avec leur rock metal délicieux, truffé de belles mélodies. Un nouvel album arrivant en novembre, on a droit à un inédit (spoiler alert, ça le fait bien !) et si le son ne nous semble pas au niveau de la musique classieuse du combo poitevin, le concert est un plaisir. Klone valeur sûre devenue référence. Et déjà une Altar qui sature de public tant le groupe a attiré du monde. Klone bénéficie d'une sacrée côte, c'est mérité car la qualité est là, le job réalisé à merveille.

Fear Factory

Un petit passage par Fear Factory vu de loin sur la Main Stage. Que dire si ce n'est un gros show best-of des américains. Les hymnes iconiques tabassent, le nouveau chanteur fait bien le job et la main droite de Dino reste une référence absolue. Un super pote à moi, bon guitariste de son état, le vénère pour le jeu de cette main droite qui gère la rythmique avec une aisance incroyable. Fear Factory a remis la marche avant, ça fait plaisir et pas qu'à moi vu le très bon accueil reçu (qui m'a semblé supérieur à celui de Kerry King la veille au passage ce qui m'a surpris). La récente tournée française avait rassuré, Fear Factory se porte bien. On attend la suite désormais car là, le groupe a déroulé une setlist sans risque mais le contexte avec le récent recrutement d'un nouveau frontman impose au groupe de faire du classique. Et puis Replica reste un hymne absolu. 

Einar Solberg

Retour sous l'Altar avec le show d'un artiste que j'ai mis du temps à vraiment apprécier mais qui depuis ne cesse de me subjuguer et dont je suis devenu grand fan. Einar Solberg est là en solo avec son album ... solo et c'est un régal. Pop classieuse, chant devenu iconique dément, musique qui vous emporte, Einar Solberg subjugue en délivrant un show presque intimiste (on est au Hellfest, l'intimité ça n'existe pas en enfer). Un très beau moment, tout en finesse et élégance, hyper qualitatif. Et la confirmation, s'il en fallait une, de la qualité de ce disque solo avec quelques pépites au programme. Et aussi la classe du garçon qui n'a pas eu recours à des reprises de Leprous ce qui eut été plus facile. Un chouette moment.

Polyphia

Incroyable enchainement avec un show hyper attendu sur la Main Stage avec les phénomènes de Polyphia. Je les avais chroniqués mais je dois avouer que je demandais une confirmation live du groupe dont la hype semble immense. Le Diable Bleu me confie ne pas trop savoir quoi en penser en amont et je le rejoins. Incroyablement original avec un rock instrumental de haut vol, techniquement délirant, le groupe épate mais n'évite pas le risque de tomber dans l'esbrouffe. Aussi, la formule est assez répétitive avec un jeu très particulier. Pour ma part, je suis rentré dans le show et j'ai adoré ce concert passé à une allure folle donc le côté un peu "formule" de Polyphia m'a parfaitement convenu. Rentrant dans un univers qui leur est singulier, le show intrigue et emballe. Je n'ai certes pas spécialement compris le besoin de demander des wall of death au public, la musique du groupe ne s'y prêtant pas. Le groupe a joué le jeu du modèle "festival" et le second guitariste a bien pris en main l'animation du show conscient du fait qu'il jouait dans un tel contexte quitte parfois à en faire trop à mon sens. A mon avis, en live en format salle, ça doit bien moins communiquer et plus envoyer du morceau. Clairement ça tricote, ça frise la br... de manche mais quel jeu et en plus c'est très visuel. En tout cas, c'est hyper original, le soleil écrase tout et je passe un super moment. Une offre un peu différente, idéale en Fest. Après, c'est tout de même réservé aux initiés de la guitare selon moi tant c'est spécifique. Reste que c'est super bien fichu et bluffant techniquement. Même pour qui n'est pas réceptif, c'est probablement un peu excluant.

Satyricon

De retour à la Temple, nous écoutons depuis la fosse de l'Altar Satyricon qui reçoit un très bel accueil avec un show solide et pour le coup doté d'un bon son. Le black des norvégiens reste haut de gamme et apprécié du public. Le groupe est un autre valeur sûre en Fest et confirme son statut.

Amorphis

Mais nous attendons de pied ferme Amorphis et son death mélo haut de gamme très apprécié du Diable Bleu, attachant camarade de Fest au goût exigeant. Le son moyennas de l'Altar (décidément !) n'y change rien, Amorphis déchire et le débat sur l'immense qualité de Queen Of Time n'est pas trop animé tant nous sommes d'accord. De même que sur la moindre qualité du dernier effort. Le show est très bon, le chanteur est toujours épatant alors oui, ça bouge peu sur scène, oui ça manque de charisme mais c'est exécuté au poil, c'est impeccable et le rendu général est envoûtant. 

Amorphis reste une valeur très sûre et un groupe enthousiasmant. Et ce chanteur qui alterne vocaux clairs et growlés, c'est juste sidérant techniquement. Un peu plus tard et de loin, nous constatons que Shaka Ponk joue le jeu tenant bien la route sur cette immense scène. Quelques riffs envoient bien avec un gros son mais le groupe revenant vite à une musique plus popisante, c'est de fait moins à notre goût. Le job semble pour autant bien fait, le public bien présent. Devenue une référence rock français, la légitimité du groupe en ces lieux ne souffre aucune contestation surtout vu le spectacle proposé digne d'un Fest de ce standing. 

Fu Manchu

N'ayant rien à faire de plus que de prendre une peu de repos ou de vider une ultime pinte avec l'ami Ced, je partis tout de même musarder en direction de la Valley, histoire de rencontrer l'ambiance nocturne de cette scène devenue mythique, et ainsi en profiter pour faire deux à trois photos souvenirs. Les événements les plus marquants sont souvent inhérents à une rencontre inattendue, improbable, on le sait bien, d'autant plus qu'elles ne sont pas légions. La prestation de Fu Manchu, ainsi introduite, vous comprenez aisément que celle-ci relève de la divine surprise. De celle qui vous laisse les yeux ébaubis et les oreilles délicieusement excitées. Le son est bon (enfin), les compères délivrent un show simple, naturel, peu violent et charismatique ... presque d'un autre temps. Douce nostalgie rayonnante s'écoule naturellement dans cette verte Valley, Fu Manchu assure grave sur scène.  Deuxième belle découverte pour le Diable Bleu.

Biohazard

J'allonge le pas direction la War Zone où une légende du hardcore se produit. Ce n'est pas par hasard mon t-shirt du jour et Biohazard va mettre une grosse branlée à une War Zone combative. Le son est surpuissant, le groupe déchainé, ça bouge de partout, les grattes écrasent tout. Bien qu'accusant le poids des années, les musiciens tatoués de partout envoient encore sacrément du brin. Une leçon de hardcore par un des cadors du genre que j'ai enfin vu live. Dévastateur. Un show d'une intensité inouïe. Au retour, je cherche désespérément à avoir le résultat du match de rugby et les difficultés à avoir du réseau me compliquent la tâche. D'ailleurs un souci ces difficultés de réseau qui nous imposeront une certaine rigueur pour bien nous retrouver avec le Diable Bleu. Un sympathique festivalier me fournit la réponse provoquant ma joie avec la victoire du Stade Toulousain. Hors sujet complet en ce lieu où le festivalier est plongé dans un monde parallèle, hors du Temps qui, ici, ne semble pas du tout s'écouler dans un étonnant paradoxe tant la gestion des horaires est en réalité une nécessité / obsession pour le fan à l'affut des groupes qui vont l'intéresser. Le concept Festival reste fascinant offrant un "ailleurs" très plaisant et psychologiquement bluffant. Les "difficultés" (relatives soyons justes) lors des retours dans la "vraie vie" confirment bien ce point. 

Mork

Une petite session photo pour Le Diable Bleu qui s'en va prendre des clichés du groupe de black metal Mork, l'occasion pour nous de décrire brièvement le process. Les photographes bénéficiant d'un pass média se mettent en ligne sur le côté de la scène dédié suivant une règle très basique du "premier arrivé, premier servi" puis ils entrent dès le premier titre. En fonction des groupes, on leur demande gentiment de laisser la place à une autre vague et cela ne peut durer plus de trois chansons, parfois moins, rarement plus (même si une belle exception à ces règles sera offerte lors d'un grand moment le dimanche) Ensuite, les photographes sont évacuées par l'autre côté de la fosse et peuvent ainsi rejoindre un autre show ou attendre le suivant comme ça peut être le cas entre l'Altar et la Temple qui partagent la même zone de barrière. Une fois le mode de fonctionnement intégré, c'est assez facile et globalement, on retrouve pas mal de photographes qui semble se régaler quand ils n'échangent pas entre eux dans l'attente du prochain concert. A ce jeu-là, les groupes de black ont la côte, très visuel et donc un régal pour les amoureux de la pellicule (on me pardonnera cet anachronisme à l'heure du numérique). A noter que pour les "gros groupes", il faut s'inscrire sur des listes mais malgré nos quelques demandes, nous n'avons pas forcément compris comment se déroulait cette inscription. 


Machine Head

Le concert de la tête d'affiche du jour va terriblement me frustrer. Il convient de me comprendre, j'adore Machine Head et en live c'est un must, pour moi un des meilleures groupes sur scène, et ce peu importe les line-up qui ont accompagné l'inamovible Robb Flynn. Sauf que sur une Main Stage au Hellfest, la donne change. Devant ça s'amuse mais moi je suis au fond du parterre (prière de ne pas me juger, j'ai 42 balais !) et je profite moins du show surtout qu'autour ça ne bouge pas. Difficile donc de rentrer dans ce concert par ailleurs très solide et doté d'un son surpuissant. Après les avoir longtemps boudés, Robb Flynn est enfin de retour en Fest et en pleine forme. Grosse setlist, un Ten Ton Hammer dantesque envoyé juste après un Imperium canon. Un bon show, bien mené dont on retiendra l'explosif Bulldozer très efficace dans ce contexte. Reste cette problématique "trop loin de la scène pour être dans le show" (que je retrouverai pour Metallica) mais un Machine Head en forme. Point notable, Vogg Kieltyka s'en est retourné chez Decapitated et c'est Reece Alan Scruggs (Havok) qui est présent sans qu'on sache trop s'il est en dépannage et qui occupe vraiment le poste. En live, pas d'inquiétude, ça le fait et de toute façon, c'est Robb le boss. Concert en soi satisfaisant mais au vu des "conditions" que j'ai trouvé frustrant j'y reviens. Mais c'est Machine Head, je les adore et y reviendrai avec plaisir mais là cela ne m'a pas convenu. 

Très belle deuxième journée au final, qualitative, mieux gérée en plus (heureusement nous progressons avec le Diable Bleu !). Nous avons trouvé notre rythme et c'est heureux car le troisième, le plus long pour nous, s'annonce dantesque. 

 

 

 
 
 
 
 

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