Le 26 mai dernier, la salle mythique de l'Olympia accueillait un artiste dont on ne pourra pas dire qu'il se fait rare sur scène avec son groupe principal mais dont les concerts consacrés à sa carrière solo sont beaucoup plus exceptionnels. En effet, la dernière fois que le fameux Bruce Dickinson (puisque c'est lui dont on parle) s'est produit avec d'autres musiciens que ceux de Iron Maiden a eu lieu, si je ne dis pas de bêtises, en 2002. Voir ce vocaliste légendaire dans une aussi belle salle (et nettement plus "intimiste" que les arènes dans lesquelles Maiden se produit régulièrement) était donc une occasion à ne pas manquer. D'autant plus que le dernier album en date du monsieur, The Mandrake Project, est loin d'être inintéressant. Evidemment, l'événement était annoncé complet et quand je rentre dans l'Olympia, celui-ci est déjà bien bondé... Normal, je ne suis pas en avance et le groupe de première partie, Black Smoke Trigger, a déjà entamé son set. Le groupe néo-zélandais balance un gros hard alternatif boosté par un son énorme (et très fort... toutes les premières parties ne sont pas aussi gâtées). Pendant le set, la fosse et les gradins sont très calmes, probablement parce que, comme moi, la plupart des gens découvre le groupe... en revanche, entre les morceaux, le public applaudit chaleureusement, preuve que Black Smoke Trigger sait y faire. Leur mélange de rock / hard mélangeant influences old school et modernes fait battre du pied ou dodeliner de la tête sans difficulté. La proposition est plutôt musclée et il n'est pas compliqué de se laisser entraîner par des titres énergiques comme l'efficace K.M.T.L, par exemple. Le guitariste se place sur le bord de la scène, au milieu, pour livrer des petits solos bien fichus... et le chanteur arpente la scène avec décontraction. Un peu plus tard, c'est Caught In The Undertow, un titre plus lourd avec une vibe proche d'un Alice In Chains qui marque des points... mais c'est surtout la plus enlevée Blindfolds & Rattlesnakes, parfaite pour conclure le set avec son refrain tout en "Wo-ho-hoooo" fédérateurs, qui emporte l'adhésion de l'assistance... le chanteur se sera même fait plaisir en faisant chanter l'Olympia (ou du moins une bonne partie de la salle). Un set puissant et agréable... bref, une découverte bien sympa. Après ce sympathique apéritif, il nous tarde de voir Bruce et ses acolytes. A 20h50, les lumières s'éteignent enfin et l'intro de la série télévisée Les Envahisseurs retentit dans la salle... puis le très court interlude Toltec 7 Arrival qui nous fait penser que Dickinson ne va peut-être pas entamer son set avec une nouveauté extraite de The Mandrake Project mais un titre plus ancien de l'excellent Accident Of Birth. Bingo, c'est justement la chanson titre de ce disque paru en 1997 qui ouvre le bal. Les fans secouent leur tête, lèvent le poing, font du devil's horns à tout va et, surtout scande le fameux "Welcome Home" du refrain comme un seul homme. On s'en doutait un peu mais le frontman tient déjà son public dans le creux de sa main... ça n'aura pas pris beaucoup de temps. D'entrée de jeu, le son est puissant, les sbires de Bruce sont bien en place (on remarque tout de suite la bassiste Tanya O' Callaghan qui secoue ses longs dreadlocks ou le claviériste Mistheria coiffé d'un chapeau haut de forme noir et armé de son keytar rouge) et le public est conquis. Sans temps mort, le groupe enchaine avec l'enlevé Abduction (roh... facile, celle-là) et la plus heavy rock Laughing In The Hiding Bush... Trois morceaux, trois albums différents représentés... mais toujours pas de Mandrake Project en vue ! Patience, la quatrième chanson proposée ce soir n'est autre qu'Afterglow Of Ragnarok... introduite par le frontman dans notre langue : "Il n'est pas la fin du monde, non... c'est le commencement du nouveau monde... The Afterglow of Ragnarrrrrock". Son riff puissant et sa rythmique sautillante se révèlent imparables... l'Olympia se régale. Un cinquième album est sur le point d'être représenté pour la première (mais certainement pas la dernière) fois : c'est The Chemical Wedding avec sa chanson titre. A la fin de ce morceau, les fans acclament longuement Bruce (il faut dire que le chanteur, du haut de ses soixante-cinq ans, se montre en grande forme... il bouge, arpente la scène dans tous les sens et sa voix impressionne...) qui décide alors de se lancer dans long speech en français comme il les affectionne. Il attaque avec "Paris, c'est ma maison, oui, ha ha ha haaaa...". Il nous promet des chansons du nouvel album, des anciens albums, de toute sa carrière (ce sera vrai... sauf en ce qui concerne Tattoed Millionnaire, seul disque du monsieur à être "boudé"), il nous informe aussi qu'il a une petite grippe (alors là, je ne l'avais pas remarqué... Dickinson grippé, continue d'enterrer une bonne partie de la concurrence) et nous explique que la chanson suivante parle de vampire féminin qui veut redevenir humaine... "et pourquoi ? Parce qu'elle préfère faire l'amour avec les humains... c'est meilleur que manger ta copain". Voilà, j'adore les interventions de Dickinson en français. Et Many Doors To Hell, puisque c'est ce titre dont il s'agit, nous régale bien aussi. On va être raisonnable et ne pas passer tout le concert en revue, titre par titre ou discours par discours, sinon on est encore là dans une heure. Que dire ? Que Dickinson et son équipe joueront au total quatre titres de The Mandrake Project et que Resurrection Men sera un de ceux qui me plaira le plus (Rain On The Graves passe très bien également), déjà parce qu'il est très bon et en plus parce que Bruce se joint à ses camarades pour jouer des percussions pendant le morceau. Ce petit esprit "jam" en famille, on le retrouvera un peu plus tard sur la reprise du morceau instrumental Frankenstein du Edgar Winter Group, très différent du reste du set, assez psyché (ce sera aussi le cas visuellement puisque l'écran de fond de scène sera riche en couleurs à ce moment du concert)... on notera d'ailleurs qu'à la fin de celui-ci, le frontman se fera plaisir avec une petite séance de thérémine. L'album qui gagne la palme du disque le plus représenté ce soir est sans conteste, The Chemical Wedding, avec pas moins de cinq compos dans le set ! En plus de la chanson titre dont on a déjà parlé, on aura le droit à Jerusalem, The Alchemist et, en rappel, Book Of Thel (bien pesante) et The Tower (plus enlevée, qui offre une conclusion pêchue à la soirée). Les ambiances sont variées, on navigue d'un album à l'autre et quelques moments acoustiques s'invitent à la fête, comme sur Jerusalem, Navigate The Seas Of The Sun (deuxième et dernier extrait de Tyranny Of Souls, joué en ouverture de rappel) ou l'imparable et attendue Tears Of The Dragon sur laquelle, en effet, on constate que Dickinson est un peu plus à la peine, vocalement parlant (mais il reste très digne, il a juste un peu plus de mal à atteindre certaines notes et contourne parfois la difficulté). Il en reparlera brièvement en début de rappel : "Désolé pour la voix... on continue et si on a un problème, vous chantez les chansons pour moi, oui ?". Franchement, pas vraiment de quoi s'excuser, même si quelques petites fragilités apparaissent ici ou là, le Brousse est globalement impérial. Beaucoup de chanteurs non malades ne s'en sortent pas aussi bien. Ce que je retiens de tout cela, c'est une super ambiance, très chaleureuse et fun, sur scène comme dans la salle. On aura d'ailleurs eu des moments presque Maideniens en terme de intensité et de festivité, comme sur Darkside Of Aquarius avec ses "Wo-ho-ho" clamés en chœur par les fans. Je retiens aussi un groupe bien mis en valeur qui a l'air de s'éclater, un set généreux qui s'est étalé sur presque deux heures (à quelques minutes près), un Bruce très sympathique et charismatique (bon, ça n'est pas vraiment une découverte... mais ça fait toujours plaisir de le retrouver) et en belle forme malgré le fameux état grippal évoqué. Bref, une très belle soirée ! Peut-être que parmi ceux qui n'ont pas eu la chance d'être présents, certains pourront se rattraper au Hellfest (m'est avis que ce ne sera pas le pire concert du festival). Et sinon, pour les autres, Dickinson a laissé planer une question à la fin de son show : la prochaine fois, deux Olympia ou un Zénith ? Un grand merci à Olivier Garnier de Replica Promotion pour l'accréditation et à Antoine de Montremy (Les Improductibles) pour les photos ! Setlist de Bruce Dickinson : Intro (The Invaders / Toltec 7 Arrival) Accident Of Birth Abduction Laughing In The Hiding Bush Afterglow Of Ragnarok Chemical Wedding Many Doors To Hell Jerusalem Resurrection Men Rain On The Graves Drums Solo Frankenstein The Alchemist Tears Of The Dragon Darkside Of Aquarius ---------------------------------------- Navigate The Seas Of The Sun Book Of Thel The Tower
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