Je ne sais pas si vous le saviez, mais votre fidèle chroniqueur
Blaster est un être humain de grande valeur - bon, moi aussi, hein, mais moins. Aussi, quand il
voit qu'Evil Invaders passe à Paris, il a tôt
fait de m'embarquer pour qu'on aille les voir. Parce qu'Evil Invaders, c'est pas de la
gnognotte pour moi. Un sacré bon p'tit groupe, que j'adore depuis l'enchaînement de l'EP In For The Kill (celui qui contient ma chanson
préférée du groupe, à savoir Raising Hell) et de l'excellentissime
album Feed Me Violence. Et si j'ai pu dire des trucs un peu
méchants sur le petit dernier à sa sortie, sachez que j'ai largement revu
mon jugement depuis. Bref, je les aime très fort, ces petits Belges, un de mes groupes
contemporains préférés.
Donc, forcément, j'attendais qu'ils passent à Paris depuis
2017, ce fut long et c'aurait été bête de rater ça. D'autant plus que, le
même soir, jouent également les thrasheux de Warbringer, groupe que je ne connaissais que de nom avant ce
concert mais dont beaucoup de monde, Blaster compris, disait le plus grand bien. Bon ben hop, allez,
j'enfile mes chaussures et un t-shirt Kiss (j'ai que ça, comme t-shirt de groupe)
et je fonce vers la capitale. À noter que deux autres groupes sont à l'affiche :
Mason et Schizophrenia, deux groupes dont je n'avais absolument jamais
entendu parler. Boarf, on n'y allait pas spécifiquement pour eux mais on n'est pas à
l'abri d'une bonne surprise.
Blabla, ellipse : me voilà devant le Backstage By The Mill, lieu
dont je n'ai absolument jamais entendu parler, situé juste à côté - mais
vraiment hein, ils sont voisins - du fameux Moulin Rouge. Et voilà mon estimé comparse, le
sémillant Blaster qui arrive. Nous nous dirigeons donc vers la salle, qui est en fait une
arrière-salle presque planquée au fond d'un bar. Pas d'un bar de hardos, hein, non non,
ils passent de la pop/électro, bizarre. Cela dit, quand on se rapproche du fond, l'on entend
déjà des douces mélopées death/thrash qui échappent du Backstage. Un
peu bizarre mais amusant.
Bon, manque de bol, Blaster et moi n'avons pas pu voir le premier groupe
de la soirée, les fameux Mason. Et c'est vraiment dommage. En effet, en roulant
vers Paris, j'ai pris le temps d'écouter quelques titres de ces messieurs, histoire de savoir ce
qu'on allait louper. Et ça m'avait l'air vraiment pas mal du tout, un p'tit thrash pas
révolutionnaire mais suffisamment bien fichu pour que je me mette ça de côté
pour y revenir plus tard. J'aurais bien aimé voir ce que ça donnait sur scène. Ils
ne vendaient même pas un petit EP pas cher au stand du merch, zut.
On a failli totalement louper Schizophrenia, aussi. En
tout cas, on en a loupé une bonne partie. Mais j'avoue trouver ça un peu moins dommage, le
peu qu'on a vu ne m'a pas franchement convaincu plus que ça. Les p'tits gars jouaient une
espèce de thrash/death, très influencé par le Sepultura première période, comme leur nom
l'indique, donc un truc qui ne me parle pas tant que ça. Ça bourrine un peu dans le vide
mais on sent qu'ils y mettent toute leur bonne volonté. C'est pas nul, mais c'est un style qui ne
me parle pas du tout. Leur jeu de scène n'est pas non plus des plus palpitants, surtout vu ce
qu'on va manger dans la tronche pendant les deux heures à venir.
 
À noter cela dit que la petite centaine de gens déjà
présent dans le public est déjà très réactive, surtout quand les mecs
annoncent qu'ils vont faire une reprise de Slayer. Meilleur moment du set, surtout qu'elle est suivie par une
reprise des Misfits, enchaînement des plus agréables. Cela dit,
c'est un peu triste qu'un groupe n'arrive à me convaincre que quand ils jouent des reprises...
mais passons.

Setlist de Schizophrenia :
01. Souls of Retribution 02. Sea of
Sorrow 03. Schizophrenia 04. Divine Immolation 05. Onwards
To Fire 06. Necrophiliac (Slayer cover) 07. Bullet (Misfits
cover) 08. Cranial Desintigration 09. Structure of Death
Bon, en attendant qu'ils finissent, quelques mots sur la salle. Une toute
petite salle, bien fichue, un petit bar sur le côté, un escalier au fond. Impossible,
vraiment, de ne pas super bien voir la scène, à moins de se planquer. Alors, c'est
sûr, ça change de Bercy. Mais j'avoue préférer ça. Et, surprenamment,
on s'est d'ailleurs fait la réflexion plusieurs fois dans la soirée, le son est tout
bonnement excellent ! Tout ressort bien, basse comprise, rien à redire ! Un p'tit tour au stand
du merch, composé à 60% de trucs Warbringer, 30% pour Evil
Invaders et 10% pour Schizophrenia, Mason n'ayant qu'un QR
code à scanner pour être notifié de la sortie de leur prochain album... Ce stand,
j'y retournerai dans la soirée, juste après le set d'Evil, pour leur
acheter une casquette, mais vous vous en foutez.
Mais trêve de bavardages et d'achats en tous genres - sauf la p'tite
Guinness qui va bien, merci Blaster - la salle commence à se remplir puisque c'est l'heure
d'Evil Invaders ! Le moment que j'attendais depuis toutes ces années arrive
enfin ! Malgré la toute petite taille de la salle et de la scène, les gars ont fait un peu
de mise en scène. Y'a pas mal de lumières colorées, notamment vertes, qui mettent
une ambiance pas vilaine. Et le groupe débarque notamment avec des pieds de micro
personnalisés du plus bel effet. Ça en jette, ça a de la gueule. Et, franchement,
je n'ai rien à redire : tout est absolument impeccable. Ces mecs savent très bien ce
qu'ils font et doudieu qu'ils le font bien.

Leur performance est tout simplement parfaite, je ne vois franchement rien
à leur reprocher. La setlist est démentielle, faut dire que leur discographie commence
à être solide : cinq titres du dernier album, trois du précédent, deux du
premier et un final qui n'a d'autre but que de m'achever de bonheur, je pense. M'enfin, pour être
tout à fait honnête avec vous, amis lecteurs, j'étais déjà
achevé dès les premières notes de Feed Me Violence, qui ouvre les
hostilités avec brio et violence. Le groupe est en forme olympique, il a envie de tout
péter et je peux vous assurer qu'il l'a fait. À peine le temps d'enchaîner sur
Mental Penitentiary et Hissing in Crescendo que la fosse est déjà en
délire : les pogos commencent, ça saute de partout et sur tout le monde : c'est le b*rdel.
À noter cela dit que malgré tout ça, je n'ai pas fait tomber une seule goûte
de ma bière en dehors du verre. Ni de celle de mon comparse.
Un petit interlude un peu plus calme, avant la tempête,
évidemment : le groupe joue In Deepest Black, leur morceau qui s'approche le plus d'une
ballade et me voilà bien surpris. Si depuis le début du concert la prestation de
Joe derrière le micro est impériale - hurlements suraigus compris -, je
découvre avec ce segment qu'il est un chanteur tout ce qu'il y a de plus convaincant. J'irai
même jusqu'à dire que son interprétation du morceau de ce soir est bien meilleure
que celle sur l'album, qui m'a toujours un peu fait tiquer. Superbe morceau cela dit, plus puissant
qu'il n'y paraît. J'avoue que j'étais un peu sceptique, je ne le suis plus.
 
J'avais parlé de tempête au début du paragraphe
précédent, j'étais finalement loin du compte. Puisqu'à peine cette "pause"
terminée, c'est carrément un ouragan qui pète au Backstage. Les trente-cinq minutes
de set restantes fileront pleine balle, à toutes berzingues et les tueries speed vont
s'enchaîner, sans se ramollir une seule seconde. Contrairement à ma nuque qui, à
partir de Die For Me - quelle intro, bon sang ! - commence déjà à menacer
de me lâcher. Mais le groupe n'en a rien à cirer et il continue à fond la caisse,
notamment quand les musiciens grimpent sur les amplis pour jouer les soli dans des torrents de
fumée, pfff, bande de poseurs (je plaisante, c'est la classe).

Et si tout le set est jouissif, ils prennent même la peine de
m'achever en beauté... en effet, le dernier morceau arrive, les premières notes
résonnent... OH MON DIEU, c'est Raising Hell. Heureusement que mon compère
Blaster s'était éloigné pour vous prendre de belles photos et qu'il n'a pas vu ma
tête à ce moment-là, ils aurait eu de quoi se foutre de moi pendant des
années. Quelle chanson, bon sang ! J'avais décidé d'essayer d'un peu ménager
ma nuque, mais j'ai finalement préféré lui porter le coup de grâce en
secouant la tête comme un homme de Tautavel. Cela dit, je n'étais pas le seul, parce que
toute la salle était au taquet.
Et, malheureusement, après une petite heure passée bien trop
vite, c'est terminé. Mais c'est pas grave, parce que c'était plus que génial. On en
aurait bien repris une bonne heure de plus, c'est clair. J'ai déjà les oreilles qui
sifflent, mais qu'importe : on a pris une énorme claque dans la gueule ! Tout était
parfait, je n'ai absolument rien à reprocher à ce concert, même en cherchant bien :
la mise en scène, les chansons, les prestations, l'énergie, le son, l'ambiance... tout
était là, c'était parfait. Moi qui rêvais de les voir, j'aurais difficilement
pu imaginer meilleure soirée. L'ami Blaster, qui me semblait un peu plus chaud pour
Warbringer, a très bien résumé tout ça : "eh ben, ça
faisait longtemps que j'avais pas pris une claque comme ça, et pourtant j'en ai vu un paquet, de
concerts". Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? Foncez voir Evil
Invaders dès que vous le pourrez, vous ne le regretterez pas. Le meilleur groupe de
speed/thrash du moment à mon sens. Bam.

Tracklist d'Evil Invaders
:
01. Feed Me Violence 02. Mental
Penitentiary 03. Hissing In Crescendo 04. In Deepest
Black 05. Sledgehammer Justice 06. Forgotten Memories 07.
Die For Me 08. As Life Slowly Fades 09. Pulses Of
Pleasure 10. Fast, Loud 'n' Rule 11. Raising Hell
Dieu merci, on a droit à une petite pause avant l'arrivée
des ricains de Warbringer sur scène. Comme je l'ai dit, je ne venais pas
spécialement pour eux à la base. Mais l'enthousiasme de Blaster et ma conscience
professionnelle - m'enfin surtout le harcèlement de Blaster - m'avait poussé à
écouter leurs deux derniers albums. Si le dernier en date ne m'avait pas déplu, sans non plus me
retourner la tête, c'est surtout le précédent, Woe To The Vanquished, qui
avait trouvé grâce à mes yeux. Y'avait un peu trop de passages teintés black
sur le dernier, et moi j'aime pas trop ça. Mais le groupe a suffisamment de riffs de zinzins dans
sa besace pour me plaire. La pause continue, le temps d'aller se délester de quelques
deniers au stand du merch, pour acheter la casquette sus-mentionnée. J'aurais bien aimé
choper aussi un CD de Woe, mais ils n'avaient que Weapons, dommage. À noter que
la salle nous passait des vieux standards hard rock pendant ce temps-là, et pas des moindres : du
Skid Row, du Rainbow période Down to Earth, un peu de Van Halen ; cet endroit veut me faire l'amour et je suis
tenté d'accepter.
Le temps que Blaster me raconte quelques souvenirs de concerts, notamment
la fois où il avait vu Warbringer il y a quelques années et sa joie
à l'idée d'enfin voir Conception le lendemain, la salle s'est encore bien remplie.
Ça ne fait aucun doute, c'est bien les Américains les stars de la soirée. Mais, vu
l'ouragan qu'a été le set des belges, ils vont avoir du boulot ! Cela dit, vu comme le
public est déjà sacrément enthousiaste en voyant le batteur du groupe régler
ses toms, nul doute qu'il est déjà tout acquis à sa cause. Et, si j'ai
trouvé Evil Invaders plus énergique, plus intéressant, meilleur,
quoi, je suis forcé de constater que c'est Warbringer qui remporte le duel : le
public y sera bien plus réceptif.

Même pas la peine d'attendre le troisième titre cette fois :
à peine le batteur annonce le décompte pour lancer le premier morceau que la fosse du
Backstage n'a plus ni queue, ni tête. Avant même que John Kevill -chanteur
du groupe et, je pense, fils caché de Ian Gillan, sérieux, je suis le
seul à trouver qu'il y a un p'tit truc ? - ne pose ses grosses bottes sur la scène, c'est
déjà la guerre dans le pit. Y'a pas à dire, le groupe porte sacrément bien
son nom. Et l'anarchie continuera tout du long, je pense même qu'un certain spectateur n'a pas
touché le sol de tout le concert, il a dû passer une heure porté par la foule.
Blaster m'avait prévenu : ce fameuse John est un
sacré phénomène. Il m'avait notamment dit : "tu verras, il fait des trucs bizarres
avec ses bras, comme du karaté dans le vide". Et c'est parfaitement vrai ! Ce monsieur, aux
hurlements impériaux évidemment, est assez fascinant à regarder sur scène
et, il faut le dire, très marrant. Comme il ne joue d'aucun instrument, faut bien qu'il fasse
quelque chose pour occuper l'espace et laissez-moi vous dire que son charisme, ses mouvements de
karaté et les multiples figures acrobatiques qu'il impose à son micro filaire suffisent
largement pour que je vous recommande vivement d'aller voir le groupe sur scène.

Si les deux gratteux et le bassiste se font plus sages - ce qui ne les
empêche pas de grimper sur les amplis aussi par moments -, le batteur m'a clairement mis sur le
cul. Bon sang, quel monstre ! Il frappe comme un sourd, varie sans arrêt son style (avec du
poum-tchak très thrash, des incartades plus punk, du blast beat), multiplie les descentes de toms
et ne s'économise absolument jamais, pour mon plus grand plaisir.
Les titres s'enchaînent et se ressemblent un peu moins que ce que
j'avais cru en écoutant succinctement les albums - seul John semble avoir un peu
de mal à varier ses lignes de chant. Et, honnêtement, je ne me souviens pas d'avoir entendu
un seul titre qui ne m'ait pas plu. Ça riff sacrément fort, ma tête bougeait toute
seule et je me suis surpris plus d'une fois à sourire sur certains passages, voire à rire
tellement ce que j'entendais me plaisait bien (c'est très bon signe). Cela dit, j'étais
sûrement le seul de la salle à rire, les autres étaient trop occupés à
courir partout et à se sauter dessus. Faut dire aussi que John prenait bien soin
de les encourager en permanence, organisant des walls of death dès que possible et se joignant
rapidement aux hostilités en sautant dans la fosse à plusieurs reprises.

Mais c'est surtout à partir de Remain Violent que ce fut
l'anarchie complète. Au passage, c'est un morceau que j'adore, ultra efficace avec un riff qui
fait tout bien et un refrain qu'on ne s'est pas fait prier pour gueuler tous en chœur. Au passage
épisode 2 : John a dédié le titre aux manifestants français
anti-réforme, ce qui fait toujours plaisir. À partir de là, donc, du grand
n'importe quoi. Les deux derniers titres, issus des premiers efforts du groupe, m'étaient
totalement inconnus, je l'avoue. Et ils me le sont restés, puisque j'admets ne pas y avoir
prêté plus d'attention que ça, étant plus occupés à regarder
tous ces grands malades qui passaient la petite porte qui menait à la scène pour bondir de
celle-ci jusque dans la fosse. Un genre de concours de plongée géant, auquel
John s'est une fois de plus mêlé avec joie.
Une petite heure à fond la caisse et, encore une fois, on en aurait
bien repris un peu plus. Je ne connaissais pas le groupe, j'étais presque sceptique et finalement
me voilà totalement convaincu : Warbringer en live, ça tue, j'ai pris un
sacré panard. Va falloir que je me penche plus sérieusement sur la discographie. Blaster a
adoré aussi, me confiant qu'ils ont été bien meilleurs que la première fois
où il les avait vus. Mais il a quand même préféré le set
d'Evil Invaders, ce qui me fait assez plaisir, je dois l'admettre.

Tracklist de Warbringer :
01. Firepower Kills 02. The Black Hand Reaches
Out 03. Crush Beneath The Tracks 04. Living Weapon 05. Woe
To The Vanquished 06. Living In A Whirlwind 07. Outer
Reaches 08. Hunter-Seeker 09. Defiance of Fate 10.
Silhouettes 11. Remain Violent 12. Total War 13. Combat
Shock
Bon, ben voilà, chui foutu : je n'ai plus d'oreilles, plus de
nuque. Mais c'est pas grave, parce que bon sang que c'était bien ! Deux sacrés put*ins de
concerts ! Et alors que je me préparais à repartir, l'ami Blaster me dit, avec un p'tit
clin d'oeil : "attends, pars pas tout de suite, on sait jamais". Et j'ai bien fait de l'écouter.
En effet, pendant qu'ils rangeait leur matos, on a pu croiser et discuter avec les membres des deux
groupes. Mes deux albums d'Evil Invaders sont donc maintenant signés par les
quatre zicos, trop cool. Et on a pu échanger quelques minutes avec le batteur de
Warbringer, un type tout à fait sympathique au demeurant. Merci à
Blaster, quel homme, cet homme !
C'est donc après toutes ces péripéties et
après avoir causé encore un brin que nous nous séparons finalement. J'enfourche
donc mon vélo, en plein milieu de Pigalle - un lieu très animé le vendredi soir,
héhé - casquette vissée sur la tête et sourire aux lèvres, parce que
c'était quand même une excellente soirée organisée par Garmonbozia que nous remercions chaleureusement pour l'invitation.
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