2019 n'était clairement pas l'année du thrash... Il y avait donc une revanche à
prendre en 2020 et on peut dire que c'est plutôt bien parti ! Nous ne sommes qu'en avril et,
déjà, Annihilator (ici), Sepultura (ici)
et Testament (là) ont livré de bons voire très bons albums. Havok arrive avec un disque qui n'a pas l'air mauvais non plus
début mai et là, nous avons Warbringer, bien décidé à faire parler de lui
avec un Weapons Of Tomorrow qui a de sérieux arguments à faire valoir.
En toute honnêteté, je ne m'intéresse pas à Warbringer
depuis très longtemps. Je les ai découverts en concert il y a six ans (en première partie d'Iced Earth), avais bien entendu quelques titres ici et
là... c'était rageur, puissant, old school, non dénué d'une certaine
efficacité mais rien ne m'avait vraiment donné envie d'approfondir le sujet non plus. Un
bon groupe de thrash parmi d'autres en gros*. Mais ça, c'était avant que je ne tombe, un
peu par hasard, sur Woe To The Vanquished, sorti en 2017. Là, je me suis dit qu'il
allait falloir que je me penche plus sérieusement sur le thrash de ces Américains. Car,
bien que la brutalité propre au style soit toujours de rigueur, j'ai perçu dans le
fameux Woe davantage de raffinement, de mélodie, de technique... des influences plus
diverses aussi. Ce qui fait qu'au final, ce disque (œuvre d'un groupe ayant connu un important
changement de line-up pour l'occasion et proposant des compos qui me parlaient plus cette fois-ci) a
fini par échouer dans ma CDthèque. La bonne nouvelle (pour moi, en tout cas) est
que Weapons Of Tomorrow confirme tout le bien et le potentiel perçus sur son
prédécesseur.
Les trois premières pistes font dans le thrash direct et abrasif, sans fioriture. Premier
uppercut : Firepower Kills. On le sent bien, rien qu'avec le titre, que ça ne va pas
rigoler. C'est très speed et agressif, du thrash classique et hargneux qui dépote,
porté par un John Kevill rageur, aboyant comme un damné, et des
guitares véloces et tranchantes commes des rasoirs. Si vous aimez des groupes comme Kreator ou Exodus, ça devrait vous parler. Moins
rapides mais dans un style tout de même proche, The Black Hand Reaches Out et
Crushed Beneath The Tracks font le job avec efficacité. C'est carré, puissant,
avec les gang vocals qui vont bien et des solos mélodiques super bien tricotés. Mais
avec Defiance Of Fate, Warbringer diversifie son propos et commence à
introduire d'autres éléments dans son thrash. Le tempo se calme, l'ambiance reste
lugubre, un petit clavier vient d'ailleurs en renfort pour créer cette atmosphère sombre
et Kevill adopte sur le couplet un chant moins agressif mais plus flippant et black
metal. Le titre est développé sur sept bonnes minutes et monte petit à petit en
puissance pour un final épique avec de très beaux leads de guitares conquérants.
Une belle surprise ! L'influence du black metal (genre que je ne connais pas bien que mais que je sais
tout de même reconnaître ici) se fait d'ailleurs fortement ressentir à
d'autres moments (l'ambiance et le riffing de Heart Of Darkness par exemple).
Mais n'allez pas croire pour autant que Warbringer oublie
de défourailler. Entre deux morceaux plus atmosphériques ou progressifs (n'ayez pas peur
de ce dernier terme, ça veut juste dire que les compos incorporent d'autres styles
que le simple thrash et se permettent d'évoluer, changer un peu en cours de route), la slayerienne Unraveling vient, tel un rouleau
compresseur, remettre les pendules à l'heure (à bien y réfléchir, je ne
sais pas si on a déjà vu un rouleau compresseur faire une telle chose...). Il y a du
Kreator dans Power Unsurpassed (c'est surtout la hargne vocale de
Kevill qui me fait parfois penser à Petrozza), le speed
effréné fait son retour avec Outer Reaches histoire de faire grimper un peu le
taux de bpm... mais ce sont surtout les deux dernières pistes qui retiennent mon attention.
Notre Dame (King Of Fools) tout d'abord, avec sa cloche lugubre en intro, ses changements de
rythme et le retour des riffs black metal. Très bon titre. Et puis, il y a Glorious
End, qui ne porte pas mal son titre. Cette compo met en scène un dialogue entre un
soldat et son père, ce qui donne à John Kevill de jouer un peu
plus avec sa voix. On nous raconte une histoire, celle d'un soldat qui se rend compte qu'il n'y a ni
gloire ni héroïsme au bout du chemin... juste une fin tragique. Le titre est rapide,
épique et prenant. C'est le deuxième morceau à proposer un développement
de sept minutes et c'est une réussite... Un des meilleurs moments de l'album.
Vous aimez le thrash rapide et brutal mais qui n'a pas peur d'apporter des
aspects plus mélodiques, épiques, extrêmes ou progressifs dans sa recette ? Jetez
donc une oreille sur ce disque ! Warbringer commence à jouir d'une
certaine renommée mais on sent chez le groupe l'envie de se dépasser. Ces
Américains ont encore quelque chose à prouver et des âmes à
conquérir. Cette faim et cette volonté de ne pas se reposer sur ses lauriers et proposer
un produit chiadé se retrouvent dans ce Weapons Of Tomorrow bien écrit
(pourvu de bons petits riffs efficaces), très bien joué (les guitaristes nous
régalent, la section rythmique est irréprochable, le chanteur hurle à s'en
décrocher les cordes...), bénéficiant d'une production moderne et limpide, qui
devrait aider le groupe à gravir quelques échelons supplémentaires sur
l'échelle du succès. C'est tout le mal que je lui souhaite !
* : je suis peut-être en train de revenir sur cette impression car
j'ai réécouté l'album IV : Empires Collapse il y a quelques jours et je
l'ai trouvé très bon.
Tracklist de Weapons Of Tomorrow
:
01. Firepower Kills 02. The Black Hand Reaches
Out 03. Crushed Beneath The Tracks 04. Defiance Of
Fate 05. Unraveling 06. Heart Of Darkness 07. Power
Unsurpassed 08. Outer Reaches 09. Notre Dame (King Of
Fools) 10. Glorious End
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