Groupe:

Get The Shot + Thrown +Ørdem

Date:

18 Mars 2023

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Organisateur de concerts est décidément un métier complexe où le sens de l'adaptation n'est pas la moindre des qualités requises. Inutile de revenir sur les difficultés inhérentes au secteur de l'événementiel, l'ajustement permanent entre un public versatile et des groupes parfois pas simples à gérer. Exemple type de ce genre de "moment de vie professionnelle" : un groupe ne peut plus assurer sur une tournée et vous voilà prévenus à 19h, veille du show. S'agissant dans notre cas pratique d'une formation de première partie, le sujet reste moins grave mais tout de même, vis-à-vis du public qui a acheté ses billets, c'est "moyennas" comme on dit dans le Sud-Ouest (et comme nous y sommes ce soir au Metronum, je me permets la formule). 

L'excellente association Noiser, qui par ailleurs mérite de nombreux éloges pour l'offre pléthorique et ô combien satisfaisante proposée sur Toulouse, a très bien réagi invitant le groupe Ørdem à remplacer au pied levé Ithaca, groupe anglais qui devait normalement ouvrir ce plateau hardcore. 

Ørdem

Bonne pioche car le groupe toulousain a déjà un bon bagage avec près d'une décennie d'activité au service d'un post-hardcore franchement sympa. Avec trois EP sortis dans ce laps de temps, une vraie expérience du live (dont une première partie prestigieuse de Terror non loin de là au Connexion), Ørdem tient la route … et bénéficie au passage d'un joli coup de pouce du destin. Tant pis pour Ithaca mais belle opportunité pour les régionaux de l'étape. Ces derniers ne manquent pas de rappeler ce contexte inhabituel, multiplient des légitimes remerciements envers Noiser et délivrent un bon show de trente-cinq minutes, bien troussé et dynamique malgré quelques blancs entre des titres ; mais, comme le rappellera le hurleur en chef, "je n'ai pas eu le temps de préparer quelques phrases" ce qui s'entend parfaitement. 

Cerise sur le gâteau pour un Ørdem, décidément en veine, qui pour son premier Metronum a là l'occasion de présenter de nouveaux titres et d'annoncer son premier album à venir pour la fin d'année. En ce dernier jour de Tournoi des VI Nations, il n'y a donc pas que sur la pelouse du Stade de France que les Toulousains auront brillé mais aussi sur la scène du Metronum où les déferlements de riffs post hardcore auront rivalisé avec les giboulées de mars qui arrosent par intervalles irréguliers une Ville Rose en manque d'eau en cette fin d'hiver.
 

Thrown

C'est peu dire que ce show de Thrown va me laisser quelques souvenirs. Déjà de par sa durée, vingt-cinq minutes : c'est un peu léger tout de même, quand bien même c'est de hardcore dont il s'agit. Il me convient de préciser que le groupe s'est constitué en 2020 (étrange année à tous points de vue, encore plus pour monter un groupe, mais pourquoi pas !) et nous vient de Suède dont on me pardonnera de dire que le Royaume Scandinave n'est pas réputé pour sa scène hardcore. Chanteur et guitariste blonds, second guitariste et batteur bruns, Thrown respecte tout de même les "fondamentaux" ABBA ; mais musicalement, c'est un hardcore bien percutant avec des guitares très épaisses, puissantes, bien metalcore. J'ai pensé à Ten56. pour donner un point de repère. Le flow plutôt hiphop du chanteur renvoie les Suédois à un hardcore allant du côté d'un Lionheart pour un bon compromis. Le lecteur aura compris de par la qualité des groupes cités que la musique de Thrown m'a bien plu. 

Plus déplaisant fut l'instant auprès du bar où j'étais tranquillement positionné en fond de salle. Un type très éméché est arrivé titubant dangereusement avant de carrément uriner sur le bar !! Instant assez malsain, déstabilisant (sans parler de l'aspect hygiénique) qui a quelque peu perturbé ma capacité à bien suivre le show de Thrown. Ok pour boire un coup (et même plusieurs) en concert et profiter de la soirée mais, sans tomber dans la moraline trop intrusive dans notre époque, un minimum de respect et de tenue quand même !! 

Reste un show de fait un peu étrange (sans que ce soit la faute d'un groupe impliqué), clairement trop court mais donnant envie de s'intéresser à ce groupe, membre éminent d'une scène heavy suédoise en pleine effervescence. 

 

 

Get The Shot

A 22h tapantes résonne dans le Metronum For Whom The Bells Tolls ce qui met en conditions et permet de rameuter progressivement une assistance dispersée dans les agréables extérieurs adjacents à l'espace concert. Les golgoths québécois arrivent sur scène chacun leur tour et en imposent immédiatement à commencer par le hurleur en chef Jean-Philippe Lagacé mais aussi Danny Roberge, bassiste et parfait soutien vocal de son leader. Invectivant le public en permanence, réclamant circle-pit, stage-diving, montant sur chaque titre sur les premiers rangs (respect aux slammeurs chargés de supporter le bestiau), Jean-Philippe Lagacé fait toujours un show incroyable, communique énormément avec son accent québécois si particulier. 

Ce dernier remercie le public d'être présent au rendez-vous "comme depuis le début" (le groupe a ses "habitudes" au Xtreme Fest à Carmaux non loin de Toulouse) et semble aimer la région. J'ai aussi beaucoup aimé les doubles-sens (volontaires ou non) du chanteur réclamant de franchir les barricades alors que l'on sait que le contexte politique de notre pays s'y prête avec de nombreuses manifestations et une tension qui monte. Le format du Metronum avec une scène surélevée d'un bon mètre en plus d'un système de barrières rend complexe la montée sur scène (là où le Connexion est quasiment une scène ouverte) alors le chanteur prend les choses en main et fait monter un fan qui offrira d'ailleurs un jump high level dans une fosse déchaînée. JP nous gratifiera aussi de quelques commentaires bien hardcore dans l'esprit : antiracisme, hymne à la tolérance et rappel de l'aspect cathartique du hardcore. Si la formule musicale du groupe propose quelque chose de résolument metal, dans le riffing notamment, Get The Shot s'inscrit à merveille dans la scène hardcore sur l'attitude, les thématiques, l'approche scénique également avec une vraie notion de partage. 

Car côté pit, c'est un carnage, ça remue dans tous les sens, le hardcore a ses afficionados ici et le résultat est à chaque fois un chantier. Ça remue de la viande là-dedans, ça s'amuse bien et c'est toujours un sacré spectacle dont je profite m'étant rapproché après "l'incident" du bar. La musique de Get The Shot avec ce hardcore mâtiné de riffs thrash bien Slayer-compatibles est toujours aussi efficace, diabolique à souhait à l'instar du backdrop très réussi dans la foulée d'un très bon dernier disque.

Etonnante soirée donc, mais bien destroy avec un bien beau plateau hardcore assez varié, quelques anecdotes que j'aurai plaisir (ou non) à raconter et un Get The Shot toujours aussi bon en live. 

 

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