Groupe:

Terror + Ørdem

Date:

04 Juillet 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Belle soirée toulousaine avec la venue de ce groupe majeur de la scène hardcore qu’est Terror. Moi qui m’inquiétais de l’état de santé de la scène hardcore avec ce contexte sanitaire, cette soirée va quelque peu me rassurer. Déjà, il y a du monde. La salle Le Connexion, idéalement située en centre-ville proche de la place Jean Jaurès, est bien remplie. Il y a du fan et ce avant 20h alors que la première partie n’est pas prévue avant 20h30. Voilà qui fait plaisir et fera du bien à un organisateur qui explique régulièrement sur les réseaux sociaux qu’il faut annuler pas mal de dates faute de préventes suffisantes. Certes, Terror c’est un nom et pas des moindres mais la bonne affluence rassure. Mes inquiétudes sur cette scène étant que le modèle économique (terminologie maladroite mais bon, aussi underground et sincère soit la scène hardcore, il y a des logiques économiques derrière !) est très DIY, on se doute que les groupes et autres tourneurs / producteurs ont dû (et doivent continuer de) galérer. Les dates se font encore trop rares malgré les reprises de concert.

Ørdem 

Important, le O est barré en mode norvégien. C’est important mais pourrait porter à confusion car il s’agit là d’un groupe français, actuellement en pleine préparation de leur premier album qu’on surveillera. Oui, on y veillera car sur ce que j’ai pu entendre, il y a du talent chez Ørdem. En plus, le groupe joue à domicile et se paie un bien joli succès. Il y a de l’envie d’en découdre dans ce pit et Ørdem ne se prive pas pour chauffer une marmite. Assez clair et très compréhensible, le hardcore d’Ørdem me botte bien, le succès est au rendez-vous. Voilà une première partie qui a très bien fait le job. Formation à suivre.

Terror

Petite pause de trois quarts d’heure, l’occasion de manger un morceau et de boire une bière. Allez, ce sera mon seul grief de la soirée avec un minimum de CB à 8€ quand la pinte vous coûte (avec le verre consigné) 7,80€. Ce n’est pas bien méchant mais quand vous arrivez sans cash, ce petit aller-retour au distributeur est un peu frustrant. Pour le reste, la salle est top, spacieuse, plutôt bien aménagée car toute en largeur et avec une bonne profondeur. Le merch’ ne dérange donc pas tout comme le bar intérieur (en plus d’un extérieur). Pour moi qui découvrais le lieu, je valide. 

Comment vous décrire un concert de Terror ? Dans la sono résonnent les premières notes du High Hopes de Pink Floyd, fascinante ouverture au piano avec cette éternelle cloche, morceau légendaire mais choix surprenant quand on sait que la scène punk originelle s’est construite sur la haine de Pink Floyd (ce qui m’empêchera toujours d’avoir pour ses pionniers du punk une totale estime même si je sais que c’était un autre contexte, une autre époque et qu’il convient de l’intégrer). Ensuite ? Une tornade de quarante minutes, d’une intensité folle. Scott Vogel est un des frontman les plus estimés / respectés du genre et il y a de quoi. Plus de deux décennies au service d’une musique underground sans concession, une gestion de scène impeccable. Il faut le voir demander au public de s’approcher avant de descendre dans le pit venir chercher physiquement son auditoire. Impressionnant. Tout comme ses interventions, archi-positives, remerciant le public, prônant la bonne parole, la défense des scènes underground, du besoin de solidarité, de respect. On sort de là avec une pêche d’enfer, le sourire aux lèvres. Les guitaristes sont d’une redoutable efficacité avec des riffs typiques du genre, bien costauds. Vocalement, Scott Vogel est bien aidé par son guitariste et son bassiste ce qui donne une sacrée force de frappe. Sur ce sujet, le batteur envoie du steak dans un style hyper dynamique, presque punk. Et au passage, le groupe a rappelé qu’il venait de sortir un nouvel album très recommandable avec Pain Into Power

Le pit est déchaîné, ça remue sévère mais comme toujours, ça se relève. Il y a de l’intensité partout avec des slammeurs montant sur scène, éructant. Incroyable, enthousiasmante cette énergie vitale qui règne dans cette salle. Le groupe ne débranche pas, les hymnes fédérateurs se succèdent, ça passe à une vitesse folle… Dingue, ce contraste entre la brutalité de la musique et la positivité qui ressort de ce show. Il y a clairement de la catharsis dans la musique hardcore, un défouloir mais au final très sain, tout le monde sortant heureux et souriant encore une fois. Keepers Of The Faith, hymne parmi les hymnes, clôt un show impérial. Fichtre ! que les concerts hardcore nous manquent avec cette animalité, cette intensité, cette énergie collective. Terror est un sacré groupe et Scott Vogel un leader attachant, un type presque rassurant même par son intégrité. Ces concerts devraient être remboursés par la Sécu. Comme remontant, on fait difficilement mieux. Respect !!

PS Nous avons eu droit à un rappel. Oui un rappel chez un groupe pas habitué de la chose. Preuve de la très belle communion entre le groupe et le public toulousain ! "That's exactly how hardcore should be !". On partage Scott, on partage !

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