Groupe:

Pogo Car Crash Control

Date:

30 Septembre 2022

Lieu:

Montauban

Chroniqueur:

ced12

Lors de la « relance » des shows au Printemps 2022, Pogo Car Crash Control fut une incroyable surprise pour l'auteur de ces lignes, un peu en retard sur ce coup-là. Energie débridée, esprit grunge / punk, textes renvoyant à une certaine tradition bien française, le groupe au registre kaléidoscopique m’avait sincèrement bluffé dans l’antre du Bikini. Apprenant qu’ils revenaient dans la région à Montauban, je n’ai pas réfléchi outre mesure pour me rendre sur les rives du Tarn. Cerise sur la gâteau, la cité d’Ingres a refait sa place centrale et le résultat est somptueux avec un Mur d’Eau très réussi. Bien que cette remarque soit hors sujet, je ne peux m’empêcher de placer une petite recommandation sur la préfecture du Tarn et Garonne. Coincée entre la gare SNCF et le Tarn dans la ville nouvelle de Villebourbon, la salle le Rio Grande nous accueille. Franchement désuète d’aspect extérieure, la salle fait bien meilleur effet à l’intérieur avec un super équipement technique, un bar sympa avec un accueil très agréable ainsi qu’une cour intérieure spéciale fumeurs intégralement taguée dans une ambiance très Arts Urbains. Pas mal de groupes y viennent en résidence, Sidilarsen étant le dernier date. Bien que connu dans la scène Metal pour ses prestations remarquées lors de différentes éditions du Hellfest, il convient de ne pas oublier l’aspect rock au sens large de P3C. On ne s’étonnera donc pas de deux premières parties pas vraiment dans la ligne éditoriale de notre auguste webzine. Je ne vais donc pas développer outre mesure ces deux bons shows branchés rock alternatif. Sauf pour dire que cela va aussi dans le sens de la démarche More Women On Stage de Lola, l’excellente bassiste de P3C. Avec une très bonne chanteuse pour Underground Therapy et un trio 100% féminin pour Madam, celle qui regrette de se retrouver parfois seule musicienne féminine dans des loges a dû être contente de cette très bonne programmation. La qualité est au rendez-vous avec ces deux groupes bien ancrés dans un registre rock énervé et parfaitement en place. Il s'agit en plus de deux groupes occitans évoluant presque à domicile (les membres de ces deux groupes viennent de Toulouse et de Tarbes). Grosse débauche d’énergie avec une mention spéciale pour le power trio garage rock Madam. Très complémentaires, toutes trois bien mises en valeur par les différentes compos, le rock incendiaire des Toulousaines marque les esprits. Je ne peux que saluer la très bonne intro bien travaillée ainsi qu’un jeu de scène aboutie. A la batterie, Anaïs tout sourire envoie de sacrés tempos avec une frappe puissante et propre. Devant, Gabbie (Chant et guitare) dégage un ressenti très rock énergique avec un jeu de guitare explosif et la bassiste Marine tout sourire offre une belle assise presque groovy. Une formation bien sympa à découvrir et dont les performances live sont à recommander. 

Pogo Car Crash Control 

Place à la tête d’affiche tant attendue. Les musiciens assurent eux-mêmes la préparation de leurs instruments et je m’étonne presque de voir les P3C très concentrés. Cela ne dure pas car alors que le public vaque à ses traditionnelles occupations d’entre-shows (rechargement en breuvages divers et variés, cigarettes, discussions du vendredi soir, etc.), Olivier hurle dans le micro pour savoir comment on va. La douce folie des Pogo n’attend même plus le concert, nous voilà rassurés. L’attente n’est ensuite plus très longue avant la tempête sonore de P3C qui s’abat sur un Rio Grande déjà conquis. Le rendu est fantastique, le groupe claque une setlist gargantuesque de dix-neuf morceaux. La quasi-intégralité de Fréquence Violence est proposée (dix pistes sur douze) dans une dynamique impressionnante. Comme à chaque fois avec eux, on se prend une grosse baffe sonore. Quelle énergie de dingues générée par la formation francilienne ! Ça ne débranche (littéralement) pas d’une seconde ! Impressionnant. 

Comment expliquer ce ressenti ? Déjà, le niveau des musiciens reste de haut rang. Ça joue super bien, la rythmique de Louis accompagné de la bassiste phénomène Lola est surpuissante. Cette dernière continue de surprendre (positivement) avec toujours ce décalage entre ce minois juvénile et la puissance dégagée ! Quel abattage ! Quel son et quelle assise elle offre au groupe (Louis n'y étant pas pour rien non plus) ! On la voit souvent réajuster son câble de basse preuve de sa grande mobilité. Outre un combat intelligemment mené, il en faut du charisme pour « exister » car aux guitares, Olivier et Simon dégagent eux aussi une sacrée force. Régulièrement, on aperçoit des sourires entre les musiciens, preuve d’une bien belle complicité. On ne sera donc pas surpris de l’impression de bloc qui émane de la musique de P3C. Ce qui sidère le plus chez eux, c’est ce rythme effréné. Un morceau finit à peine qu’un autre repart, pied au plancher. Il y aura bien deux mini-pauses (dont le traditionnel rappel) pour que les musiciens (et le public) reprennent leur souffle mais, sincèrement, quelle dynamique. Ça doit très (très) bien bossé en salle de répète pour arriver à une telle fluidité. Même les interactions avec le public sont judicieusement gérées, ne cassant absolument pas le rythme. Un point tout de même sur le style naviguant toujours entre punk, rock, éléments Metal (bien présents ce soir avec quelques très gros riffs assénés) mais aussi refrains renvoyant à une certaine tradition de rock français (pourtant pas ma tasse de thé) et malgré ces influences variées, le rendu reste paradoxalement très cohérent. 

Le rappel entamé par le tube (car oui c’en est un !!) Qu’est-ce Qui Va Pas ? achève une assistance conquise. L’atmosphère se tend un peu en fond de salle avec une fan quelque peu remontée et agressive qu’il faut évacuer (et on se rappelle que Montauban est aussi une ville de rugby). On pardonnera à Olivier d’avoir d’ailleurs confondu Montauban et Toulouse croyant avoir déjà joué dans la première nommée alors que c’est bien dans la seconde que les Pogo avaient ouvert pour Psykup (accompagnés des excellents The Amsterdam Red Light District). A sa décharge, il a affirmé avoir revu des têtes connues preuve s'il en fallait encore de l’engouement généré par le groupe. Il se passe clairement quelque chose avec les Pogo. Ca fait bien plaisir pour eux qui, encore une fois, font les choses bien. 

Comment conclure autrement qu’en remerciant les groupes ainsi que le Rio Grande pour cette très belle soirée et affirmer que oui, Pogo Car Crash Control est une formation géniale, originale ? Et qu’en live c’est assurément l'un des groupes les plus impressionnants de notre époque. Quelle énergie ! 



Setlist de Pogo Car Crash Control :

Aluminium
Déprime Hostile
Pourquoi Tu Pleures
Le Ciel Est Couvert
Traitement Mémoire
Reste Sage
Miroir
Conseil
Fréquence Violence

Cristaux Liquides
Paroles / M'assomment
Ville Prison
Criminel Potentiel
Tourne Pas Rond
Tu Peux Pas Gagner
Recommence à Zéro
Qu'est-ce Qui Va Pas
Tête Blême
Crève

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