Groupe:

Obscura + Persefone + Disillusion

Date:

19 Septembre 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Très gros plateau death metal en cette belle journée de fin d’été avec un si beau ciel bleu. L’association Noiser nous régale dans le domaine depuis quelques semaines. Suffocation (qui rien que par son patronyme résume cet été infernal), Gorod, Hexis, il y a du lourd dans la ville rose. Ce soir, on passe encore un cap. La soirée commence pourtant bizarrement. Fin de journée noire sur les routes rendant l’accès au métro pénible, la tireuse à bière de la salle qui ne fonctionne pas obligeant l’auteur de ses lignes à boire de la Despe quand le Rex propose habituellement de la Grimbergen Ambrée ! Un concert de death sans vraie bière, c’est quand même frustrant. Heureusement, la qualité des shows va vitre rattraper ces quelques désagréments au final sans grande importance.

Disillusion 

C'est la très réputée formation Disillusion qui ouvre cette soirée. Il faut savoir que ce sont les chouchous d’Orion, qui a longtemps œuvré avec talent sur ce webzine. Pourtant, ça ne part pas génialement bien avec un son très imprécis. La scène est étroite avec ce second kit de batterie installé limitant drastiquement l’espace dédié aux musiciens. Heureusement, le son redevient convenable mais, soyons francs, ne rendra pas hommage à la grande qualité du combo allemand. Pour autant, le show est excellent, le groupe déploie ses atmosphères si mélodiques et le rendu est top. Dans son style caractéristique, Disillusion alterne parties plus engagées et d’autres plus mélodiques avec une formule assez unique et l’utilisation d’une guitare acoustique par un second guitariste multifonctions. Le death prog des Allemands passe super bien. Bavard juste ce qu’il faut, créant ainsi une bonne connexion avec son auditoire, le talentueux Andy Schmidt, l’âme du projet assurant chant, guitare et composition, annonce une nouvelle compo, une « première ». Outre que cette dernière passe très bien avec une belle montée en puissance, il est plaisant de constater la satisfaction du frontman à la fin du titre saluant ses comparses à coups de tape dans le dos. Ça sentait presque le soulagement chez des musiciens impliqués. Annonçant des titres du fameux Back To Times Of Splendor, le public réagit très positivement. L’ambiance dans le pit se chauffe gentiment avec des premiers pogos mais le style de Disillusion, plutôt atmosphérique, se prête moins à des fosses agitées. 

Au final, et malgré une mise en son très moyenne, Disillusion a assuré un excellent concert de quarante minutes et très bien lancé la soirée. On précisera au passage que le groupe a annoncé une date de sortie pour son nouvel effort pour le 04/11/2022. Vu les compos présentées ce soir, on y prêtera une oreille très attentive. (A dire vrai, il est déjà précommandé, ce disque !).

Persefone 

En conservant le même kit de batterie, Persefone assure le changement de plateau le plus court vu par mes soins. Vingt minutes, à peine le temps de se poser. Je vais me permettre un immense raccourci géographique en présentant Persefone comme « local ». Pour être précis, les musiciens nous viennent d’Andorre, soit deux heures de route. Ce n’est pas pour autant que cela s’adressera en français depuis la scène. Bon de fait, le groupe s'exprime très peu, laissant la musique parler. La musique de Persefone (à prononcer "persefoné", prononciation andorrane oblige) est bien plus death que celle de Disillusion. Le son est nettement meilleur et il se dégage quelque chose de très compact. Plus froid aussi. Là encore, le groupe manie bien alternance de passages death et passages mélodiques de très haute volée. Le death prog des Andorrans est excellent, abouti et truffé de plans impressionnants. Parfois en retrait, le chanteur abat un super job mais c’est surtout le guitariste solo qui impressionne avec des solos de haute volée. Hyper technique mais ne tombant jamais dans l’esbrouffe, le death prog de Persefone passe à merveille avec de somptueux passages mélodiques souvent très bien amenés. Encore un excellent show !! 

Obscura

Place à Obscura, formation référentielle de death technique. La soirée aura volé à des hauteurs techniques hallucinantes. Le niveau des musiciens qui ont joué ce soir est absolument dingue !! Là encore, l’attente est réduite et l’intro de Forsaken ouvrant A Valediction, dernier effort des Allemands, résonne dans le Rex. Le bassiste Jeroen Paul Thesseling arrive avec sa basse huit cordes et d’entrée annonce la couleur avec un excellent son. Les musiciens en herbe vont encore prendre une leçon. Rapidement rejoint par les membres du groupe avant l’arrivée du boss d’Obscura, le surdoué Steffen Kummerer armé d’une sublime guitare. Souriant, mobile, ce dernier occupe très bien l’espace. L’occasion d’aborder de qui est l’immense qualité d’Obscura et sa limite. Le niveau technique est tel que le guitariste Christian Münzner et le bassiste Jeroen Paul Thesseling ne décrochent pas de leurs instruments et ne communiquent quasiment pas. Vu l’exigence des compos, on n’osera pas le leur reprocher. Je comprends mieux les remarques déjà entendues les concernant qualifiant leur show de trop « froid ». En festival, cela doit en effet limiter l’impact scénique. En club, avec une jauge réduite, cela passe bien mieux. Le leader assure le job et le contact passe d’emblée. 

Forsaken ouvre donc le bal. Ce titre est juste dingue, sept minutes démentes avec des plans dans tous les sens, des soli. Ça tricote sévère, le death technique dans toute son excellence. C’est réellement très impressionnant à voir.  Côté setlist, le dernier album est très bien représenté (six morceaux)  et décidément ce disque est une bien belle réussite qu’on a envie de réécouter une fois rentré dans ses pénates. 

C’est une démonstration d’une heure, brutale mais époustouflante de maîtrise à laquelle nous avons droit. La fosse, hyper réceptive, adhère. Grosse ambiance. Les trois groupes ont été très bien reçus par un public impliqué, c’est cool. 

Au final, superbe soirée death prog et technique. Trois formations géniales, créatives et complémentaires. Un régal de technicité, de brutalité très bien contrebalancés par de très beaux passages mélodiques.

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