Groupe:

Evergrey + Fractal Universe + Virtual Symmetry

Date:

23 Octobre 2022

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Encore un concert qui se sera fait attendre, encore un report dû au COVID... mais il n'y a plus de raisons de se plaindre parce que, ça y est, il a enfin eu lieu. Si, une petite raison de se plaindre quand même : Witherfall devait initialement assurer la première partie d'Evergrey mais l'affiche 2023 n'est plus la même. Cependant, avec Virtual Symmetry et Fractal Universe en guise d'apéritif, on aurait tort de bouder... Nous n'avons clairement pas été volés. On en reparle dans quelques instants. Voici donc enfin les Suédois d'Evergrey de retour chez nous... Et ces messieurs se retrouvent dans une position rare : celle qui consiste à faire la tournée promotionnelle de deux albums à la fois. En effet, depuis leur dernier passage, le groupe n'a pas chômé et a livré deux beaux disques : Escape Of The Phoenix en 2021 et A Heartless Portrait en 2022. Vu la qualité de la musique proposée par le quintet, deux remarques : un, on s'attend à un set de qualité, c'est bien normal. Deux, comment se fait-il que le groupe n'arrive pas à remplir des salles plus grandes que Le Petit Bain ?! C'est fou. Les musiciens sont remarquables, Tom Englund est une excellent chanteur doublé d'un guitariste classieux, les compos sont belles, fortes, intéressantes, le niveau technique global est impressionnant, l'artwork des albums est très soigné... Bref, Evergrey, ça devrait rameuter bien plus de monde... mais non, les salles restent petites. Tant pis, c'est comme ça. Peut-être que s'ils se mettaient à se maquiller, balançaient du refrain plus "fête de la bière", amenaient des tanks sur scène ou des serpents géants gonflables, ça marcherait mieux, allez savoir... En attendant, on ne va pas cracher dans la soupe, Le Petit Bain est un endroit privilégié pour voir un groupe que l'on apprécie. C'est intime, la salle est très correctement remplie ce soir et l'ambiance va être sacrément chaleureuse, comme on ne va pas tarder à s'en rendre compte.

Le premier groupe à fouler les planches du Petit Bain ce soir nous vient d'Italie et se nomme Virtual Symmetry. C'est une découverte en ce qui me concerne. Le combo n'en est pourtant pas à son coup d'essai (il a trois albums sous le capot, un EP et deux live)... mais il s'agit de sa première tournée européenne et donc de son premier passage chez nous. C'est un groupe très souriant qui se présente à nous. Le premier titre joué s'appelle The Paradise Of Lies et je me rends vite compte, malgré un son perfectible (la voix pourrait être plus audible), que je fais partie du cœur de cible visé par cette formation. Leur musique ne peut que me parler : elle mêle habilement grande technicité et mélodies accrocheuses. Très vite, je pense à une autre formation italienne : DGM. Il y a des similitudes entre les deux groupes, c'est évident... Bien que la partition de Virtual Symmetry me semble plus prog et moins power. Par la suite du set, d'autres noms (Seventh Wonder, Dream Theater...) me passeront par la tête. On a connu des comparaisons moins flatteuses, n'est-ce pas ?

 

Safe, le deuxième morceau proposé, confirme la bonne impression de départ. Le contraste entre le style assez riche et complexe de la musique et la grande décontraction du groupe est saisissant. Les gars ont l'air heureux et le plaisir qu'ils prennent à jouer est plutôt communicatif. Ce soir, c'est la dernière date d'une tournée européenne qui a duré un peu plus d'un mois et compté une trentaine de shows... L'ambiance festive s'explique donc davantage. D'autant plus que la scène est bientôt envahie par les musiciens de Fractal Universe qui débarquent avec des lunettes de soleil, du pain et des verres de vin sur scène... Cette petite incruste est fun à regarder. On se doute que les Italiens sauront rendre la pareille aux Français un peu plus tard (et on a raison de s'en douter).

Un petit solo de batterie (plutôt fun et impressionnant) en milieu de set... et le quintet nous réserve encore deux compos : Exodus (qui offre un chouette refrain, bien entêtant) et Come Alive. Quatre titres (qui durent entre six et huit minutes, en gros) pour une demi-heure d'un set enthousiasmant qui donne envie de creuser le dossier. Ça tombe bien, le stand merch propose deux albums du groupe... Ce sera l'occasion d'en prendre un et de discuter avec ces sympathiques musiciens.

Setlist de Virtual Symmetry :

01. The Paradise Of Lies
02. Safe
03. Drums solo
04. Exodus
05. Come Alive

 

Changement d'ambiance avec Fractal Universe. Le groupe français propose un gros death metal progressif et moderne. Le son est massif, moins brouillon que celui de Virtual Symmetry (les parties de guitares sont hyper distinctes, malgré une section rythmique proprement assommante), on pourrait mieux entendre les voix (notamment sur les refrains plus mélodiques) mais bon... Ça reste pas mal. Au début, quand les premiers blasts et grognements bien agressifs déboulent, je me dis que je vais sans doute avoir un peu de mal. Aborder un style aussi brutal et complexe en live, quand on ne connait aucune compo au préalable, n'est pas aisé. Et pourtant, bien que l'envie d'aller déguster une bonne bière et échanger avec mon pote à l'extérieur se fasse sentir dans un premier temps... je vais rester jusqu'au bout... parce que Fractal Universe est un groupe scotchant. Le niveau technique proposé par Virtual Symmetry un peu plus tôt m'avait déjà impressionné et là encore, dans un style différent, je me prends une belle claque ! 

Comme dit plus haut, je ne connais pas le répertoire du groupe, je le découvre ce soir... Certains morceaux ou instants me plaisent plus que d'autres mais j'apprécie globalement la diversité au sein des morceaux très changeants ainsi que la solidité de l'ensemble. Je pense parfois à du Gojira ou à du Meshuggah (avec quelques grosses rythmiques plus que djent sur les bords) mais aussi à du Death voire à du Pain Of Salvation sur les passages plus calmes ou mélodiques. La prestation est énergique, hyper carrée et intense... ça ne rigole pas. Et le visuel est raccord : les lumières stroboscopiques nous en mettent plein la tête ! En cours de set, Le frontman (déjà bien occupé par un jeu de guitare complexe et un chant alternant growls caverneux et parties plus claires et aériennes) sort le saxophone... l'instrument sera utilisé sur deux compos. Original.

 

Comme on s'en doutait, les Italiens de Virtual Symmetry font irruption en plein set, armés de baguettes, (toujours le pain, rien à voir avec la batterie), mimeront les solos de guitares en se servant de l'aliment concerné et feront les couillons aux côtés des Français, forcément très souriants mais tout de même concentrés sur leur partition. Gros contraste entre la brutalité de la musique et l'ambiance festive sur scène à ce moment-là. Le chanteur/guitariste/saxophoniste s'autorisera également une petite sortie de scène pour venir se balader dans la fosse en plein solo... Tout cela finira en longue accolade avec Henrik Danhage, le guitariste d'Evergrey, venu regarder la prestation du quartet. Chouette ambiance... et un groupe intéressant. A suivre. 

 

Nouveau changement d'atmosphère pour finir la soirée avec la tête d'affiche tant attendue. Quand Evergrey investit la scène, le mode galvanisant est d'ores et déjà enclenché ! Sur l'intro (jouée sur bande) qui passe avant que le premier morceau ne soit joué, les musiciens montent sur scène et s'emparent de leurs instruments tout en levant le poing en rythme vers le ciel incitant les fans à scander des "Hey!" tonitruants. Tout le monde est maintenant bien remonté à bloc et prêt à se prendre un bon Save Us dans la face ! C'est une constante ce soir, le son est massif. Mais, et cela me rassure, on entend mieux la voix que pour les groupes précédents... et vu que le chanteur n'est autre que Tom Englund, j'ai envie de dire que c'est heureux (il aurait été dommage que l'organe du monsieur soit noyé dans le mix... comme ce fut le cas la dernière fois que j'ai vu Evergrey, à la Boule Noire, en 2017).

Comme dit en introduction, pandémie oblige, Evergrey a deux albums à présenter ce soir. On ne s'étonnera donc pas que la setlist soit à moitié composée de morceaux extraits des deux opus en question. Les fans de la première heure devront de toute façon se faire une raison car les Suédois ont décidé de privilégier la partie la plus récente de leur catalogue : quasiment aucun titre des huit premiers disques ne sera joué. Vers la fin du set, le groupe nous gratifiera d'un A Touch Of Blessing, puis d'un Recreation Day, histoire de nous rappeler qu'il y a eu quelque chose avant Hymns For The Broken... et c'est tout ! Oui, deux titres pour récapituler une période s'étalant de 1998 à 2011 (et huit albums), c'est peu. Au moins, personne ne pourra accuser le groupe de vouloir capitaliser sur son passé. Au final est-ce que cela s'avère frustrant ? Eh bien, non, pas vraiment. Evidemment, en tant que fan appréciant grandement les débuts du groupe, je n'aurais pas craché sur un Solitude Within ou un The Masterplan (incroyable d'avoir retiré un tel classique du set, mais bon...), cependant, ces titres, je les connais bien et les ai déjà eu lors de shows précédents. En plus, les nouvelles compos passent particulièrement bien sur scène, elles semblent tout simplement taillées pour le live ! On s'y attendait mais Save Us et Midwinter Calls, avec leurs gros chœurs (déjà enregistrés par les fans sur album) sont absolument irrésistibles. Surtout la seconde avec ses "wo-hoooooo wo-hooooooo..." qui accompagnent le riff principal... sur ce titre en particulier, la salle est vraiment le sixième membre du groupe.

Les titres s'enchaînent vite, Englund ne fait pas trop dans la parlotte entre les chansons... il lâchera tout de même qu'on a va passer une excellente soirée, nous remerciera chaleureusement de notre présence et nous avertira que le groupe compte bien nous rejoindre dans la salle après le concert pour discuter, prendre des photos et signer tout ce que l'on veut. Il y aura aussi un petit moment marrant, juste avant My Allied Ocean (totalement redoutable, soit dit en passant), où il nous expliquera que Johan (le bassiste) fait la tête le matin au petit déjeuner parce qu'il aimerait jouer de la guitare... il nous explique alors que sur le titre suivant, il autorisera Johan à venir actionner par deux fois sa pédale wah-wah, ce qui lui donnera un peu l'impression d'être guitariste. Il nous faudra alors acclamer le bassiste au moment où ça se produit. Fun. Tout comme l'inévitable moment où les musiciens de Virtual Symmetry et Fractal Universe déboulent pour faire les guignols (sur l'hymnesque Call Out The Dark qui prouve, encore une fois, que le nouvel album est vraiment fait pour la scène). 

L'ambiance est très chaleureuse, le groupe est super bon (aucun musicien ne saurait être pris en défaut), le light show bien étudié (ces lumières qui s'alternent en rythme sur l'intro impressionnante de Silent Arc, ça claque !)... Tout est globalement impeccable, le show est plus que rodé (normal, c'est quand même la dernière date) et le son, bien que légèrement perfectible par moment (trop de réverb' sur la voix d'Englund au moment de la belle In The Absence Of Sun, des claviers qu'on pourrait encore mieux entendre...) est franchement pas mal. Henrik Danhage exécute de bons petits solos, toujours bien éclairé et sur le devant de la scène au moment opportun, Jonas martèle ses fûts avec force et précision et Tom demeure l'un des grands chanteurs du style, avec une personnalité vraiment distincte. Les morceaux sélectionnés sont de choix... Il n'y a guère que Blindfolded, pourtant très bien sur le papier, qui passe un peu moins bien en live que les autres nouveaux titres, je trouve. Les deux dernières compos jouées sont Recreation Day et King Of Errors, conclusion plus que classe, vous en conviendrez (si vous ne les connaissez pas, vous ferez semblant de trouver ça classe, ça vous évitera de passer pour des nazes). Chose promise, chose due : peu de temps après la fin du show, on discute avec tous les musiciens, fatigués mais généreux sur scène comme dans la salle parmi nous, accordant du temps à tous ceux qui leur amènent des disques à signer ou qui souhaitent prendre des photos en leur compagnie. Une belle soirée ? Plutôt, oui ! Vivement la prochaine ! 

 

Setlist d'Evergrey :

01. Save Us
02. Weightless
03. Distance
04. Eternal Nocturnal
05. Where August Mourn
06. Midwinter Calls
07. A Silent Arc
08. In The Absence Of Sun
09. Call Out The Dark
10. My Allied Ocean
11. A Touch Of Blessing
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12. Blindfolded
13. Recreation Day
14. King Of Errors

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