Je découvre avec horreur en visitant le stand merchandising de Wheel lors de leur passage à Londres, que si j’ai bien chroniqué le premier album Moving Backwards sorti en 2019, puis Resident Human sorti en 2021, mais que j’ai zappé Charismatic Leaders sorti en mai 2024. Il faut dire que j’ai été particulièrement faiblard en chronique cette année, il va falloir corriger ça en 2025.
En attendant, ce concert fabuleux m’a redonné l’envie et voilà donc Charismatic Leaders, troisième album du groupe anglo-finlandais de metal prog Wheel. J’ai découvert aussi à ce même stand de merch que le groupe avait aussi sorti plusieurs EP: The Path (2017), The Divide (2018) et Rumination (2022).
Cet album est le premier sorti chez Inside Out Music, label metal prog par excellence. Il est mixé par Forrester Savell (Karnivool, TesseracT) et le son est massif et d’après James, le chanteur, un son plus metal que les deux précédents.
Pour ce qui est du line-up, le groupe continue de s’afficher en trio avec aux commandes James Lascelles (chant/guitare), Santeri Saksala (batterie) et Jussi Turunen (guitare lead), pourtant la basse de cet album est énorme. Renseignements pris, elle est jouée par James lui-même, puisqu’ils n’avaient plus de bassiste pour cet opus (et que ça a été la valse des bassistes depuis le premier album). Sur la tournée et sur les vidéos promo de l’album on voit apparaitre les longs cheveux et la basse multiscale de Jere Letho, peut-être que le groupe a trouvé le bassiste à la hauteur, l’avenir le dira.
Si vous connaissez les deux premiers albums de Wheel vous savez que les influences sont multiples, allant de Tool à Karnivool, en passant par Katatonia, Vola et même Riverside et Steven Wilson pour certains passages de la voix de James. Les thèmes abordés sur l’album sont les méfaits du populisme, le nombrilisme et l’égoïsme qui semble régir ce monde de nos jours.
L’album attaque dans le dur avec Empire, qui, en effet, est bien heavy et plus metal qu’à l’accoutumée. La basse y est massive dans le mix, j’adore. La voix de James est toujours fabuleuse, douce amère, mélodieuse et à vif en même temps, c’est vraiment un très bon chanteur qui me rappelle un peu Mariusz Duda (sur les couplets calmes). Les riffs sont affutés, la batterie de Santeri reste une pièce maitresse de l’édifice. Le groupe est passé maitre dans les breaks incroyables qui prennent l’auditeur à contre-pied. Ce morceau ne fait pas exception. Ce morceau en live fut une tuerie !
Porcelain est plus calme, plus posé, plus mélodique aussi, avec une guitare bien travaillée. Quand la guitare fait une pause syndicale dans ses contre-chants, la section rythmique prend le relais, tranquille, ça groove sa race, on aurait envie que ça ne s’arrête jamais. La puissance des riffs me rappelle le son de Vola, avec ces petits bends de corde. Submission est un morceau avec une bonne intro de guitare énervée qui contraste avec le chant plutôt posé et mélodieux, un peu la signature du groupe. C’est un morceau fleuve, à tiroirs, de plus de dix minutes. Là encore, la voix de James me rappelle celle de certains titres de Riverside, plus que ceux de Tool en tout cas.
Saboteur, que j’ai eu le plaisir d’entendre en live avant de le découvrir sur l’album est un super morceau de neuf minutes, très heavy aussi. Les riffs sont puissants, la basse claque, la voix se pose délicatement sur cet ensemble surpuissant, le contraste est excellent. La voix s’agace sur le refrain, la tension monte petit à petit dans le morceau. Santeri continue de faire des siennes avec les rythmes off tempo, c’est génial. Disciple est un morceau Tool-esque, avec un fond de violon (ou de guitare jouée à l’EBow), puis un gros riff de guitare, alors que Caught in the Afterglow is un petit intermède gentillet, à la guitare acoustique, sorte d’intro pour le dernier morceau fleuve de l’album The Freeze. Celui-là est encore une sacrée belle compo de plus de dix minutes qui clôt l’album en force. Le rimshot de la batterie de l’intro est super sympa, les signatures de temps improbables de la batterie sont incroyables (voire déconcertantes), la voix de James (un peu trafiquée par moment), très Riverside encore. Le morceau est assez calme, mais là encore, le groupe fait monter la tension, qui devient de plus en plus palpable quand les riffs se déchainent. Le solo quelque peu dissonant m’a un peu choqué au départ, mais je l’ai apprivoisé, après plusieurs écoutes. Quel yoyo émotionnel ce morceau !
Au final, est-ce un virage metal du groupe ? Pas si sûr. Est-ce toujours un album complet, intéressant, rempli de compositions qui surprennent l’auditoire, la réponse est clairement oui. Je suis encore totalement sous le charme de la maitrise technique des musiciens, de la richesse des compositions, de la voix et du charisme de James. Certains vont peut-être râler que l’influence de Tool est toujours trop présente. Elle est présente, mais beaucoup moins que sur Moving Backwards et certainement pas "trop" présente. Juste parfaite à mon goût, je pourrais écouter ce genre d’album, encore et encore, pour y découvrir tous ses trésors (trop bien) cachés.