Je vous avais alerté lors de la sortie du premier album de Wheel, Moving Backward, que le groupe finlandais de metal prog était a
suivre de près. Mais voilà, vous ne m’avez pas écouté, je parie. Je
vais pouvoir en remettre une couche car le groupe est de retour. Les pauvres n’ont pu
défendre ce premier album dignement pour cause de pandémie et, dépités, ils
sont retournés à la composition puis au studio pour sortir aujourd’hui Resident
Human, un second album, dont le thème principal est le comportement humain rudement mis
à l’épreuve ces jours-ci par la pandémie, les violences policières et
autres joyeusetés (pas folichon le programme). Le line-up du groupe a quelque peu changé
puisque si on retrouve bien le charismatique James Lascelles au chant et à la
guitare (il est par ailleurs producteur) et Santeri Saksala à la batterie,
c’est aujourd’hui Aki Virta qui officie à la basse et il n’y a
pas de second guitare, même si le solo de Hyperion est assuré par Roni
Seppäten (présent au sein du groupe dans le premier album et toujours
présent sur le site web). L’artwork est superbe et interpelle le potentiel auditeur au
premier coup d’œil.
L’album compte sept morceaux pour cinquante minutes de
metal progressif de haut vol. Si je devais faire un résumé, je dirai qu’on retrouve
un peu le charisme et la qualité de compositions de Pain Of Salvation, croisé avec la froideur un peu
indus et hypnotique deTool. L’alternance de morceaux fleuve (plus de onze minutes
pour Dissipating, plus de douze pour Hyperion et plus de dix pour Resident
Human) à multiples tiroirs et de morceaux plus courts (Movement, Ascend,
Fugue) permet d’écouter cet album d’un traite, sans voir le temps passer, ni
s’ennuyer une seule seconde. Le production est superbe, le son par exemple de la basse sur
Hyperion ou Fugue (fretless ?) est somptueux, le chant de James,
fascinant le niveau des compositions exceptionnel, savant mélange de passages hypnotiques, de
riffs puissants, de moments calmes, mettant encore plus en valeur les contrastes puissants de
l’album et la voix changeante et toujours poignante de James qui capte
l’auditeur. La section rythmique est énorme, les signatures de temps à
géométrie variable donnent le tournis (la batterie de Santeri sur le
morceau éponyme, mes aïeux, quelle pieuvre !?), les amateurs de metal prog ne pourront
rester insensibles. L’album comporte assez peu de solos, seul Hyperion, en possède
vraiment un, assez arabisant dans le style.
Je ne vais pas vous le disséquer, je vous laisse cette surprise,
mais sachez que tout est bon dans cet album, les morceaux longs et hypnotiques, multi-facettes, comme
les plus courts aux mélodies à couper le souffle.
Bien sûr certains lui reprocheront, comme sur le
précédent, de flirter avec le style de la bande à Maynard (le
final de Hyperion par exemple), c’est tout à fait normal puisque la voix de
James s’en rapproche bigrement. Reste que le niveau des compositions est
exceptionnel et ne devrait aucunement nous faire bouder ce plaisir.
Juste un petit mot sur le morceau qui clôt cet œuvre, Old
Earth. C’est un court morceau instrumental de piano qui permet de reprendre son souffle,
d’essuyer éventuellement ses yeux humides. Il agit comme un peu sas de
décompression, un sas de retour sur Terre dans l’atmosphère actuelle qui est la
nôtre et qui, au final, est très proche de l’ambiance pesante de ce Resident
Human introspectif.
Fffffffff ! Inspirez ! Expirez, Inspirez, et appuyez sur Play
à nouveau…
Tracklist de Resident Human :
01. Dissipating 02. Movement 03. Ascend 04.
Hyperion 05. Fugue 06. Resident Human 07. Old Earth