Unleash The Archers n’est plus un nouveau venu dans le monde du power metal... même s’il m’aura fallu attendre longtemps pour véritablement m’intéresser à son cas. En effet, bien que ce groupe canadien ait sorti son premier méfait en 2009, c’est onze plus tard avec le très réussi Abyss que je me décidai enfin à "voir la lumière". Oui, Abyss m’a convaincu, il m’a même charmé... et il m’est donc maintenant impossible d’ignorer la suite des aventures de ce groupe. Voici donc, après quatre ans d’attente, Phantoma, un sixième opus en forme de concept album centré sur l’IA (sujet décidément immanquable par les temps qui courent).
L’ensemble commence plutôt calmement et pose son ambiance science-fiction (les claviers sont plus présents ici que sur leurs disques précédents) avec un Human Era mid-tempo dont les riffs et l’allure me rappellent un peu le Queensrÿche classieux de la grande époque. J’ai réécouté Apex il y a quelques jours pour m’en assurer et il est clair qu’Unleash The Archers poursuit son évolution plus mélodique et un peu moins punchy (déjà audible sur Abyss). Ceux qui souhaitaient davantage de gros riffs, de muscle ou de vélocité (ou un côté heavy metal plus daté) vont peut-être le regretter mais, personnellement, cela ne me pose pas de souci... surtout quand on a affaire à des compos aussi bien écrites. Et, comme dit plus haut, je ne suis pas un fan de la première heure donc, en ce qui me concerne, le cru 2024 passe très bien. Et puis, n’exagérons rien, même s’il est vrai que, de prime abord, on sent que la voix de Brittney Slayes (parfaite, soit dit en passant), l’atmosphère créée par les arrangements et la batterie attirent davantage l’attention que les riffs, ces derniers ne sont pas inexistants et l’album ne manque pas de titres rapides et entraînants tels que le genre l’exige. Le deuxième titre, Ph4NT0-mA, rassurera d’ailleurs ceux qui craignaient que le groupe ait trop perdu en fougue. Speed, avec double pédale activée, claviers bien utilisés (car collant bien au thème) et pourvu d’un refrain épique, ce morceau convainc dès la première écoute. Buried In Code fait dans le power énergique enlevé et plus léger avec une petite rythmique façon triolet (cavalcade). Très classique mais efficace... un peu trop enjoué à mon goût mais rien de bien grave. Je préfère la gravité du riff de The Collective (une fois l’intro électro passée), titre particulièrement véloce (à l’instar de Ph4NT0-mA) qui se paie un break plus sombre et inquiétant avec des vocalises extrêmes et ces chœurs chantant "We are the collective".
Le son est de toute beauté, l’ambiance bien travaillée, les mélodies enchanteresses pleuvent, les musiciens sont excellents et Brittney chante toujours aussi bien... que demande le peuple ? Encore plus de speederie épique aux mélodies enivrantes ? Très bien, le single Green & Glass et son excellent refrain sont là pour vous servir. Reconnaissons à Unleash The Archers cette capacité à composer des hits power metal à grand renfort de thèmes mémorables et souvent classes. Souvent mais pas tout le temps. Je n’ai pas de souci avec le morceau Gods In Decay qui se révèle parfaitement accrocheur et qui voit ses auteurs flirter avec le côté pop de la Force... cependant son thème au clavier me séduit moins que d’autres et dégage quelque chose de plus commun et kitsch, il me semble. Et avec Give It Up Or Give It All, les Canadiens prennent des risques. On débarque en terre AOR avec une sorte de morceau changeant, rock / ballade / presque comédie musicale avec ses "wo-ho, wo-ho" un peu trop fédérateurs et un break piano/opéra rock surprenant... Développé sur plus de sept minutes, ce titre va diviser les fans, c’est clair. On notera tout de même une prestation vocale quatre étoiles et un superbe solo de guitare... mais cela sera-t-il suffisant pour faire passer cette pilule un poil trop acidulée ? Au moins, accordons aux archers l’avantage de l’innovation. Ghosts In The Mist arrive à point nommé pour remettre un peu de noirceur dans la recette (même si la facette Pop 80s n’a pas totalement disparu) avec ses claviers très Children Of Bodom en intro, suivis d’un riff bien dark. Ce mid-tempo mélodique alterne légèreté pop et passages plus menaçants avec voix flippantes (les fameux fantômes du titre sans doute) et riffs au style plus extrême... Le refrain classe emballe le tout et quelque chose continue de nous hanter une fois l’écoute terminée. Seeking Vengeance poursuit sur cette très bonne lancée (avec les fameux vocaux extrêmes que le groupe aime utiliser de temps à autre), quelques accélérations bien senties et une certaine mélancolie bienvenue. Blood Empress n’est pas tout à fait la conclusion "feu d’artifice" que j’espérais mais elle conserve l’ambiance un peu pesante et sombre des pistes précédentes. C’est une conclusion solide à défaut d’être ébouriffante.
J’ai globalement plus de difficulté à accrocher au power metal aujourd’hui (je suis lassé de certaines formules, certains groupes, n’apprécie que très modérément le côté happy metal souvent inhérent au genre et ne me retrouve pas ou plus dans l’aspect un peu pompier ou kitsch de quelques arrangements) mais grâce à quelques formations dont Unleash The Archers fait assurément partie, ce n’est pas encore aujourd’hui que je tournerai définitivement le dos à ce genre. Les mélodies, la production moderne, l’ambiance travaillée de ce Phantoma, le soin accordé à l’écriture, la volonté d’évoluer, de saupoudrer sa recette de quelques touches progressives et la classe dont fait preuve Brittney Slayes à chaque instant font de Phantoma un disque plus que recommandable, même s’il ne s’agit peut-être pas de la meilleure livraison des archers canadiens (je n’ai pas encore assez de recul mais les deux albums précédents m’avaient plus fortement et immédiatement scotchés). Je suis curieux de voir UTA présenter ce nouvel album sur scène. Vivement la tournée !
Tracklist de Phantoma :
01. Human Era 02. Ph4NT0-mA 03. Buried In Code 04. The Collective 05. Green & Glass 06. Gods In Decay 07. Give It Up Or Give It All 08. Ghosts In The Mist 09. Seeking Vengeance 10. Blood Empress