Artiste/Groupe:

Trivium

CD:

Silence In The Snow

Date de sortie:

Octobre 2015

Label:

Roadrunner Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

On aime ou on n'aime pas Trivium mais il y a une chose qu'on doit leur reconnaître : Matt Heafy et ses acolytes ont à coeur de faire évoluer leur musique. La stagnation, c'est pas trop leur truc. Sortir deux fois le même album (habitude répandue chez de nombreux groupes de metal "conservateurs") ? Non, merci. Silence In The Snow confirme cette donne tout en se posant comme une évolution logique de Vengeance Falls, déjà plus mélodique que ses prédécesseurs. Alors oui, comme ça arrive (presque systématiquement) tôt ou tard chez les groupes qui pratiquent un style un tant soit peu "velu" (thrash, death plus ou moins mélodique) et connaissent une certaine renommée, un virage franchement plus mélodique est tenté. Metallica l'a fait, Megadeth l'a fait, In Flames, Soilwork, TestamentKreator... bref, la liste est très longue, disons simplement que quasiment tout le monde l'a fait. Le quatuor délaisse donc une grande part de son agressivité et n'a plus grand-chose de thrash ou metalcore à offrir. Ce n'est pas la première fois que la mélodie s'offre un rôle non négligeable chez Trivium (on vient d'évoquer Vengeance Falls, souvenez-vous également de The Crusade) mais, cette fois-ci, le combo va vraiment plus loin et nous propose son album le plus clean, doté d'une âme très heavy mélodique. 

Oui, les influences heavy du passé sont réelles. Mais Trivium ne pousse pas le bouchon jusqu'à adopter un son conçu pour séduire les nostalgiques. Hors de question que Silence In The Snow sonne comme un album des années 80, la production (assurée par Michael Baskette qui a récemment travaillé avec Alter Bridge ou Slash) reste donc bien moderne. Le son est bon et dynamique (avec une basse bien audible, c'est toujours agréable) mais nettement moins massif ou costaud que celui de Vengeance Falls qui mettait davantage en avant les grosses guitares. Les compos n'ont rien de vieillot non plus, les riffs ne sont pas calqués sur ceux des illustres pionniers qui ont écrit les plus belles pages du heavy. Le changement le plus frappant provient en fait du chant de Matt Heafy, bien moins hargneux que par le passé. Cela fait déjà un moment que le monsieur travaille sa voix et tend vers moins d'agressivité, les hurlements ou growls avaient presque disparu sur l'opus précédent. Eh bien la mue est achevée. Heafy ne fait désormais plus que dans le chant clair et mélodieux, à peine éraillé par moment. Il me fait de plus en plus penser à Michael Poulsen de Volbeat. Mettons maintenant de côté ces considérations de style, chant ou production et passons aux compositions car, au final, une bonne chanson est une bonne chanson, quel que soit son style, non ?

Et des bonnes compos, il y en a dans ce Silence In The Snow. Mais pas que... En tout cas, je trouve que l'album démarre plutôt bien avec la chanson titre (faisant suite à une courte intro orchestrale et dramatique) qui a le mérite de ne pas donner de faux espoirs à l'auditeur tant elle met en avant la nouvelle direction musicale du groupe. C'est mid-tempo, très mélodique, le chant de Heafy a changé... mais j'aime bien. C'est assez accrocheur, la rythmique se réfère au heavy traditionnel et le refrain a une touche épique pas désagréable. J'adhère aussi pas mal à Blind Leading The Blind. Le tempo est plus enlevé mais le morceau n'est pas spécialement plus rageur, on reste sur quelque chose de très mélodique. Pas renversant mais plutôt agréable. Cette dernière phrase s'applique en fait à beaucoup de pistes sur ce Silence In The Snow. Je ne trouve rien de particulièrement génial à me mettre sous la dent, mais bon nombre de pistes s'avèrent bien plaisantes. 

Dead And Gone revêt un habillage plus moderne que les deux pistes précédentes et le refrain tout en voix doublée est très catchy... assurément le point fort de ce morceau. The Ghost That's Haunting You continue sur une lignée sembable en mettant en avant des mélodies très accrocheuses, son refrain est sans doute l'un des plus mémorables de la galette, ce qui plaira à certains mais contrariera d'autres auditeurs en attente de quelque chose de plus méchant et moins facile d'accès. Ici, tout est assez simple et direct. Trivium ne fait plus trop dans l'alambiqué ou l'épique, comme au temps de Shogun. Conséquence directe : peu de chansons dépassent les quatre minutes. Cela donne un album très homogène et un peu prévisible mais, encore une fois, pas spécialement déplaisant (je précise que je n'ai jamais été un méga-fan de Trivium et n'ai donc pas d'énormes attentes). Une bonne surprise provient de Until The World Goes Cold, un morceau cool (conçu pour séduire un public large) qui ne m'a vraiment pas séduit à la première écoute (je me suis même ennuyé) et qui, après plusieurs essais, a finalement réussi à m'imposer sa trame et sa mélodie. Son ambiance et son refrain traînent régulièrement dans ma tête ces jours-ci. Je n'en dirai pas autant de Pull Me From The Void au refrain trop entêtant et gentillet pour être honnête. Le couplet sonne très power mélodique, mais l'ensemble est assez répétitif et plat. 

Il y a de bonnes choses dans la deuxième moitié de cet album mais la formule étant toujours un peu la même, je finis par légèrement me lasser. Une piste sort cependant du lot et se révèle un peu plus excitante que beaucoup d'autres sur ce disque... mais elle arrive un peu tard. Non, enlevez le "un peu" de ma phrase, elle arrive très tard puisqu'il s'agit de la dernière chanson : Breathe In The Flames. Sur cette compo, Trivium ose sortir du tempo emprunté sur la plupart des titres précédents, case un bon riff old-school (sorte de variation du We Rock de Dio), balance des changements de rythme ainsi que des influences un peu plus thrash (quelques passages font penser à du vieux Metallica)... il se passe quelque chose de vraiment plaisant. Dommage, donc, que Breathe In The Flames débarque si tard... mais mieux vaut tard que jamais, c'est bien qu'elle soit là. 

Il y a du travail dans ce septième opus, cinq ou six titres qui tirent bien leur épingle du jeu mais l'ensemble semble tout de même un peu lisse, calibré, trop inoffensif peut-être. On a connu Trivium moins sage, plus scotchant. On sait que la paire Beaulieu / Heafy peut nous sortir des plans de guitares assez jouissifs, des solos excellents... Là, on ne peut nier que les musiciens sont bons mais on a entendu plus impressionnant. Cela dit, c'est cohérent. Le but de Silence In The Snow n'est clairement pas de faire dans la démonstration technique et placer des plans alambiqués dans tous les coins. Le groupe s'est inspiré de formations de heavy classique (ils font notamment régulièrement référence à Dio ou Black Sabbath dans leurs récentes interviews) et l'objectif premier est l'efficacité, l'accroche par la mélodie. Evidemment, La technique est là (les gars ne se sont pas subitement transformés en manchots) mais elle est nettement plus discrète. Au final, l'album est assez agréable et s'apprécie de plus en plus au fur et à mesure des écoutes, mais il ne va pas jusqu'à me donner des frissons. C'est sympa, bien fait... mais niveau émotion, excitation, ce n'est pas la fête non plus. Reste à voir ce que cela donnera sur scène prochainement... en attendant les prochaines surprises que nous réserve Trivium

Tracklist de Silence In The Snow :

01. Snøfall
02. Silence In The Snow
03. Blind Leading The Blind
04. Dead And Gone
05. The Ghost That's Haunting You
06. Pull Me From The Void
07. Until The World Goes Cold
08. Rise Above The Tides
09. The Thing That's Killing Me
10. Beneath The Sun
11. Breathe In The Flames