Le 16 décembre 1996 a eu lieu un petit événement qui allait occasionner LE split de la scène metal des années 90 avec le fracassant – et inattendu de l’extérieur - départ de Max Cavalera. Alors au sommet après une carrière en progression constante, tant artistique qu’en terme de popularité,Sepultura nous offrait alors un grand moment de « lavage de linge sale en public », le Max Cavalera déversant dans un premier temps ses rancœurs dans la presse spécialisée, cette dernière prenant à mon sens fait et cause pour Max, au passage. Mais je vais un peu vite en besogne. Revenons brièvement sur ce split. Nous étions là devant un cas typique de situation bancale dans l’organisation interne d’un groupe avec un chanteur guitariste marié à la manager du groupe. Scénario idéal pour avoir de belles tensions entre des égos déjà mis à mal par le succès retentissant d’un Roots projetant Sepultura au firmament de la scène metal. Forcément, quand Andreas Kisser et le bassiste Paulo Jr. annoncèrent ne plus vouloir collaborer avec Gloria, épouse du chanteur (et accessoirement belle-sœur du batteur, je vous dis joyeux boxon !!), le Max prit la mouche et par la même occasion la porte. Sans trop rentrer dans le jeu malsain de désigner un responsable, rappelons que le fils de Gloriafut victime d’un accident mortel de voiture et que ce tragique événement a pu générer un "isolement" légitime des deux. Au final, il semblerait plus qu’au-delà de ces douloureux événements, les relations entre MaxCavalera et Andreas Kisser étaient très dégradées. A ce titre, il est étonnant de constater qu’une éventuelle reformation du Sepultura époque Roots ne fut encore jamais évoquée, preuve à mon sens d’un problème de fond entre deux égos en quête de leadership et d’une totale scission entre les deux.
Début 1997, Max Cavalera, libre, monta son groupe, le nomma Soulfly en lien avec des paroles de chanson écrites en hommage à son beau-fils sur le Around The Fur de ses potes de Deftones. Pour montrer sa volonté, Max Cavalera mit le paquet : guests de luxe (membres deFear Factory, Fred Durst deLimp Bizkit, Chino Moreno), Max s’entourant de certains des groupes les plus « in » de l’époque pour son premier effort (en parallèle, pour leur premier effort post split, Sepultura se paiera Jason Newsted comme guest dans une espèce de guerre à distance assez gênante). Grosse communication aussi où, pour ma part, j’avais eu le sentiment qu’en se présentant en victime (ce qu’il était un peu, soyons justes !), Max Cavalera avait la sympathie de la presse et d’une partie du public quand Kisser passait pour le « méchant de service », le responsable du split. Le lien est d’ailleurs très clair, Max Cavalera se présentant comme garant de l’esprit Roots et surfant sur ce succès, porté aussi par un Roadrunner alors surpuissant. Dans la même dynamique de continuité, on retrouve Ross Robinson à la production, le grand chambellan derrière le son Korn étant alors incontournable et qu’on retrouvait un peu (trop) partout. On retrouve l’esprit tribal qui avait tant marqué son époque, les références à la culture brésilienne traditionnelle. On peut regretter que Max attaque ce disque par un règlement de comptes en bonne et due forme avec un Eye For An Eye vengeur (et manquant d’élégance à mon sens). Bon titre au demeurant, assez typique du style avec gros riff, influences hardcore. Belle performance associée à ce disque, ce Bleed avec Fred Durst où ce dernier apporte un immense plus pour un titre hyper fédérateur et franchement imparable.
Avec le recul, tout ce foin autour du split de Sepultura n’était pas glorieux (désolé je n’ai pas résisté !) mais le temps a donné plus de sens à tous ces événements. Max Cavalera a tracé un bien joli bout de chemin plus ou moins en solo, certes avec des hauts et des bas mais avec sincérité et souvent bien entouré. Sepultura a maintenu un niveau de qualité certain et, en dépit d’un sacré trou d’air les premiers temps, s’en sort très bien. Ce split avait donc du sens même si les deux entités – de qualité – n’ont jamais retrouvé un tel niveau de popularité. Je ne sais pas s’il faut le regretter tant il semble évident que les deux guitaristes ne pouvaient plus collaborer ensemble. Ce premier effort permit à Max Cavalera de continuer sa route et présente quelques bons titres même si, à dire vrai, peu ont réellement marqué les mémoires. Ce disque, trop marketé (de par ses guests, son style attendu), eut le mérite de lancer la machine Soulfly.
Tracklist de Soulfly :
01. Eye For An Eye 02. No Hope = No Fear 03. Bleed 04. Tribe 05. Bumba 06. First Commandment 07. Bulbklaatt 08. Soulfly 09. Umbabarauma 10. Quilombo 11. Fire 12. The Song Remains Insane 13. No 14. Prejudice 15. Karmageddon