Enfin un live de Skid Row ! On a failli attendre. Le groupe a quand même sorti son premier album en 1989 ! OK, techniquement, ce Live In London n’est pas exactement le premier live des Américains puisque Subhuman Beings On Tour est paru fin 1995. MAIS il ne fut distribué qu’au Japon et ce n’était qu’un EP perfectible aussi bien d’un point de vue qualitatif (titres séparés par des fondus, coupés à la va-vite, setlist discutable...) que quantitatif (six titres, une toute petite demi-heure). L’histoire de Skid Row étant compliquée depuis des années, avec pas mal de changements de chanteur et très peu de nouveaux albums (marquants) sortis depuis le départ de Sebastian Bach, on peut entendre que l’idée de proposer un live ne se soit pas toujours imposée comme une évidence... jusqu’à l’arrivée du Suédois Erik Grönwall (ex-H.E.A.T) au poste de vocaliste et la sortie d’un The Gang’s All Here réussi en dépit de son caractère passéiste. Petit souci, le chanteur a annoncé en mars dernier qu’il quittait (déjà) le groupe. Décidément, quand ça ne veut pas... Mais peu importe, la tournée a été enregistrée et voici donc le premier live longue durée du combo, également témoignage du passage éclair de Grönwall dans ses rangs. Spoiler : il est très bon. C’est bien là le principal.
On n’avait pas grande crainte quant à sa qualité à vrai dire... Grönwall, vu sa personnalité avenante, son enthousiasme et ses capacités vocales (lui permettant de chanter plus que correctement les vieux classiques), a été globalement bien accueilli par les fans (même si certains s’acharnent à ne vouloir entendre parler que de Bach) et Skid Row a joué la sécurité en terme de setlist puisque celle-ci est en très grande majorité composée de titres des deux premiers disques (six compos de chaque), de l’obligatoire Psycho Therapy (reprise des Ramones qui squatte inlassablement les shows des Américains depuis la tournée Slave To The Grind) et de trois extraits du dernier album. Et c’est tout, le reste de la carrière de Skid Row (moins remarquable, il est vrai) est gentiment mis sous le tapis. Les chances de se planter étaient donc minimes. Mais sait-on jamais, un chanteur (ou des musiciens) en petite forme le soir de la captation, un public endormi, un son de piètre qualité, ça peut arriver. Bien heureusement, pas cette fois.
Cette chronique va donc être assez vite pliée. Vous avez vu la tracklist ? Les titres sont très bons, les hits sont là, rien à redire là-dessus. Le groupe est impeccable... et bien sûr, celui vers qui tous les regards sont tournés (avec, peut-être pour certains, une légère appréhension), Erik Grönwall, ne démérite absolument pas. Il n’a pas exactement la gouaille de Bach (il n’est pas son clone, il chante ses chansons mais n’est pas là pour copier sa personnalité, on est d’accord) mais ne me fait pas regretter l’absence de l’ancien frontman (qui, avec vingt ans de plus, ne pourrait pas faire aussi bien, soyons clairs) tant il s’exécute avec passion, puissance et justesse. Il est impérial.
L’interprétation est énergique, bien rock... avec un très bon mix permettant d’entendre clairement tous les instruments et la voix sans que ça sonne trop "studio" non plus. Le son est bien live et j’aime son esprit rock’n’roll avec des chœurs parfois un peu "à l’arrache", pas trop proprets (à une heure où certains groupes abusent de bandes avec chœurs trop nickels / lisses pour être honnêtes). L’ambiance est chaleureuse, le public a du répondant, on l’entend bien lorsqu’il est sollicité - sur l’intro de Monkey Business (un peu rallongée pour l’occasion) et sur son break par exemple, il chante bien sur I Remember You aussi - ou entre les morceaux. Tout s’enchaîne vite et bien, pas le temps de s’ennuyer, on se régale à l’écoute de scuds bien envoyés (Psycho Therapy toujours chantée par le bassiste Rachel Bolan, Makin’ A Mess et Riot Act déménagent comme il faut, les nouveaux titres passent sans souci) mais aussi avec les ballades 18 And Life, In A Darkened Room ou I Remember You sur lesquelles Grönwall prouve encore une fois à quel point il est un excellent chanteur. La conclusion est enthousiasmante puisqu’elle se fait sur l’hymne Youth Gone Wild... énorme. Vous devez le savoir mais je vous le dis quand même : le CD est accompagné d’un DVD. Je n’ai reçu que la version audio mais au vu des vidéos disponibles sur la toile, aucun souci à se faire concernant la qualité visuelle du produit non plus.
Vous voulez que je râle un peu quand même ? Vraiment ? Bon, à la limite, j’aurais bien aimé que le concert soit un peu plus long (le CD dure une bonne heure et quart) mais il ressemble réellement à ce que le groupe faisait en tournée... difficile d’incorporer des titres qui n’ont pas été joués, n’est-ce pas ? Bon, et même si le groupe est très bon et que les compos sont énergiques et puissantes, je me souviens d’une époque où Skid Row jouait ses chansons avec encore plus de fougue et de rapidité (quand je les ai vus dans les années 90, Slave To The Grind sur scène, c’était quasiment du thrash !) mais là aussi, compliqué d’en demander plus, les gars n’ont plus vingt (ni trente) ans. En tant que capture de ce que Skid Row valait sur scène en 2022, ce Live in London est donc assez irréprochable. Si vous avez eu la chance de les voir sur cette tournée et avez apprécié les shows donnés, vos chances d’être déçus par ce Live In London sont nulles.
Tracklist de Live In London :
01. Slave To The Grind 02. The Threat 03. Big Guns 04. 18 And Life 05. Piece Of Me 06. Livin’ On A Chain Gang 07. Psycho Therapy 08. In A Darkened Room 09. Makin’ A Mess 10. The Gang’s All Here 11. Riot Act 12. Tear It Down 13. Monkey Business 14. I Remember You 15. Time Bomb 16. Youth Gone Wild