Est-ce que Six Feet Under cherche absolument à nous tendre le bâton pour se faire battre ? En effet, celui-ci continue sa série des Graveyard Classics, inaugurée en 2000. Il s'agit, pour ceux qui ne connaissent pas le principe, d'albums de reprises, tous aussi inutiles les uns que les autres (oui, je sais, avis totalement subjectif, ne frappez pas…). Non seulement inutiles mais risibles au mieux, pathétiques au pire. En effet, le fond du trou a été atteint avec le volume deux paru en 2004, sur lequel SFU avait entrepris de reprendre en intégralité l'album culte d'AC/DC, Back In Black... Un résultat navrant qui n'a dû intéresser que les ultra fans du groupe qui ne connaissaient pas l'oeuvre originale (mais est-ce possible quand on se dit fan de metal ?). On passera rapidement sur le volume trois (2010), pas vraiment plus indispensable que les autres mais moins catastrophique que le précédent pour nous intéresser (?) à ce volume quatre, qui annonce la couleur avec son titre : Graveyard Classics IV, The Number Of The Priest. Avec un titre pareil, vous vous doutez bien de qui vont être les victimes cette fois-ci. Oui, gagné, il s'agit de Judas Priest et Iron Maiden, deux institutions du Heavy Metal qui, pour le moment, avaient été quasiment épargnées par les massacres perpétrés par la bande à Chris Barnes (seul Wrathchild de Maiden avait été repris, et uniquement disponible en bonus sur le Graveyard Classics volume un).
Alors, selon Chris Barnes, avec ce nouvel album, il ne s’agit ni plus ni moins que de rendre hommage à deux des groupes les plus illustres du Metal. Pour ce qui est des groupes illustres, je suis d’accord. Je le suis beaucoup moins pour considérer ceci comme un hommage… Bon, on va la faire courte parce que franchement, il n'y a pas lieu de disserter des heures sur ce genre d’album : en plus d’être inutile (oui, je sais, je me répète), c’est désagréable à l'oreille (à moins de ne pas connaître les versions originales.) A ce propos, justement, SFU a pris soin de ne pas reprendre les morceaux les plus connus de ces deux groupes. Un bon point (ce sera le seul) car justement, peut-être que pas mal de fans de SFU ne connaîtront pas ces morceaux et ne feront pas la comparaison. Et il vaut mieux ne pas la faire... Il faut dire que Chris Barnes n'a pas choisi la facilité. Il reprend d'une voix caverneuse et monocorde des lignes de chant de chanteurs (Rob Halford et Bruce Dickinson principalement) qui modulent quand même énormément… et surtout, qui savent chanter. Ne croyez pas que c’est mieux quand il reprend du Di'Anno, c’est pareil. Et c’est évidemment au niveau du chant que le bât blesse. Le résultat est que chaque titre est désespérément plat. On peut prendre n’importe quel morceau de cet album, le résultat est le même : on a l’impression d’écouter ces deux groupes avec un grizzli en guise de chanteur. Essayer de reprendre ces chanteurs avec une telle voix, c'est comme essayer de reproduire une oeuvre de Van Gogh avec une seule couleur... Vous voyez le tableau ? Eh bien voilà, Graveyard Classics IV, c'est exactement ça : un truc terne, sans intérêt, qui gomme absolument tout ce qui faisait (et fait toujours) le charme des titres originaux. Ne croyez pas que je remette en cause le principe des reprises. Il y en a des très bien foutus, il arrive même parfois que des morceaux gagnent à être repris, grâce à une excellente interprétation et boostés par un son plus moderne (je pense par exemple aux reprises de Diamond Head par Metallica)… mais pas là. Six Feet Under ne rend pas service à ces superbes morceaux, il les dénature. Comme je le dis à chaque fois dans un tel cas de figure, il vaut mieux écouter les versions originales.
Ne vous méprenez pas, j'aime beaucoup le Death Metal. Le problème, c'est que j'aime aussi beaucoup le Heavy et notamment Judas Priest et Iron Maiden. Et là, franchement, je ne vois pas l’intérêt de livrer des versions aussi poussives de ces morceaux. Peut-être que certains les trouveront bien, même meilleures que les originales (glups !), c’est le droit de chacun après tout (vous savez, "tous les goûts sont dans la nature..."). Après tout, s’ils en sont au quatrième album de reprises, c’est qu’il y a eu suffisamment d’amateurs des épisodes précédents. Tant mieux pour eux. Pour moi, cet album va rejoindre les trois autres : six pieds sous terre…
Tracklist de Graveyard Classics IV – The Number Of The Priest :
01. Night Crawler 02. Starbreaker 03. Genocide 04. Invader 05. Never Satisfied 06. Murder In The Rue Morgue 07. Prowler 08. Flash Of The Blade 09. The Evil That Men Do 10. Stranger In A Strange Land 11. Total Eclipse
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