Évoquer la carrière du chanteur chilien Ronnie Romero âgé
de quarante-et-un ans n’est pas chose aisée.
En effet, celle-ci démarre en 2010. Par la suite il forme en 2014 avec le guitariste espagnol
Tony Hernando le groupe hispanique Lords Of Black. Cette
formation pratique du Power Metal de bonne facture, en sortant parfois des sentiers battus, ce qui
apporte un réel intérêt à leurs enregistrements, surtout pour ceux qui comme
moi se lassent assez vite de ce style. Groupe qu’il quitte début 2019, pour finalement le
réintégrer en mai 2020.
Entre-temps il officie au sein d’un groupe suisse
Coreleoni pour deux albums dans un pur style hard rock, The Greatest Hits Part
1 (2018) et l’excellent II (2019). Il pose également sa voix sur 2020 de
Vandenberg, que le guitariste a sorti de sa torpeur, ainsi que sur quatre titres de Immortal du MSG en 2021. Encore plus inattendue, sa participation au concours
Eurovision 2022 (oui…oui vous avez bien lu) au sein du collectif bulgare Intelligent
Music Project. Du reste il partage le micro avec d’autres, sur les deux derniers albums
de ce projet, il faut bien le dire, sans grand intérêt, monté par un homme
d’affaires. Ajoutons à cela, d’autres projets, participations diverses, bref, comme
on peut le voir, notre homme aime s’éparpiller, j’y reviendrai.
Mais ce qui le révélera à un plus grand nombre, est sa participation en 2016
à la reformation épisodique, et tellement inespérée, pour une série
de concerts, du mythique Rainbow de l’iconique Ritchie
Blackmore. Si les performances de ce Rainbow nouvelle mouture ont fait
couler beaucoup d’encre, (c’est bien sévère je trouve quand même... mais
bon étant un inconditionnel de l’homme en noir, pas sûr que je sois très
objectif), il n’en reste pas moins que celui qui clairement a rehaussé le niveau de cette
reformation bancale, c’est bien notre chanteur chilien.
L’homme en noir à toujours porté une attention
particulière aux musiciens qui l’entourent, notamment pour celui qui doit tenir le micro,
il suffit de constater les chanteurs qu’il a sortis de la deuxième division, et la
carrière que ces derniers ont ensuite mené pour s’en convaincre... est-il
nécessaire de donner des noms ? Justement à propos de nom, pour le coup disons
plutôt prénom, notre Chilien dont il est question ici, le porte bien son prénom, car
de tous les chanteurs qui ont accompagné le guitariste légendaire, s’il y en a bien
un qui a approché le talent de Ronnie James Dio c’est bien lui. Son
talent, sa voix et son timbre, nous rappellent très souvent notre lutin hélas disparu.
Durant les concerts de Rainbow sur les titres issus de l’ère
Dio, le chanteur s’en sort admirablement bien. Du reste, si on le compare
très souvent au lutin légendaire, c’est oublier une autre légende, elle aussi
de la sphère Blackmorienne, jetez une oreille sur l’excellent II
de Coreleoni, album plus que recommandable, qui vous renvoie direct à la
glorieuse époque de Whitesnake, outre la musique, le chant et la voix
de Ronnie vous fait sur certains titres, croire entendre le beau David
quand il avait encore toutes ses facultés.
Il est temps maintenant de passer à l’objet de cette chronique. Comme nous l’avons
vu, notre chanteur s’éparpille façon puzzle, et ici nous avons enfin un album solo
du Chilien, il était temps quand même. Oui mais, la joie est de courte durée, en
effet cet album est constitué de reprises qui ont bercé la jeunesse de notre homme. Ce
genre d’entreprise est plutôt risqué et sans grand intérêt,
qu’apporter de plus à des titres qui ont marqué l’histoire du rock ? Ceux qui
s’y sont collés, pour la plupart, se sont faits le plus souvent étripés,
qu’en est-il ici ?
Première bonne surprise : dès l’entame du disque, la production… celle-ci
est de très bon niveau, chaque instrument est bien audible, pas de réverbération
bien dans l’air du temps, qui procure le plus souvent une bouillie sonore, surtout la voix de
Ronnie est bien mise en avant, ce qui nous permet de bien profiter des qualités
de celle-ci. La plupart des titres issus de groupe tels que Bad Company,
Queen, Kansas, Foreigner, Bob
Dylan,entre autres, n’apportent vraiment rien de plus. D’autres
étonnent comme par exemple Blackstreet Love Affair de Survivor qui
n’a pas vraiment sa place ici, mais bon, il arrive en seconde position, ce qui permet de
l’oublier assez vite. D’autres créent la bonne surprise, par exemple Carolina
County Ball de Elf, ici l’esprit original est bien conservé, et la
voix du Chilien colle parfaitement, on pourrait presque croire entendre RJD
lui-même. Le titre de Grand Funk Railroad qui ouvre l’album, certes sans
grande originalité, est bien exécuté. Gypsy d’Uriah Heep est lui aussi de qualité.
En recevant l’album, je vois Since I’ve Been Loving You
du dirigeable, qui clôture le disque, ah oui quand même me dis-je, il ose !!!
C’est de mon point de vue une franche réussite, l’exercice était risqué
et périlleux, notre chanteur s’en sort avec les honneurs, et puis cela permet de finir
l’album sur une bonne impression.
Au final je suis très mitigé, ce type d’album
n’est pas d’un réel et grand intérêt, mais dans l’ensemble
difficile de ne pas apprécier ce disque, il s’écoute sans difficulté, la
production donne une nouvelle jeunesse à l’ensemble, mais une fois écouté,
pas sûr qu’il sortira de son étagère avant longtemps. Comme nous l’avons
vu au début, le chanteur aime à s’impliquer dans divers projets (à
l’instar d’un Doogie White, autre disciple de Blackmore),
choix assumé, car il ne souhaite pas s’investir principalement dans un groupe.
Nul doute que si un jour le chanteur décidait enfin de se prendre en main, choisir
lui-même les musiciens (en évitant les grosses pointures) et d’assumer son rôle
de leader, bref, d’être le seul patron, cela lui permettrait de passer dans la sphère
des grands, très grands même. Beaucoup attendent cela avec impatience...
Tracklist de Raised On Radio :
01. Sin’s A Good Man’s Brother (Grand Funk Railroad)