Artiste/Groupe:

Pestifer

EP:

Defeat of the Nemesis

Date de sortie:

Avril 2023

Label:

Debemur Morti Productions

Style:

Technical Death Metal

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

17.5/20

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Tout pile trois ans après un Expanding Oblivion qui m’avait totalement enchanté, Pestifer revient, cette fois-ci chez Debemur Morti Productions, avec un nouvel EP 5 titres visuellement très alléchant, drapé dans cette magnifique cover signée David Caryn (l’édition vinyl est à tomber !). Inutile donc de dire que j’attendais cette nouvelle offrande des Belges avec une réelle impatience. Impatience récompensée tant ce release généreux monte encore d’un cran le niveau, pourtant impressionnant, affiché sur le précédent album du groupe.

Premier constat, Pestifer n’a pas simplifié sa musique, elle n’est pas devenue plus accessible ou moins complexe. Bien au contraire serais-je tenté de dire. La densité des compositions présentées ici est absolument exceptionnelle et c’est souvent trois partitions simultanées qu’il faut appréhender. Les deux guitares, l’une à droite, l’autre à gauche, jouant chacune des parties distinctes pendant que la basse, indépendante, fait son truc (et quel truc !) dans son coin. Beaucoup d’informations donc, d’harmonies ambitieuses et abruptes, mais surtout beaucoup de plaisir pour les oreilles devant ces architectures musicales soignées à l’extrême rappelant les belles heures d’Atheist, Death et, globalement, de la sacro-sainte école technique du death metal des années 90.

A l’instar de Blood Incantation, Pestifer nous la joue old school en proposant une production délicieusement naturelle et organique, à mille lieues de ces sons plastifiés, trop parfaits pour être honnêtes, auxquels l’immense majorité des groupes de tech death modernes nous ont malheureusement habitués depuis quelques années. N’allez néanmoins pas imaginer que ce choix complique la tâche de l’auditeur quand il s’agit d’appréhender ce maelstrom de riffs entremêlés, de mélodies vicieuses, de solos somptueux. Tout est ici parfaitement agencé et il est ainsi aisé de profiter pleinement du travail phénoménal des quatre musiciens, des guitares qui tissent cette toile dentelée, de cette basse audacieuse et infatigable à qui le mix laisse une place de choix, mais aussi d’apprécier la partition de batterie simplement dantesque de Philippe Gustin.

Le groupe soigne la dynamique de son oeuvre en plaçant au beau milieu de ces vingt trois minutes particulièrement denses le court instrumental Astral Agony, respiration ambiancée façon errance cosmique, qui pose une atmosphère faisant directement écho à cette décidément somptueuse pochette et permet de reprendre son souffle avant une dernière ligne droite intense au bout de laquelle se dresse l’imposant Draconian Daemon, pièce progressive et complexe s’étalent sur huit minutes exceptionnelles. Pestifer pratique donc l’art délicat du death metal technique (autrefois appelé techno-death) et nourrit sa musique luxuriante d’un héritage que j’évoquais plus haut mais aussi de dissonances faisant penser aux autres génies que sont Voivod ou encore Gorguts, d’une liberté totale dans le song writting, de breaks inattendus et d’une foultitude de subtilités qui se révèlent en même temps que le nombre d’écoutes se multiplie.

La seule chose que l’on puisse finalement reprocher à ce Defeat The Nemesis c’est de n’être qu’un EP, format frustrant quand le niveau est aussi élevé. Espérons maintenant que le full lenght ne tarde pas trop à arriver.

Tracklist de Defeat The Nemesis  :

01. Subterranean
02. Defeat The Nemesis
03. Astral Agony
04. Elysium
05. Draconian Daemon

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