Artiste/Groupe:

Parallel Minds

CD:

Echoes From Afar

Date de sortie:

Mars 2022

Label:

M&O Music

Style:

Heavy Thrash Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

18/20

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En 2015, les Français de Parallel Minds m’avaient impressionné avec Headlong Disaster, belle livraison de heavy thrash mélodique joliment maîtrisé. Quatre ans plus tard, le niveau et l’inspiration repérés avaient été confirmés sur Every Hour Wounds... The Last One Kills. Aujourd’hui arrive leur troisième opus, Echoes From Afar, un album concept axé sur la science-fiction (un peu comme ce que fait Arjen Lucassen avec son projet Star One) et je ne résiste pas à l’envie de vous déclarer qu’un palier a été franchi. Il s’agit non seulement d’une très grande réussite mais, sans équivoque, de leur meilleur album à ce jour. Je sais, je spoile... Désolé. 

Quelques infos avant de démarrer le voyage. Aux commandes de la formation, on retrouve le même trio que la dernière fois : les cousins Stéphane Fradet (chant) et Grégory Giraudo (guitare, basse, arrangements), têtes pensantes du groupe, accompagnés du batteur Eric Manella. Grégory a programmé de nombreuses orchestrations depuis son ordinateur mais pour obtenir un résultat sonore à la hauteur de ses ambitions, le groupe a invité quelques musiciens (on trouve donc du "vrai" piano ainsi que du violon et même de l’accordéon sur différentes pistes). Une des raisons pour lesquelles j’aime tant ce groupe provient, je le crois, du fait que nous aimons exactement les mêmes choses dans le metal. Ces messieurs citent parmi leurs influences des noms comme Savatage, Symphony X, Conception, Blind Guardian, Nevermore ou Iced Earth... Alors si vous me trouvez particulièrement sensible aux propositions des Parallel Minds, cela ne vient pas de nulle part : il y a une connexion indéniable - en termes de goûts musicaux - entre eux (qui proposent le type de musique que j’ai envie d’écouter) et moi. Dernière info : on est face à un disque conçu de A à Z par Parallel Minds (l’écriture, bien évidemment, mais également la production, l’artwork... tout est fait maison). 

Parlons maintenant de Echoes From Afar. Dix plages, soixante-neuf minutes de voyage intersidéral, deux parties distinctes. Les cinq premières chansons sont indépendantes car elles traitent toutes d’une œuvre différente (Star Wars, Terminator, le manga Gunnm, Interstellar et L’Armée des 12 singes). Les cinq dernières forment une énorme compo épique intitulée Endymion Suite (basée sur le roman Endymion de Dan Simmons). Avec Feel The Force, le groupe démarre avec classe et puissance et l’on sent tout de suite une démarche différente de celle adoptée sur l’album précédent (qui commençait par un titre court et instrumental, doté d’un esprit bien thrash à la Megadeth) : intro à la harpe suivie d’instruments à vent, thème qui rappelle bien évidemment Star Wars, orchestrations symphoniques de plus en plus chargées, roulements de batterie, belle montée en puissance avant que tout le groupe ne débarque pour un titre à tiroirs (de plus de neuf minutes), énergique, mélodique, entraînant et épique (les lignes de chant de Stéphane, sa conviction et les chœurs sont top). Ca commence fort... et sur le second titre, gros changement d’ambiance. La rythmique se fait lourde voire écrasante, l’ambiance est sombre, les vocaux plus agressifs et électroniquement modifiés... ce No Fate (dont l’ambiance fait en effet bien penser à Terminator) ne manque pas de punch et l’on retrouve ici les penchants plus belliqueux du combo (avec une influence thrash / groove metal moderne et bienvenue). Angel’s Battle envoie un super riff pendant que Manella déroule un tapis de double grosse caisse bien robuste... Moins dark que No Fate mais fougueux et rythmé, ce titre enlevé et sacrément efficace devrait faire des ravages en live. 

Avec Stay, qui commence avec la voix de Stephen Hawkins, on change encore une fois de décor. La compo est planante et mélancolique. On perçoit que Giraudo doit avoir une certaine affection pour Pink Floyd (son solo assez Gilmourien est d’ailleurs sublime). La guitare sèche et le chant de Stéphane (décidément inspiré et versatile même si pas toujours débarrassé d’un petit accent "frenchy") nous embarquent et c’est émouvant (surtout le passage "Staaaaay"... je repense à Matthew McConaughey en train de pleurer dans l’espace pendant qu’il visionne les vidéos de sa fille restée sur Terre). Vu que le groupe ne fait jamais deux fois de suite la même chose, Monkey On My Back fait revenir le gros metal avec riff groovy, accordéon (rappel de la B.O. de 12 Monkeys) et déluge de batterie sur un break génial (ou sur son refrain mélodique très catchy). A ce stade, un constat s’impose : il n’y a pas de formule dont le groupe ne saurait se départir. Parallel Minds fait usage d’une liberté qui lui sied bien. Exemple parmi d’autres : il n’y a pas forcément de solo de guitare au sein de chaque compo (No Fate en est dépourvu et ne s’en porte pas plus mal pour autant). Chaque morceau a son ambiance et ses particularités, une véritable identité en somme. De plus, le trio a vraiment travaillé de sorte que l’ambiance d’une chanson nous rappelle le film qui l’a inspirée (ce qui m’a d’ailleurs un peu manqué dans le dernier Star One).

La diversité observée jusqu’ici se retrouve dans la deuxième partie de l’album. The Hiding Place joue sur des sonorités acoustiques, Our Last Resort ramène le speed classe au premier plan, Mythic River (quel riff !) fait ressortir des influences plus Symphony X (avec de bien belles orchestrations, soit dit en passant), Provider Of Sins propose un heavy metal hyper lourd et lugubre, presque doomesque, avec des chœurs en latin et de l’orgue... Quant à The Greater Gift, il offre une conclusion plus prog, très ambitieuse et épique, de douze minutes ainsi qu’un beau duo entre Stéphane et une chanteuse (Laurie Rougalle). L’ennui est totalement proscrit. Le groupe ne s’est pas imposé de limites, les durées des compos varient sensiblement, les ambiances changent, les sonorités ou arrangements sont riches et variés, on trouve pas mal d’évolution au sein d’une même piste... Tout cela donne un album plein de rebondissements et surprises, dense mais jamais rébarbatif, et - cerise sur le gâteau - non dénué d’émotion. En effet, si ambition et technique sont au rendez-vous, une certaine humanité se fait également (et régulièrement) sentir. Vous aurez votre compte de riffs qui dépotent et solos bluffants (Greg rend de beaux hommages à Tore Østby, Criss Oliva ou Michael Romeo), de gueulantes qui vous nettoient les esgourdes (Stéphane se fait plaisir sur la fin de Feel The Force et Provider Of Sins, par exemple) ou de passages carrément épiques mais ce qui vous fera peut-être revenir sur cette œuvre tient à l’intelligence et la sensibilité qui s’en dégagent.

Echoes From Afar est sans hésitation mon plus gros coup de cœur de ce début d’année. Si vous avez aimé les premiers essais de Parallel Minds (ou les groupes que ce combo compte parmi ses influences), venez goûter à cette suite et constater par vous-mêmes les progrès accomplis. Le travail abattu est plus qu’impressionnant et mérite l’attention (la production ne démérite d’ailleurs pas). Pas un titre faiblard ou juste correct mais de la qualité non-stop de la première à la dernière seconde. Plus j’écoute ce disque, plus je l’adore. On le retrouvera forcément, en très bonne place, dans mon top 2022. 

Tracklist de Echoes From Afar :

- Part 1 : Echoes -
01. Feel The Force

02. No Fate
03. Angel’s Battle
04. Stay
05. Monkey On My Back

- Part 2 : Endymion Suite -
06. The Hiding Place
07. Our Last Resort
08. Mythic River
09. Provider Of Sins
10. The Greater Gift

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