Artiste/Groupe:

Paradox

CD:

Heresy II - End Of A Legend

Date de sortie:

Septembre 2021

Label:

AFM Records

Style:

Power/Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13/20

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Paradox, éternel second couteau du thrash allemand, est de retour avec son huitième album en trente-cinq ans de carrière. Cet opus-ci, certains l’attendent depuis un moment... car il s’agit de la suite de l’album Heresy (que de nombreux fans considèrent comme le classique de Paradox) sorti en 1989. Si je ne me trompe pas, le groupe avait annoncé qu’il travaillait sur ce projet il y a sept ans de cela... mais c’est Pangea qui vit finalement le jour à sa place en 2016. Cependant, ce n’était que partie remise : Charly Steinhauer, guitariste / chanteur / membre fondateur, et ses compères nous offrent enfin ce Heresy II - End Of A Legend. Pour l’occasion, on retrouve des musiciens avec lesquels Steinhauer a déjà joué par le passé : le bassiste Olly Keller et le guitariste Christian Münzner... mais surtout le batteur des débuts, Alex Blaha, avec lequel Charly avait fondé le groupe en 86 (et qui jouait sur ses deux premiers albums). 

Si certains éléments concernant ce nouvel opus mettent plutôt en confiance d’entrée de jeu comme le bel artwork sobre de Travis Smith, le fait que le groupe ne se soit pas précipité (ce qui laisse penser qu’on n’est pas face à un disque bâclé), le retour d’un membre fondateur et, de façon plus globale, le fait que Paradox livre généralement des productions de bonne tenue, force est de constater que, bien qu’elle ait de véritables qualités, cette seconde partie d’Heresy ne tient pas exactement toutes ses promesses. Comme j’aime ce groupe et vais vite avoir envie de m’attarder sur le positif, commençons par les bémols :

- la production est perfectible (le son manque d’ampleur, les guitares pourraient être mieux mixées, la voix pourrait mieux ressortir également, ça ne pète pas assez... ça n’est pas horrible mais sonne parfois trop compressé... on a déjà entendu plus beau, clair ou puissant).

- Treize pistes, soixante-quinze minutes... aïe, c’est risqué. Et quand on balance du bon vieux thrash des familles, pas forcément hyper varié (comme c’est le cas ici), c’est trop long.

- A la limite, ça passerait si toutes les compos étaient d’un excellent niveau... mais ça n’est malheureusement pas le cas. Exemple : la première fois que j’ai entendu The Visitors (premier extrait dévoilé) avec son riff bien sympa (qui rappelle celui de Playing God de Manticora), je me suis dit que ça sonnait bien comme du Paradox : rapide, puissant, avec de bonnes guitares volubiles... Mais ce morceau relativement efficace sur le moment s’oublie assez vite. Pas seulement parce qu’il est très classique mais surtout parce qu’il manque (à mon sens) de mélodies fortes. Pas mauvais mais un peu plat (mélodiquement parlant). Reste l’énergie... et l’énergie, c’est bien mais ça ne fait pas tout. 

Alors oui, il n’est pas parfait ce nouvel album. Mais ça reste du Paradox. Et Paradox, c’est quand même bien. Je sens que je vous ai impressionné avec cet argument imparable...

Dès le début d’Escape From The Burning, on sent que le groupe a bien travaillé l’ambiance de son album, la pluie et le tonnerre se mêlent aux sons du bûcher, les premières notes de guitares posent une atmosphère inquiétante... et puis ça démarre, ça s’emballe et un feeling épique se dégage de la cavalcade menée par le combo. En plus la paire de guitaristes Steinhauer / Münzner tricote d’excellents solos, très mélodiques, rapides, techniques... C’est du bon thrash old school, véloce, maîtrisé, toujours très influencé par la Bay Area (les premiers Metallica en particulier) et, ma foi, il n’est pas si simple d’y résister. Les trois premières pistes suivent d’ailleurs ce modèle (pied au plancher) et, bien que je n’adore pas The Visitors, sont plutôt efficaces. Mention spéciale au solo de Mountains And Caves qui décoiffe.

Children Of A Virgin nous refait le coup de l’intro qui fait froid dans le dos avec ambiance lugubre... le tempo est moins effréné mais le refrain plus mélodique et marquant. Même remarque pour le refrain de Journey Into Fear. Retour au thrash speedé avec Burying A Treasure avant une fausse accalmie sous la forme de A Meeting Of Minds, titre plus lent de neuf minutes, oscillant entre ballade sombre et lourdeur heavy avec un passage instrumental très réussi en son milieu. Reste que la compo est trop longue et que je ne suis pas séduit par les mélodies chantées qui sonnent un peu "fatiguées" et me lassent rapidement. Heureusement que juste après déboule Priestly Vows pour remettre les pendules à l’heure ! Encore une fois, le chant sur le couplet manque un peu d’accroche mais la rythmique déboite, le break mélodique est chouette et je me laisse prendre dans la tempête et l’ambiance menaçante du refrain (et encore un solo qui tue au passage). Je ne vous détaille pas toutes les pistes qui restent, je vous dis juste que A Man Of Sorrow - Prologue est un court intermède atmosphérique avec chants religieux, que Unholy Conspiracy fait dans le thrash typique assez banal et que les dernières pistes se rattrapent mais que le temps finit tout de même par sembler long (les morceaux s’étirent parfois trop et l’ensemble n’est pas assez diversifié pour tenir la distance). 

L’écueil de la suite n’est donc pas vraiment évité. On sait que les numéros deux ont tendance à décevoir et ne soutiennent que très rarement la comparaison avec leur prédécesseur (souvenez-vous Abigail II, Operation: Mindcrime II, Land Of The Free II et j’en passe...). Pour autant Heresy II a de très bons moments et possède toujours les qualités qui rendent Paradox attachant. Ce n’est pas l’album qui va faire monter le groupe en première division mais il est loin d’être indigne pour autant. Les fans feront l’effort de le creuser et trouveront forcément de quoi se faire plaisir (comme dit plus haut, Paradox, c’est quand même bien... et le combo reste fidèle à son style) mais j’ai l’impression que ceux qui ne portent pas spécialement le groupe dans leur cœur n’auront pas de raisons de changer d’avis... d’autant plus que ces Allemands nous ont souvent habitué à mieux. 

Tracklist de Heresy II - End Of A Legend :

01. Escape From The Burning
02. Mountains And Caves
03. The Visitors
04. Children Of A Virgin
05. Journey Into Fear
06. Burying A Treasure
07. A Meeting Of Minds
08. Priestly Vows
09. A Man Of Sorrow - Prologue
10. Unholy Conspiracy
11. A Man Of Sorrow
12. The Great Denial
13. End Of A Legend

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