Artiste/Groupe:

Paradox

CD:

Pangea

Date de sortie:

Juin 2016

Label:

AFM Records

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Parmi tous les (innombrables) second couteaux que compte le style musical dans lequel Paradox officie (à savoir le bon vieux Thrash Metal), j'avoue avoir une certaine affection pour la bande à Charly Steinhauer. Jamais trop présent (principalement à cause des ennuis de santé ou des coups de malchance de son leader), jamais absent trop longtemps non plus, Paradox nous revient avec un tout nouveau line-up et le cru 2016 (qui fait suite au solide Tales Of The Weird sorti fin 2012) s'appelle Pangea. Il y a deux ans, on nous avait annoncé que le line-up originel se réunissait et était sur le point d'enregistrer Heresy II, suite du fameux disque (très populaire auprès des fans du combo) paru en 1989... Finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et Steinhauer a dû changer ses plans. Le voilà aujourd'hui accompagné du bassiste Tilen Hudrap (également chez Vicious Rumors depuis 2013), du batteur Kostas Milonas et du guitariste Gus Drax, tous deux déjà associés au sein de Sunburst (Drax joue aussi chez Suicidal Angels).

Maintenant, je serais tenté de dire que les changements de musiciens importent finalement assez peu tant le son et le style Paradox demeurent identiques. Grande force ou limite ? A chacun d'en juger. En tout cas, le maître à bord reste Charly qui perpétue ainsi une certaine tradition de chanteurs / guitaristes incarnant totalement leur groupe (Dave Mustaine avec Megadeth, Jeff Waters et Annihilator...). D'ici quelques années, les complices de Steinhauer auront sans doute changé mais Paradox continuera de sonner comme du Paradox. C'est comme ça, pour le meilleur et pour le pire. Mais de pire, il n'est jamais question avec Paradox... et ce n'est pas avec Pangea, septième réalisation du groupe que cela va changer. 

Pour les malchanceux qui ne connaîtraient pas le combo, rappelons tout de même que le Thrash pratiqué ici est d'inspiration américaine (Bay Area), assez technique (ce n'est pas l'arrivée de musiciens comme Drax ou Milonas qui calme le jeu), puissant mais mélodique... Ce n'est pas de la bourrinade pure et dure. Le chant n'est pas l'attrait principal de ParadoxCharly est un vocaliste limité mais correct (absolument pas insupportable, en tout cas)... En revanche, il brille nettement plus à la guitare. Et le monsieur nous a pondu de bien beaux riffs cette fois encore (j'aime beaucoup celui de Raptor... excellent). A part ça, l'ambiance n'est pas à la rigolade. L'atmosphère est sombre, grave... on sent bien qu'on ne nous parle pas de soirées trop arrosées mais plutôt de fin du monde. C'est très clair dès les premières secondes d'Apophis, compo qui va faire plaisir aux amateurs de headbanging ! Pas autant que la terrible Ballot Or Bullet, cela dit... waouh, ça décoiffe ! Attention aux cervicales, donc. Les amoureux de descentes de manche vont aussi se faire plaisir à l'écoute des rythmiques et surtout des soli joués par la paire Steinhauer / Drax. Quelques intros mélodiques qui font monter la pression sont également de la partie, comme sur la très réussie Manhunt. De temps en temps, le tempo ralentira légèrement (mais jamais trop longtemps et surtout pas sur deux pistes d'affilée) pour vous laisser souffler et séduire le mélomane qui sommeille en vous (Cheat & Pretend).

Pangea a beaucoup de qualités mais n'est pas non plus un disque parfait. Vale Of Tears est une compo nécessaire car, de par sa nature plus proche de la ballade (enfin, ballade sacrément heavy et sombre tout de même), elle contribue à diversifier un disque globalement très homogène. Cependant, d'un point de vue personnel, je ne la trouve pas passionnante. Le chant de Steinhauer, moins agressif que sur les compos voisines, ne fait pas des étincelles et le morceau, qui dure pas loin de huit minutes, traîne un peu trop en longueur à mon goût. Cette toute dernière remarque pourrait d'ailleurs s'appliquer plus généralement à cet album qui, avec ses soixante minutes au compteur, se veut le plus long de la carrière du groupe. Heureusement qu'en dépit de sa durée un poil excessive, Pangea est pétri de compos de qualités et de morceaux de bravoure. D'ailleurs, après la passable Vale Of Tears, le tir est plus que corrigé avec deux derniers assauts très convaincants : l'ultra speed Alien Godz et ses riffs et soli galopants (c'est même du triple galop, là) et El Muerte, toujours rapide, même si moins frénétique que le morceau précédent, entraînant et efficace.

Alors, ce septième Paradox... Bouleversant ? Révolutionnaire ? Non, il n'y a rien de bien nouveau ici. Steinhauer n'a pas spécialement cherché à faire évoluer la musique de son groupe (c'est peut-être ce que certains lui reprocheront). Des albums comme celui-ci, vous en avez déjà entendu et vous en entendrez d'autres. En revanche, la copie présentée est solide. Très solide, même. Avec Pangea, les fans de Paradox et, de manière plus générale, les inconditionnels de bon vieux Thrash véloce, technique et mélodique devraient avoir de quoi satisfaire leur appétit. Du beau boulot !


Tracklist de Pangea :

01. Apophis
02. Raptor
03. The Raging Planet
04. Ballot Or Bullet
05. Manhunt
06. Cheat & Pretend
07. Pangea
08. Vale Of Tears
09. Alien Godz
10. El Muerte