La stabilité du line up ne sera jamais une sinécure pour le groupe de Tuomas Holopainen, puisque après avoir essuyé plusieurs changements de chanteuse que je ne détaillerai pas ici, l’ayant déjà fait il n’y pas si longtemps, c’est maintenant au tour de Marco Hietala de quitter le navire (il y a trois ans et demi). Le bassiste, également chanteur et marqueur du groupe pendant un peu moins de vingt ans, a décidé de se mettre en retrait, et même presque à la retraite ce qui, à presque 60 ans, peut se comprendre. C’est donc a Jukka Koskinen de reprendre la lourde tâche de la basse au sein du groupe qui en profité pour replacer les curseurs sur Troy Donockley dont la présence sur ce nouvel opus est plus en avant. Tout ce petit monde enfin calé et voilà que débarque Yesterwynde, dixième album du groupe et premier de la nouvelle mouture.
Il faut déjà insister sur le fait que Nightwish n’est jamais avare avec ses albums, cette fois-ci ce sont 71 minutes de musique que le groupe offre à l’auditeur, ce qui nous laisse le temps de plonger dedans. Et pourtant je vais être clair dès maintenant, qu’est-ce qu’il est mou du genou ce Yesterwynde ! Attention, eu égard au talent du groupe bien entendu. N’importe quel groupe sortirait ce genre de galette on crierait presque au génie, mais là on parle de Nightwish, le maitre incontesté du metal symphonique auquel on attend bien plus que ce qu’ils proposent ici. Globalement tout est posé, de l’orchestration aux passages chantés par Floor et Troy, des morceaux taillés pour la scène (bien que certains trainent par moment en longueur), mais ça manque de punch et sent le manque d’inspiration sur ce coup là. Vous êtes prêts ? Alors plongeons dans ce Yesterwynde.
Après un titre éponyme qui sert d’intro à l’album, le groupe envoie le premier titre fleuve de plus de neuf minutes, An Ocean Of Strange Islands qui démarre plutôt pas mal avec le gros son Nightwish qui rassure entre orchestrations sublimes, guitares puissantes et grosse batterie. Le genre d’épopée comme sait le faire le groupe avec des changements de rythmes, pont et instrumentaux, tout y est pour en faire un incontournable de leur setlist sur scène.
On retrouve Troy Donockley au chant dès The Antikythera Mechanism en duo avec Floor Jansen et met l’auditeur dans une position de comparaison avec Marco Hietala (ce qu’il ne faut surtout pas faire). Le groupe marque déjà le pas avec un titre assez lent et chargé d’orchestrations (ce qui sera le leitmotiv de cet album forcément) avec un sentiment de lenteur et puissance et surtout d’interrogation pour l’auteur de ces lignes puisqu’on est assez loin d’un Nightwish d’antan. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises puisque arrive The Day Of… qui démarre bien mal avec une profusion de claviers digne des pires sonorités des années 80 qu’on aimerait oublier. Ça dégouline de partout, et pourtant les chœurs et le refrain sont à tomber, en totale opposition avec le reste, ou comment allier le meilleur et le pire de Nightwish. Et si ce titre est là aussi taillé pour la scène, ce dérapage de claviers est tellement dommage quand on perçoit le potentiel de cette chanson. J’en profite pour sauter directement sur The Children Of ‘Ata qui est exactement dans la même veine avec ce son electro eighties, je préfère m’arrêter là sur la description.
Avec Perfume Of The Timeless, le groupe nous renvoie vers des ambiances proche d’Imaginaerum, entre inquiétude et cirque ambulant, et si c’est travaillé, force est de constater que ce n’est pas non plus novateur, le groupe nous ayant habitué à beaucoup sur ce dernier album cité, même si ce titre fleuve, là-aussi, propose quelques moments accrocheurs (l’envolée de batterie en seconde partie est particulièrement réussie).
Et que dire de la ballade Sway qui nous plonge bien loin de l’univers metal symphonique du groupe ? Est-ce à dire que l’avenir du groupe se dessine vers ce type de musique ? Aie, non je ne ferai pas ce rapprochement dangereux, surtout que le groupe a su par le passé nous proposer de belles ballades que je ne citerai pas ici, je laisse le lecteur aller picorer dans la discographie du groupe. Bon tout n’est pas planté non plus il ne faut pas exagérer. Quand les premières notes de Something Whispered Follow Me apparaissent avec ce riff utilisé comme marqueur, ça réveille les feuilles. C’est une véritable montée en puissance avec un final taillé patron pour l’organe de Floor Jansen et qu’on imagine comme un brulot sur scène. Et quand je vous parlais tout à l’heure de ballade, que dire de Spider Silk, duo vocal entre Troy Donockley et Floor Jansen qui m’a de suite fait imaginer un clip où on les verrait main dans la main dans une prairie (je sais c’est niais, mais c’est mon sentiment). Heureusement que ça attaque plus en seconde partie pour se retrouver dans un cocon Nightwishien bien rassurant. Et je vous ferai grâce de Lanternlight… Hé oui encore une ballade…
Comme je le disais au début de cette missive, si n’importe quel groupe avait sorti cet album, certains auraient crié au génie, mais là c’est Nightwish, et quand on connait la discographie du groupe, nous sommes en droit d’être sacrément exigeant. Alors oui c’est pas la catastrophe non plus, certains titres trouveront leur place sur scène, mais je constate que le groupe marque le pas. La faute à l’absence de Marco Hietala ? A l’âge du groupe ? A une certaine lassitude ? Ce ne sont pas les causes qui manquent...
Tracklist de Yesterwynde :
01. Yesterwynde 02. An Ocean Of Strange Islands 03. The Antikythera Mechanism 04. The Day Of… 05. Perfume Of The Timeless 06. Sway 07. The Children Of ’Ata 08. Something Whispered Follow Me 09. Spider Silk 10. Hiraeth 11. The Wave 12. Lanternlight