Avis aux amateurs de musiques instrumentales: les Maudits sont de retour. Je
répète: les Maudits sont de retour. Alors ça n’est pas tout
à fait un nouvel album mais un EP de trente-cinq minutes intitulé Angle Mort.
Pour ceux qui suivent ma prose, les Maudits je vous en avais parlé il y a pile
un an. A l’époque j’avais craqué sur leur premier album éponyme et adoré l’ambiance sombre et pesante qui
y régnait. Ce que nous trouvons dans cet EP est fort original car le groupe y livre trois
morceaux remaniés de ce premier opus. Remaniés à un tel point que je ne les ai
même pas reconnus, d’autant plus que les titres ont été aussi, pour deux sur
trois, modifiés. C’est ainsi le cas de Verdoemd qui était le titre
Maudits sur le premier album (Verdoemd veut dire Maudits en Néerlandais - bon dieu
mais c’est bien sûr !), de Perdu d’avance qui était Verloren
Strijd sur le premier (et qui se traduisait par Perdu d’avance - vous me suivez ?) et
Resilience 2021, là c’est fastoche, puisque c’est le réarrangement de
Resilience du premier album. Toujours là ?
Bon alors, en plus de ces trois
réarrangés, tellement réarrangés qu’on peut les considérer
comme des nouveaux morceaux, on trouve aussi deux vrais nouveaux morceaux qui ouvrent et clôturent
cet EP, Angle Mort et Epäselvä (Indistinct en Finnois). Parlons de ces
deux-là dans un premier temps. Angle Mort est une sorte de petite mise en bouche de
trois minutes dans laquelle le violoncelle de Raphaël Verguin
(Spectrale, Psygnosis) fait son entrée. Clairement, il
apporte une touche mélancolique et originale au son du groupe, qu’on avait
déjà introduit des parties de violon sur le premier album. J’aime beaucoup le son du
violoncelle, je suis gâté. Epäselvä, l’autre nouveauté qui
clôt l’EP est un morceau très rock prog, qui me fait penser à Riverside. Après une longue intro tout en bruitages, le
morceau monte en puissance, poussé par une ligne de basse entêtante, une batterie
très dub et ce son bas de violoncelle, sorte de complainte magnifique. Le morceau finit par muter
en quelque chose de plus metal, avec plusieurs couches de riffs, le tout, bien accompagné par une
section rythmique d’une précision remarquable. Le solo de guitare est très
inspiré, tout en finesse. Attention l’arrêt est brutal.
Revenons maintenant sur les trois morceaux centraux, tous trois
réarrangés, réinterprétés et retitrés. Pour Verdoemd
(anciennement Maudits) on retrouve bien le thème du morceau d’origine même
si, je l’avoue, à la première écoute ça m’a
échappé. C’est effectivement très différent, moins agressif, plus en
finesse, la présence du violoncelle accentuant encore cette sensation. Le violon d’origine
a été remplacé sur le break par la voix d’un homme
désespéré (Nicolas Zivkovich), enregistrée sur
répondeur (un peu comme l’avait fait Pain of Salvation sur Be).
Les interventions du violoncelle de Raphaël sont superbes. Le final me fait penser
à des passages planants de Klone. C’est vraiment très beau.
Pour Perdu d’avance, l’ambiance est aussi complètement
retravaillée. On retrouve le thème du morceau original, certes, mais ici c’est pas
du gros riff, mais une guitare claire, avec un effet reverb/chorus et plus surprenant des percus
électro/dub. L’ambiance est tout aussi effrayante, surtout avec le violoncelle qui vient
grincer en fond. La basse (quand elle arrive) est excellente, elle vient ajouter à la lourdeur
ambiante, entêtante à souhait.
Le troisième morceau revisité
c’est Resilience qui devient Resilience 2021 (c’est plus facile à
suivre comme ça). Et là encore, le ton est bien plus calme, plus posé que sur le
morceau d’origine. La batterie sonne plus dub avec des effets de reverb. La ligne de basse est
très bonne, les arpèges d’Olivier toujours au top. L’ambiance
est parfaite, le violoncelle, qui vient gentiment se poser sur ce socle rythmique aux petits oignons.
Pour finir, je vous propose de regarder cette video d’Olivier,
enregistrée live mais seul avec sa guitare et son looper. Ça nous permet de mieux
comprendre comment il travaille, c’est très impressionnant et bien filmé.
C’est encore une belle prestation de Maudits que
voilà. Le groupe a été un peu chamboulé, avec l’arrivée
d’Erwan Lombard à la basse, à la place
d’Anthony. C’est OlivierDubuc (guitares
et effets) et Christophe Hiegel (batterie) qui ont tout composé, à
distance pendant le second confinement. Erwan, arrivé à l’arrache,
a quand même pu enregistrer ses lignes de basse. Le groupe a travaillé tous les morceaux
avec Raphaël Verguin au violoncelleet il apporte un réel
plus au son déjà bien travaillé du groupe. Maudits livre ici un EP qui me semble
incontournable, revisitant d’une façon tellement incroyable ces trois morceaux du premier
album que certains d’entre-vous, comme moi, seront surpris de ne pas reconnaître.
Globalement le résultat est plus planant, plus calme, posé, très beau, beaucoup
moins metal que le premier album. A la question: Versions d’origine, ou versions
retravaillées ? Je réponds sans une once d’hésitation: les deux mon capitaine
!